Bible/Isaïe
Livre d'Isaïe
Chapitre 1
1. VISION D’ISAÏE, fils d’Amots, – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem, au temps d’Ozias, de Yotam, d’Acaz et d’Ézékias, rois de Juda.
2. Cieux, écoutez ; terre, prête l’oreille, car le Seigneur a parlé. J’ai fait grandir des enfants, je les ai élevés, mais ils se sont révoltés contre moi.
3. Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas.
4. Malheur à vous, nation pécheresse, peuple chargé de fautes, engeance de malfaiteurs, fils pervertis ! Ils abandonnent le Seigneur, ils méprisent le Saint d’Israël, ils lui tournent le dos.
5. Où donc faut-il vous frapper encore, vous qui multipliez les reniements ? Toute la tête est malade, tout le cœur est atteint ;
6. de la plante des pieds à la tête, plus rien n’est intact : partout blessures, contusions, plaies ouvertes, qui ne sont ni pansées, ni bandées, ni soignées avec de l’huile.
7. Votre pays n’est que désolation, vos villes sont consumées par le feu ; votre terre, des étrangers la dévorent sous vos yeux, c’est une désolation, comme un désastre venu des étrangers.
8. Ce qui reste de la fille de Sion est comme une hutte dans une vigne, comme un abri dans un potager, comme une ville assiégée.
9. Si le Seigneur de l’univers ne nous avait laissé un petit reste, nous serions comme Sodome, nous ressemblerions à Gomorrhe.
10. Écoutez la parole du Seigneur, vous qui êtes pareils aux chefs de Sodome ! Prêtez l’oreille à l’enseignement de notre Dieu, vous, peuple de Gomorrhe !
11. Que m’importe le nombre de vos sacrifices ? – dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’y prends pas plaisir.
12. Quand vous venez vous présenter devant ma face, qui vous demande de fouler mes parvis ?
13. Cessez d’apporter de vaines offrandes ; j’ai horreur de votre encens. Les nouvelles lunes, les sabbats, les assemblées, je n’en peux plus de ces crimes et de ces fêtes.
14. Vos nouvelles lunes et vos solennités, moi, je les déteste : elles me sont un fardeau, je suis fatigué de le porter.
15. Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang.
16. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal.
17. Apprenez à faire le bien : recherchez le droit, mettez au pas l’oppresseur, rendez justice à l’orphelin, défendez la cause de la veuve.
18. Venez, et discutons – dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine.
19. Si vous consentez à m’obéir, les bonnes choses du pays, vous les mangerez ;
20. mais si vous refusez, si vous vous obstinez, c’est l’épée qui vous mangera. – Oui, la bouche du Seigneur a parlé.
21. Comment ! Elle s’est prostituée, la cité fidèle ! Le droit y régnait, la justice l’habitait, et maintenant, ce sont les meurtriers.
22. Ton argent n’est plus que scories, ton meilleur vin est mêlé d’eau.
23. Tes princes sont des rebelles, complices de voleurs, tous avides de cadeaux, courant les pots-de-vin ; ils ne rendent pas justice à l’orphelin, la cause de la veuve ne les touche pas.
24. Voilà pourquoi – oracle du Maître et Seigneur de l’univers, Force d’Israël – : Malheur ! Je prendrai ma revanche sur mes adversaires, je me vengerai de mes ennemis.
25. Je ramènerai ma main sur toi ; comme le fait la potasse, j’ôterai tes scories, j’enlèverai tous tes déchets.
26. Je rendrai tes juges tels que jadis, tes conseillers comme autrefois. Alors on t’appellera « Ville de justice », « Cité fidèle ».
27. Par le droit, Sion sera délivrée ; ils le seront par la justice, ceux des siens qui se convertiront.
28. Mais rebelles et pécheurs, ensemble, seront brisés ! Ceux qui abandonnent le Seigneur périront.
29. Oui, vous aurez honte des térébinthes, ces bosquets sacrés que vous chérissez, vous rougirez des jardins que vous préférez,
30. car vous serez comme un térébinthe au feuillage flétri, comme un jardin sans eau.
31. Le colosse deviendra comme de l’étoupe, et son ouvrage, une étincelle : les deux flamberont ensemble, et personne pour éteindre.
Chapitre 2
1. Parole d’Isaïe, fils d’Amots, – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem.
2. Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la Maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, * s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations
3. et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! montons à la montagne du Seigneur, * à la Maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. » Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur.
4. Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre.
5. Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur.
6. Oui, tu as délaissé ton peuple, la maison de Jacob, car ils sont remplis des superstitions de l’Orient, ils exercent la divination comme les Philistins, ils applaudissent aux pratiques étrangères.
7. Le pays est rempli d’or et d’argent, on ne peut compter ses trésors ! Le pays est rempli de chevaux, on ne peut compter ses chars !
8. Le pays est rempli de faux dieux : les gens se prosternent devant l’ouvrage de leurs mains, devant ce que leurs doigts ont fabriqué.
9. L’être humain sera humilié, l’homme sera abaissé, tu ne saurais lui pardonner.
10. Entre dans les rochers, cache-toi dans la poussière, épouvanté, loin du Seigneur, loin de l’éclat de sa majesté.
11. Les regards arrogants des humains seront abaissés, et la prétention des hommes sera humiliée. Seul le Seigneur sera exalté en ce jour-là.
12. Oui, pour le Seigneur de l’univers, il y aura un jour contre tout orgueil et toute prétention, contre tout ce qui s’élève et sera abaissé,
13. contre tous les cèdres du Liban, prétentieux et altiers, contre tous les chênes du Bashane,
14. contre toute haute montagne, et toute colline élevée,
15. contre toutes les tours arrogantes, et tout rempart fortifié,
16. contre tout vaisseau de Tarsis, et tout navire de grand prix.
17. L’arrogance des humains sera humiliée ; la prétention des hommes sera abaissée. Seul le Seigneur sera exalté en ce jour-là.
18. Et les faux dieux, tous à la fois, disparaîtront.
19. Entrez dans les cavernes des rochers, dans les grottes souterraines, épouvantés, loin du Seigneur, loin de l’éclat de sa majesté, quand il se dressera pour terrifier la terre.
20. Ce jour-là, les hommes jetteront les faux dieux d’or et d’argent qu’ils s’étaient fabriqués pour les adorer ; ils les jetteront aux taupes et aux chauves-souris.
21. Eux, ils entreront dans les creux des rochers et dans les fentes des falaises, épouvantés, loin du Seigneur, loin de l’éclat de sa majesté, quand il se dressera pour terrifier la terre.
22. Cessez de vous appuyer sur l’être humain : sa vie tient à un souffle ; et quelle est sa valeur ?
Chapitre 3
1. Voici que le Maître et Seigneur de l’univers va retirer de Jérusalem et de Juda réserves et ressources, toute réserve de pain, toute réserve d’eau,
2. le héros et l’homme de guerre, le juge et le prophète, le devin et l’ancien,
3. l’officier, le notable, le conseiller, l’expert en magie, et le charmeur habile.
4. Je leur donne pour princes des gamins dont le caprice les gouvernera.
5. Les gens seront des tyrans les uns pour les autres, chacun pour son prochain ; le gamin s’en prendra à l’ancien, et le vaurien, au vénérable.
6. Un individu se saisira de son frère dans la maison paternelle, en disant : « Tu as un manteau : tu seras notre chef ! Ce pays en ruines, gouverne-le ! » ;
7. ce jour-là, l’autre répliquera : « Je ne suis pas un guérisseur ! Il n’y a, dans ma maison, ni pain ni manteau, ne me faites pas chef du peuple ! »
8. Oui, Jérusalem trébuche et Juda s’écroule, parce que leurs paroles et leurs actes envers le Seigneur sont des insultes au regard de sa gloire.
9. Leur partialité témoigne contre eux ; comme Sodome, ils étalent leur péché, ils n’en cachent rien. Hélas pour eux ! Ils font leur propre malheur.
10. Dites : « Qu’il est bon pour le juste de se nourrir du fruit de ses actes !
11. Quel malheur, hélas, pour le méchant d’être traité selon l’œuvre de ses mains ! »
12. Ô mon peuple ! Un nourrisson le tyrannise ! Des femmes le gouvernent ! Ô mon peuple, tes guides te fourvoient ; ils brouillent le tracé de tes chemins.
13. Le Seigneur s’est levé pour accuser, il est debout pour juger les peuples.
14. Le Seigneur entre en jugement avec les anciens du peuple et ses princes : « C’est vous qui dévastez la vigne ; les biens volés au pauvre emplissent vos maisons.
15. De quel droit écrasez-vous mon peuple, piétinez-vous le visage du pauvre ? » – oracle du Seigneur, Dieu de l’univers.
16. Le Seigneur le déclare : Parce que les filles de Sion sont orgueilleuses, qu’elles marchent la poitrine haute et les yeux provocants, qu’elles avancent à petits pas en faisant sonner les anneaux de leurs pieds,
17. le Seigneur rendra chauve le crâne des filles de Sion, le Seigneur dénudera leur front.
18. Ce jour-là, le Seigneur ôtera leurs parures : grelots et médaillons, pendentifs
19. et boucles d’oreilles, bracelets et voilettes,
20. diadèmes et chaînes de chevilles, cordelières, porte-bonheur et amulettes,
21. bagues et anneaux de narines,
22. robes de fête et mantilles, châles et petits sacs,
23. miroirs, linges fins, turbans et capes légères.
24. Au lieu de parfum, la puanteur ; au lieu de ceinture, une corde ; au lieu de coiffure bouclée, un crâne tondu ; au lieu d’une robe d’apparat, un pagne en toile à sac ; une marque au fer rouge au lieu de la beauté.
25. Tes hommes tomberont sous l’épée, et ton élite, dans le combat.
26. Elles gémiront, elles se lamenteront, les portes de la ville, qui sera désertée, assise par terre.
Chapitre 4
1. Sept femmes saisiront un même homme, ce jour-là, et lui diront : « Nous mangerons de notre pain, nous mettrons nos propres habits ; laisse-nous seulement porter ton nom : enlève notre déshonneur. »
2. Ce jour-là, le Germe que fera grandir le Seigneur sera l’honneur et la gloire des rescapés d’Israël, le Fruit de la terre sera leur fierté et leur splendeur.
3. Alors, ceux qui seront restés dans Sion, les survivants de Jérusalem, seront appelés saints : tous seront inscrits à Jérusalem pour y vivre.
4. Quand le Seigneur aura lavé la souillure des filles de Sion, purifié Jérusalem du sang répandu, en y faisant passer le souffle du jugement, un souffle d’incendie,
5. alors, sur toute la montagne de Sion, sur les assemblées qui s’y tiennent, le Seigneur créera une nuée pendant le jour et, pendant la nuit, une fumée avec un feu de flammes éclatantes. Et au-dessus de tout, comme un dais, la gloire du Seigneur :
6. elle sera, contre la chaleur du jour, l’ombre d’une hutte, un refuge, un abri contre l’orage et la pluie.
Chapitre 5
1. Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile.
2. Il en retourna la terre, en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais.
3. Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne !
4. Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ?
5. Eh bien, je vais vous apprendre ce que je ferai de ma vigne : enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée.
6. J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie.
7. La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice, et voici les cris.
8. Malheureux, vous qui ajoutez maison à maison, qui joignez champ à champ, jusqu’à occuper toute la place et habiter, seuls, au milieu du pays !
9. J’ai entendu le serment du Seigneur de l’univers : De nombreuses maisons seront ruinées, belles ou grandes, elles seront inhabitées.
10. Dix arpents de vignes produiront un seul tonneau, et dix boisseaux de semence, un seul boisseau.
11. Malheureux, ceux qui, dès le petit matin, courent après la boisson forte et que le vin échauffe encore, tard dans la soirée !
12. Ce ne sont que cithares et harpes, tambourins et flûtes, et vin pour leurs beuveries. Mais sur l’œuvre du Seigneur ils n’ont pas un regard ; ce qu’il fait de ses mains, ils ne le voient pas.
13. Voilà pourquoi mon peuple est en exil, faute de n’avoir rien compris ; son élite meurt de faim, ses foules sont dévorées de soif.
14. Voilà pourquoi la Mort dilate sa gorge et ouvre démesurément la gueule : la noblesse et la foule y descendent dans le vacarme de la fête.
15. L’être humain devra plier, l’homme sera abaissé, les arrogants baisseront les yeux.
16. Le Seigneur de l’univers est exalté par ce jugement, et le Dieu saint, sanctifié par cet acte de justice.
17. Des agneaux viendront brouter comme à leur pâturage et, au milieu des ruines, des chevreaux s’engraisseront.
18. Malheureux, ceux qui traînent le péché avec la corde du mensonge, et la faute comme avec des rênes de chariot !
19. Ils disent : « Que Dieu se dépêche ! Qu’il fasse vite son œuvre, que nous puissions voir ! Le projet du Saint d’Israël, qu’il avance et se réalise, alors nous comprendrons ! »
20. Malheureux, ces gens qui déclarent bien ce qui est mal, et mal ce qui est bien, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres, qui rendent amer ce qui est doux et doux ce qui est amer !
21. Malheureux, ceux qui se prennent pour des sages, ceux qui se croient intelligents !
22. Malheureux, ceux qui sont champions pour boire du vin, experts en mélange des boissons fortes :
23. ils acquittent le coupable contre un cadeau, ils privent les innocents de leur justice !
24. Voilà pourquoi, comme la paille est dévorée par le feu, et le foin disparaît dans les flammes, leurs racines ne seront plus que puanteur, et leurs fleurs partiront en poussière : oui, ils ont rejeté la loi du Seigneur de l’univers, méprisé la parole du Saint d’Israël.
25. Voilà pourquoi la colère du Seigneur s’est enflammée contre son peuple : sa main s’est levée contre lui, et il l’a frappé, et les montagnes ont tremblé, et ses cadavres sont comme des ordures au milieu des rues. Et avec tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, sa main reste levée.
26. Il dresse l’étendard vers une nation lointaine, il siffle pour l’appeler des extrémités de la terre, et la voici, rapide et alerte, qui vient.
27. Aucun ne flanche, aucun ne trébuche, aucun ne somnole, aucun ne s’endort ; pas une ceinture qui tombe des reins, pas une courroie de sandale qui se rompe.
28. Ses flèches sont aiguisées, tous ses arcs, tendus ; les sabots de ses chevaux, comme du silex, et les roues de ses chars, un cyclone.
29. Elle rugit comme une lionne, elle rugit comme les fauves, elle gronde et saisit sa proie, elle l’emporte, et personne qui délivre.
30. Ce jour-là, Dieu grondera contre son peuple comme gronde la mer. Il regardera la terre : ténèbres de détresse, lumière que la brume obscurcit.
Chapitre 6
1. L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple.
2. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler.
3. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. »
4. Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée.
5. Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »
6. L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel.
7. Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. »
8. J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »
9. Il me dit : « Va dire à ce peuple : Écoutez bien, mais sans comprendre ; regardez bien, mais sans reconnaître.
10. Alourdis le cœur de ce peuple, rends-le dur d’oreille, aveugle ses yeux, de peur que ses yeux ne voient, que ses oreilles n’entendent, que son cœur ne comprenne, qu’il ne se convertisse et ne soit guéri. »
11. Et je dis : « Jusqu’à quand, Seigneur ? » Il répondit : « Jusqu’à ce que les villes soient ravagées, dépeuplées, les maisons, sans habitants, et la terre, désolée, ravagée,
12. jusqu’à ce que le Seigneur en ait éloigné les habitants, et que se multiplient dans le pays les terres abandonnées.
13. Et s’il en reste un dixième, à son tour, il sera détruit, comme le chêne et le térébinthe abattus dont il ne reste que la souche. – Cette souche est une semence sainte. »
Chapitre 7
1. Au temps d’Acaz, fils de Yotam, fils d’Ozias, roi de Juda, Recine, roi d’Aram, et Pékah, fils de Remalyahou, roi d’Israël, montèrent contre Jérusalem pour l’attaquer, mais ils ne purent lui donner l’assaut.
2. On informa la maison de David que les Araméens avaient pris position en Éphraïm. Alors le cœur du roi et le cœur de son peuple furent secoués comme les arbres de la forêt sont secoués par le vent.
3. Le Seigneur dit alors à Isaïe : « Avec ton fils Shear-Yashoub (c’est-à-dire : Un-reste-reviendra), va trouver Acaz, au bout du canal du réservoir supérieur, sur la route du Champ-du-Foulon.
4. Tu lui diras : “Garde ton calme, ne crains pas, ne va pas perdre cœur devant ces deux bouts de tisons fumants, à cause de la colère brûlante du roi d’Aram et du roi d’Israël,
5. Oui, Aram a décidé ta perte, en accord avec Éphraïm et son roi. Ils se sont dit :
6. Marchons contre le royaume de Juda, pour l’intimider, et nous le forcerons à se rendre ; alors, nous lui imposerons comme roi le fils de Tabéel.
7. Ainsi parle le Seigneur Dieu : Cela ne durera pas, ne sera pas,
8. que la capitale d’Aram soit Damas, et Recine, le chef de Damas,
9. que la capitale d’Éphraïm soit Samarie, et le fils de Remalyahou, chef de Samarie. – Dans soixante-cinq ans, Éphraïm, écrasé, cessera d’être un peuple. Mais vous, si vous ne croyez pas, vous ne pourrez pas tenir.” »
10. Le Seigneur parla encore ainsi au roi Acaz :
11. « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. »
12. Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. »
13. Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu !
14. C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).
15. De crème et de miel il se nourrira, jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien.
16. Avant que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font trembler sera laissée à l’abandon.
17. Le Seigneur fera venir sur toi, sur ton peuple et la maison de ton père, des jours tels qu’il n’en est pas venu depuis la séparation d’Éphraïm et de Juda.
18. Il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur sifflera les mouches depuis les embouchures des fleuves d’Égypte et les guêpes du pays d’Assour.
19. Elles viendront et toutes se poseront dans le fond des ravins et les fentes des rochers, sur toutes les broussailles et tous les pacages.
20. Ce jour-là, le Seigneur rasera avec un rasoir loué au-delà de l’Euphrate, – c’est le roi d’Assour –, il rasera de la tête aux pieds ; il coupera même la barbe.
21. Il arrivera, en ce jour-là, que chacun élèvera une vache et deux chèvres ;
22. il y aura tant de lait qu’on en mangera la crème ; tous ceux qui resteront au cœur du pays se nourriront de crème et de miel.
23. Il arrivera, en ce jour-là, que tout lieu planté de mille vignes et valant mille pièces d’argent ne sera que des épines et des ronces.
24. On y viendra avec un arc et des flèches ; oui, tout le pays ne sera que des épines et des ronces.
25. Sur tous les coteaux bêchés et sarclés, on ne viendra plus par crainte des épines et des ronces ; on lâchera sur eux le gros bétail, et les moutons viendront les piétiner.
Chapitre 8
1. Et le Seigneur me dit : « Prends une grande tablette ; écris dessus avec un simple stylet : Pour Maher-Shalal-Hash-Baz, (c’est-à-dire : Cours-au-butin-Vite-au-pillage). »
2. Je choisis des témoins dignes de foi, le prêtre Ourias et Zacharie, fils de Barakie.
3. Alors j’approchai la prophétesse, ma femme : elle devint enceinte et enfanta un fils. Et le Seigneur me dit : « Appelle-le : Maher-Shalal-Hash-Baz
4. car avant que l’enfant sache dire “papa” et “maman”, on aura porté chez le roi d’Assour les richesses de Damas et le butin de Samarie. »
5. Le Seigneur me parla encore une fois ; il me dit :
6. « Puisque ce peuple a dédaigné les eaux de Siloé qui s’écoulent paisiblement, puisqu’il perd courage devant Recine et le fils de Remalyahou,
7. eh bien ! voici que le Seigneur va faire monter contre eux les eaux puissantes et abondantes de l’Euphrate – c’est le roi d’Assour et toute sa gloire. Partout le fleuve sortira de son lit, il franchira toutes ses digues.
8. Il forcera l’entrée de Juda, il l’inondera, le submergera, montera jusqu’à son cou. Ses ailes déployées couvriront l’étendue de ton pays, ô Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).
9. Peuples, poussez le cri de guerre : vous tomberez ! Écoutez bien, tous les pays lointains : Armez-vous, vous tomberez ! Armez-vous, vous tomberez !
10. Dressez vos plans, ils s’effondreront ! Dites une parole, elle ne tiendra pas, car Dieu est avec nous. »
11. Ainsi m’a parlé le Seigneur lorsque sa main me saisissait et qu’il m’enjoignait de ne pas suivre le chemin de ce peuple. Il disait :
12. « Ne nommez pas “complot” tout ce que ce peuple nomme “complot” ; ce qu’il craint, ne le craignez pas, ne le redoutez pas.
13. C’est le Seigneur de l’univers que vous tiendrez pour saint ; c’est lui que vous craindrez, lui que vous redouterez.
14. Il deviendra un lieu saint, qui sera une pierre d’achoppement, un roc faisant trébucher les deux maisons d’Israël, piège et filet pour l’habitant de Jérusalem.
15. Beaucoup trébucheront, ils tomberont, se briseront, piégés et capturés. »
16. Conserve ce témoignage, appose un sceau sur cet enseignement pour mes disciples.
17. J’attends le Seigneur qui cache sa face à la maison de Jacob, j’espère en lui.
18. Moi et les enfants que le Seigneur m’a donnés, nous sommes des signes et des présages pour Israël de la part du Seigneur de l’univers qui habite le mont Sion.
19. On vous dira peut-être : « Consultez les devins et les nécromanciens, qui chuchotent et marmonnent ! Un peuple ne doit-il pas consulter ses dieux au sujet des vivants, et consulter aussi ses morts ? »
20. Non ! Revenez à l’enseignement et au témoignage. Malheur à qui ne s’en tient pas à cette parole : on ne pourra en conjurer la malédiction.
21. On traversera le pays, accablé, affamé, rendu furieux par la faim, on maudira son roi et son Dieu, on se tournera vers le ciel,
22. on regardera vers la terre : il n’y aura que détresse et ténèbres, nuit d’angoisse, obscurité inéluctable.
23. Pas la moindre lueur pour celui qui sera dans l’angoisse. Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations.
Chapitre 9
1. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
2. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin.
3. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane.
4. Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.
5. Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».
6. Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !
7. Le Seigneur a lancé une parole dans le pays de Jacob : en Israël, elle est tombée.
8. Tout le peuple la connaîtra, Éphraïm et l’habitant de Samarie ; dans leur orgueil et leur superbe, ils disent :
9. « Les briques sont tombées : nous rebâtirons en pierres de taille ! Le sycomore s’est abattu : nous le remplacerons par du cèdre. »
10. Le Seigneur a dressé contre Israël des adversaires – Recine –, il a excité ses ennemis :
11. Aram à l’est, les Philistins à l’ouest ; ils ont dévoré Israël à pleine bouche. Et avec tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, sa main reste levée.
12. Le peuple ne s’est pas retourné vers celui qui le frappait, il n’a pas recherché le Seigneur de l’univers.
13. D’Israël le Seigneur a tranché la tête et la queue, le palmier et le roseau, en un seul jour,
14. – la tête, c’est l’ancien et le notable ; la queue, c’est le prophète, maître de mensonge.
15. Ceux qui guidaient ce peuple l’ont fourvoyé, la piste de ceux qu’ils guidaient a été brouillée.
16. Voilà pourquoi le Seigneur ne ménage pas leurs jeunes gens, pour leurs orphelins et leurs veuves il n’a plus de compassion : tout le peuple est impie, malfaisant, toute bouche profère l’infamie. Et avec tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, sa main reste levée.
17. Car la méchanceté brûle comme un feu, dévorant épines et ronces, enflammant les taillis de la forêt qui tourbillonnent en colonnes de fumée.
18. Par la fureur du Seigneur de l’univers, le pays est en flammes. Le peuple devient comme la proie du feu : nul n’épargne son frère.
19. On découpe à droite, et l’on reste affamé ; on dévore à gauche, on n’est pas rassasié ! Chacun dévore la chair de son prochain.
20. Manassé dévore Éphraïm, et Éphraïm, Manassé, tous deux unis contre Juda. Et avec tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, sa main reste levée.
Chapitre 10
1. Malheureux ! Ils rédigent des décrets malfaisants, ils inscrivent des écrits d’oppression !
2. Ils refusent de rendre justice aux faibles, et privent de leurs droits les pauvres de mon peuple ; les veuves deviennent leurs proies, et ils dépouillent les orphelins !
3. Que ferez-vous au jour du châtiment, au jour d’une tourmente venue de loin ? Vers qui fuirez-vous pour demander secours ? Où laisserez-vous vos richesses ?
4. Il ne restera qu’à se courber parmi les prisonniers, on succombera parmi les cadavres. Et avec tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, sa main reste levée.
5. Malheureux ! Assour, l’instrument de ma colère, le bâton de mon courroux.
6. Je l’envoie contre une nation impie, je lui donne mission contre un peuple qui excite ma fureur, pour le mettre au pillage et emporter le butin, pour le piétiner comme la boue des chemins.
7. Mais Assour ne l’entend pas ainsi, ce n’est pas du tout ce qu’il pense : ce qu’il veut, c’est détruire, exterminer quantité de nations.
8. Car il dit : « Tous mes officiers ne valent-ils pas des rois ? N’ai-je pas pris Kalno comme Karkémish,
9. Hamath comme Arpad, et Samarie comme Damas ?
10. Comme j’ai mis la main sur les royaumes des faux dieux et leurs idoles plus nombreuses qu’à Jérusalem et à Samarie,
11. n’ai-je pas traité ainsi Samarie et ses faux dieux ? ne puis-je pas traiter ainsi Jérusalem et ses images ? »
12. Mais quand le Seigneur aura fini son œuvre au mont Sion et à Jérusalem, il châtiera le roi d’Assour pour les fruits de son cœur arrogant, pour l’orgueil de ses regards hautains.
13. Car le roi d’Assour a dit : « C’est par la vigueur de ma main que j’ai agi, et par ma sagesse, car j’ai l’intelligence. J’ai déplacé les frontières des peuples, j’ai pillé leurs réserves ; fort entre les forts, j’ai détrôné des puissants.
14. J’ai mis la main sur les richesses des peuples, comme sur un nid. Comme on ramasse des œufs abandonnés, j’ai ramassé toute la terre, et il n’y a pas eu un battement d’aile, pas un bec ouvert, pas un cri. »
15. Mais le ciseau se glorifie-t-il aux dépens de celui qui s’en sert pour tailler ? La scie va-t-elle s’enfler d’orgueil aux dépens de celui qui la tient ? Comme si le bâton faisait mouvoir la main qui le brandit, comme si c’était le bois qui brandissait l’homme !
16. C’est pourquoi le Seigneur Dieu de l’univers fera dépérir les soldats bien nourris du roi d’Assour, et au lieu de sa gloire s’allumera un brasier, le brasier d’un incendie.
17. La Lumière d’Israël deviendra un incendie et son Dieu Saint, une flamme qui brûle et dévore épines et ronces en un seul jour !
18. Les forêts et les vergers, gloire du roi, il les détruira de fond en comble ; ce sera comme un moribond qui s’éteint.
19. Le reste des arbres de sa forêt, on pourra les compter ; un enfant en écrirait le nombre.
20. En ces jours-là, le reste d’Israël et les rescapés de la maison de Jacob cesseront de s’appuyer sur celui qui les frappait : ils s’appuieront vraiment sur le Seigneur, le Saint d’Israël.
21. Un reste reviendra : le reste de Jacob, vers le Dieu-Fort.
22. Israël, même si ton peuple est comme le sable de la mer, seul un reste en reviendra. La destruction est décidée : la justice déferle.
23. Oui, c’est une destruction décidée, que le Seigneur, Dieu de l’univers, accomplit dans tout le pays.
24. C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, Dieu de l’univers : « Ô mon peuple, qui habites Sion, n’aie pas peur d’Assour : il te frappe de son gourdin, il abat sur toi son bâton comme l’a fait l’Égypte.
25. Mais encore un peu, très peu de temps, et mon indignation contre toi prendra fin, ma colère tournera à leur perte. »
26. Contre eux, le Seigneur de l’univers va brandir un fouet, comme il frappa Madiane au Rocher d’Oreb ; il lèvera son bâton sur la mer, comme il l’a fait en Égypte.
27. Il arrivera, en ce jour-là, que le fardeau sera retiré de tes épaules, et de ta nuque, le joug. Le dévastateur monte de la région de Rimmone.
28. Il vient contre Ayath, il passe à Migrone ; à Mikmas, il installe son matériel.
29. Ils franchissent le défilé : « À Guéba, notre étape ! » Rama tremble, Guibéa de Saül prend la fuite.
30. « Hurle, Bath-Gallim ! Écoute, Laïsha ! Réponds, Anatoth !
31. Madména s’enfuit ; ils se terrent, les habitants de Guébim.
32. Aujourd’hui même, à Nob, l’ennemi prend position ; il tend le poing vers la montagne de la fille de Sion, vers la colline de Jérusalem.
33. Voici que le Seigneur, Dieu de l’univers, d’un coup terrible abat les branches ; les arbres les plus grands sont coupés, et les plus fiers, jetés à terre.
34. Les taillis de la forêt s’abattent sous la hache, et le Liban dans sa splendeur s’effondre.
Chapitre 11
1. Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines.
2. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur
3. – qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs.
4. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant.
5. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins.
6. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.
7. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage.
8. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main.
9. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.
10. Ce jour-là, la racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.
11. Ce jour-là, une fois encore, le Seigneur étendra la main pour reprendre le reste de son peuple, ce reste qui reviendra d’Assour et d’Égypte, de Patros, d’Éthiopie et d’Élam, de Shinéar, de Hamath et des îles de la mer.
12. Il lèvera un étendard pour les nations ; il rassemblera les exilés d’Israël ; il réunira les dispersés de Juda des quatre coins de la terre.
13. Alors la jalousie d’Éphraïm cessera, et les adversaires de Juda seront retranchés. Éphraïm ne jalousera plus Juda, et Juda ne sera plus l’adversaire d’Éphraïm.
14. Ils fonceront sur le flanc des Philistins à l’Occident ; ensemble ils pilleront les fils de l’Orient. Ils mettront la main sur Édom et Moab, et les fils d’Ammone leur obéiront.
15. Le Seigneur asséchera la lagune de l’Égypte, il lèvera la main contre l’Euphrate, dans l’ardeur de son souffle ; il le divisera en sept ruisseaux où l’on marchera en sandales.
16. Il y aura une route pour le reste de son peuple, ce reste qui reviendra d’Assour, comme il y eut une route pour Israël, le jour où il monta du pays d’Égypte.
Chapitre 12
1. Ce jour-là, tu diras : Seigneur, je te rends grâce : ta colère pesait sur moi, mais tu reviens de ta fureur et tu me consoles.
2. Voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut.
3. Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut.
4. Ce jour-là, vous direz : « Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ! » Redites-le : « Sublime est son nom ! »
5. Jouez pour le Seigneur, il montre sa magnificence, et toute la terre le sait.
6. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !
Chapitre 13
1. Proclamation sur Babylone – ce qu’Isaïe, fils d’Amots, a vu.
2. Sur un mont dénudé, dressez un étendard. Élevez la voix, faites signe de la main, qu’ils entrent par les portes des nobles ;
3. moi, je commande à qui m’est consacré ; j’ai convoqué les guerriers de ma colère, les passionnés de mon honneur.
4. Voix qui gronde sur les montagnes, comme d’un peuple immense ; voix et vacarme de royaumes, de nations rassemblées : le Seigneur de l’univers inspecte les troupes de combat.
5. D’une terre lointaine, des extrémités du ciel, ils viennent, le Seigneur et les instruments de son indignation, pour ravager toute la terre.
6. Hurlez ! Car le jour du Seigneur est proche : il vient, envoyé par le Puissant, comme une dévastation.
7. C’est pourquoi toute main défaille, le cœur manque à tout mortel.
8. Ils sont épouvantés, spasmes et souffrances les saisissent ; ils se tordent de douleur comme la femme qui accouche ; ils se regardent l’un l’autre avec stupeur, le visage en feu.
9. Voici venir, implacable, le jour du Seigneur, la fureur et l’ardente colère, pour faire de la terre un lieu désolé, pour en supprimer les pécheurs.
10. Les étoiles du ciel et ses constellations ne brilleront plus de leur lumière ; le soleil, dès son lever, s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté.
11. Je châtierai le monde pour sa méchanceté, et les impies pour leur faute. Je mettrai fin à l’orgueil des insolents et rabattrai l’arrogance des tyrans.
12. Je rendrai les mortels plus rares que l’or fin, les humains, plus rares que l’or d’Ophir.
13. C’est pourquoi j’ébranlerai les cieux, et la terre tremblera sur ses bases, dans la fureur du Seigneur de l’univers, le jour de son ardente colère.
14. Alors, comme une gazelle pourchassée, comme un troupeau que nul ne rassemble, chacun se tournera vers son peuple, chacun fuira vers son propre pays.
15. Tous ceux qu’on trouvera seront transpercés, tous ceux qu’on prendra tomberont par l’épée.
16. Leurs petits enfants seront écrasés sous leurs yeux, leurs maisons, pillées, et leurs femmes, violées.
17. Voici que j’excite contre eux les Mèdes, qui n’estiment pas l’argent et n’aiment pas l’or.
18. Mais leurs arcs abattent les jeunes gens ; ils n’ont pas de compassion pour les nouveaux-nés ; aucun regard de pitié pour les enfants.
19. Alors Babylone, la perle des royaumes, l’orgueilleuse parure des Chaldéens, subira le bouleversement infligé par Dieu à Sodome et à Gomorrhe.
20. Elle sera inhabitée à jamais ; nul, d’âge en âge, n’y demeurera ; l’Arabe n’y dressera plus sa tente, les bergers n’y feront plus reposer leurs troupeaux.
21. Mais les chats sauvages y auront leur gîte ; les hiboux rempliront les maisons ; les autruches auront là leur demeure et les boucs y danseront.
22. Les hyènes hurleront dans ses châteaux, et les chacals dans ses palais d’agrément. Son temps est proche et ses jours ne tarderont pas.
Chapitre 14
1. Oui, le Seigneur aura de la tendresse pour Jacob, il choisira encore Israël, il installera les siens sur leur terre où des immigrés se joindront à eux et s’uniront à la maison de Jacob.
2. Des peuples étrangers viendront les prendre pour les ramener chez eux. Sur la terre du Seigneur, la maison d’Israël s’attribuera ces peuples comme serviteurs et comme servantes. Ils tiendront captifs ceux qui les avaient capturés ; ils domineront ceux qui les avaient opprimés.
3. Le jour où le Seigneur t’aura fait reposer, après tant de peines et de tourments, après le dur esclavage qui fut le tien,
4. tu entonneras cette chanson contre le roi de Babylone, tu diras : « Comment ! Il est fini, l’oppresseur ! Elle est finie, la dictature !
5. Le Seigneur a brisé le bâton des impies, le sceptre des tyrans
6. qui frappait les peuples avec fureur, les frappait sans relâche, qui dominait les nations avec colère et les persécutait sans retenue.
7. Toute la terre repose, tranquille. On éclate en cris de joie !
8. Même les cyprès et les cèdres du Liban se réjouissent à tes dépens : “Depuis que tu es tombé, plus personne ne monte pour nous abattre.”
9. Le tréfonds des enfers s’agite pour toi à l’annonce de ta venue. Pour toi, il réveille les ombres, tous les grands de la terre ; il fait lever de leur trône tous les rois des nations.
10. Tous, ils prennent la parole et te disent : “Toi aussi, comme nous, te voilà sans force, devenu pareil à nous.”
11. Elle est jetée aux enfers, ta majesté, avec la musique de tes harpes. Tu as pour couche la vermine, et des vers pour te couvrir.
12. Comment ! Tu es tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ! Tu es renversé à terre, toi qui faisais ployer les nations,
13. toi qui te disais : “J’escaladerai les cieux ; plus haut que les étoiles de Dieu j’élèverai mon trône ; j’irai siéger à la montagne de l’assemblée des dieux au plus haut du mont Safone,
14. j’escaladerai les hauteurs des nuages, je serai semblable au Très-Haut !”
15. Mais te voilà jeté aux enfers, au plus profond de l’abîme.
16. Ceux qui te voient te dévisagent, ils s’interrogent sur toi : “Est-ce bien l’homme qui faisait trembler la terre, qui ébranlait les royaumes,
17. changeait le monde en désert, et rasait les villes sans renvoyer le prisonnier dans sa maison ?”
18. Tous les rois des nations reposent avec honneur, tous sans exception, chacun dans sa demeure.
19. Mais toi, tu es jeté dehors, loin de ton sépulcre, comme un rejeton réprouvé ; tu es couvert par les victimes de l’épée qui descendent sur les pierres de la fosse ; tu es comme un cadavre qu’on piétine.
20. Tu ne les rejoindras pas dans la tombe, car tu as ruiné ton pays, assassiné ton peuple. Plus jamais on n’évoquera l’engeance des méchants :
21. préparez pour les fils un lieu d’exécution à cause de la faute de leurs pères, de peur qu’ils ne se relèvent pour conquérir la terre et couvrir de villes la face du monde. »
22. Je me lèverai contre eux, – oracle du Seigneur de l’univers – ; de Babylone, je retrancherai le nom et le reste, lignée et postérité, – oracle du Seigneur.
23. J’en ferai le domaine du hérisson, un marécage ; je la balaierai, je la détruirai – oracle du Seigneur de l’univers.
24. Le Seigneur de l’univers en a fait le serment : « Ce que j’ai prévu arrivera, ce que j’ai décidé s’accomplira :
25. Sur ma terre, je briserai Assour, je le piétinerai sur mes montagnes ; son joug sera écarté de la nuque des miens, et le fardeau, écarté de leurs épaules. »
26. C’est la décision prise contre toute la terre ; c’est la main étendue contre toutes les nations.
27. Le Seigneur de l’univers l’a décidé. Qui donc l’arrêterait ? Et sa main étendue, qui la détournerait ?
28. L’année de la mort du roi Acaz, il y eut cette proclamation :
29. Ne te réjouis pas, Philistie tout entière, si le bâton qui te frappait est brisé. De la racine du serpent va sortir une vipère, et son fruit sera un dragon ailé.
30. Les premiers-nés des faibles auront un pâturage, les malheureux reposeront en confiance, mais ta race, je la ferai mourir de faim, et ce qui restera de toi, je le tuerai.
31. Hurle, Porte de la ville ! Citadelle, pousse des cris ! Tremble, Philistie tout entière ! Du Nord arrive une fumée : ce sont des troupes sans déserteur !
32. Que répondre aux envoyés de cette nation ? Ceci : Le Seigneur a fondé Sion ; en elle se réfugient les pauvres de son peuple.
Chapitre 15
1. Proclamation sur Moab. Depuis la nuit où Ar fut dévastée, Moab est réduite au silence. Depuis la nuit où Qir fut dévastée, Moab est réduite au silence.
2. On monte au sanctuaire, à Dibone, aux lieux sacrés pour y pleurer. Sur Nébo et sur Madaba, Moab hurle de douleur. Ils ont tous la tête rasée, ils ont tous la barbe coupée.
3. Dans les rues, ils se revêtent de toile à sac ; sur les toits et sur les places, tout le monde hurle et fond en larmes.
4. Heshbone et Élalé poussent des cris, leurs voix s’entendent jusqu’à Yahaç. C’est pourquoi les guerriers de Moab poussent des clameurs, l’âme de Moab frémit.
5. Mon cœur crie sur Moab ; ses fugitifs sont déjà à Soar, vers Églath-Shelishiya. Sur la montée de Louhith, on monte en pleurant ; sur le chemin de Horonaïm, ce sont des cris déchirants.
6. Les eaux de Nimrim sont un endroit désolé : l’herbe a séché, la végétation a disparu, plus aucune verdure.
7. Voilà pourquoi ses réserves et ses provisions sont transportées au-delà du torrent des Saules.
8. Car les cris font le tour du territoire de Moab : hurlements, jusqu’à Églaïm, hurlements, jusqu’à Beér-Élim.
9. Les eaux de Dimone sont rouges de sang, car j’imposerai plus encore à Dimone : le lion, pour les rescapés de Moab, pour ceux qui resteront dans la campagne.
Chapitre 16
1. Envoyez au maître du pays un agneau, depuis La Roche au désert, vers la montagne de la fille de Sion.
2. Des oiseaux qui s’enfuient, une nichée dispersée, telles seront les filles de Moab, aux gués de l’Arnon.
3. Moab dit à Juda : « Fais des plans ! Prends une décision ! En plein midi, fais-nous une ombre comme la nuit, cache les expulsés, ne trahis pas les fugitifs !
4. Que les expulsés de Moab trouvent chez toi un asile, sois un abri pour eux face au dévastateur. Quand l’oppression aura disparu, quand la dévastation aura pris fin, quand sera parti du pays celui qui le foulait,
5. un trône s’établira sur la fidélité ; et, pour la maison de David, siégera sur ce trône avec loyauté le juge qui cherche le droit et fait prompte justice. »
6. Nous avons appris l’orgueil de Moab, son immense orgueil, son orgueil arrogant, démesuré, ses bavardages qui ne sont rien.
7. C’est pourquoi Moab hurle sur Moab, il n’est que hurlement. Pour les gâteaux de raisin de Qir-Harèseth, vous gémissez, tout abattus.
8. Car ils dépérissent, les vignobles de Heshbone, la vigne de Sibma dont les maîtres des nations ont saccagé les grappes rouges ; ses sarments allaient jusqu’à Yazèr, ils se perdaient dans le désert ; ses rejetons s’étendaient au-delà de la mer.
9. C’est pourquoi avec Yazèr je pleure la vigne de Sibma ; je t’arrose de mes larmes, Heshbone, et toi, Élalé, car sur tes récoltes et tes moissons, une clameur s’est abattue.
10. Joie et liesse disparaissent des vergers ; dans les vignes, plus de chants de jubilation ; au pressoir le fouleur ne foule plus le raisin : j’ai fait cesser les clameurs.
11. C’est pourquoi, comme une cithare, mes entrailles gémissent sur Moab, et mon cœur, sur Qir-Hérès.
12. On verra Moab s’épuiser sur le lieu sacré, entrer au sanctuaire pour prier, et ne rien obtenir.
13. Telle est la parole que le Seigneur prononça sur Moab, autrefois.
14. Et maintenant le Seigneur déclare : D’ici trois ans, jour pour jour, la gloire de Moab ne comptera plus ; malgré toute sa multitude, il en restera très peu, un reste insignifiant.
Chapitre 17
1. Proclamation sur Damas. Voici Damas rayée d’entre les villes, pour devenir un champ de ruines.
2. Abandonnées, les villes d’Aroër seront livrées aux troupeaux : ils s’y coucheront, et personne qui les dérange.
3. Éphraïm sera privé de forteresse et Damas, de royauté. Il en sera du reste d’Aram comme il en est de la gloire d’Israël – oracle du Seigneur de l’univers.
4. Ce jour-là, la gloire de Jacob faiblira, sa chair s’amaigrira.
5. Ce sera comme à la moisson, quand le blé est ramassé, que les épis sont recueillis à brassée et rassemblés au val des Rephaïm ;
6. il n’y restera presque rien à glaner, comme à la cueillette des olives : deux ou trois olives à la cime des plus hautes branches, quatre ou cinq sur les meilleurs rameaux – oracle du Seigneur, le Dieu d’Israël.
7. Ce jour-là, l’homme regardera vers Celui qui l’a fait et portera les yeux vers le Saint d’Israël.
8. Il ne regardera plus vers les autels faits de ses mains ; il ne verra plus ce que ses doigts avaient fait, ni les poteaux sacrés, ni les colonnes à encens.
9. Ce jour-là, les villes de refuge seront abandonnées comme furent abandonnés les bois et les cimes devant les fils d’Israël : ce sera une désolation.
10. Tu as oublié ton Dieu, ton sauveur, tu ne t’es pas souvenu de ton Rocher, ton refuge. C’est pourquoi tu cultives des plantes de délices, tu sèmes des espèces étrangères.
11. Le jour même où tu les plantes, tu les vois pousser ; dès le matin, tu vois fleurir ce que tu as semé, mais la récolte t’échappe au jour de la maladie, du mal incurable.
12. Malheur ! C’est le grondement de peuples innombrables qui grondent comme gronde la mer, le rugissement de nations qui rugissent comme rugissent les eaux puissantes !
13. Ces nations rugissent comme rugissent les grandes eaux ! Mais le Seigneur les menace, elles fuient au loin, chassées comme la paille par le vent des montagnes, comme le tourbillon, par l’ouragan.
14. Le soir venu, c’est l’épouvante ; avant le matin, elles ne sont plus. Telle est la part de ceux qui nous dépouillent, le sort de ceux qui nous mettent au pillage.
Chapitre 18
1. Malheureux, le pays des bruissements d’ailes, au-delà des fleuves d’Éthiopie :
2. il envoie par mer des ambassades dans des barques de papyrus à la surface des eaux. Partez, rapides messagers, vers une race élancée, à la peau luisante, peuple redouté ici et là-bas, nation barbare et tyrannique, où des cours d’eau sillonnent la terre.
3. Vous tous, habitants du monde, vous qui peuplez la terre, quand l’étendard sera levé sur les montagnes, regardez ! quand sonnera le cor, écoutez !
4. Car le Seigneur m’a déclaré : Je demeure tranquille ; là où je me tiens, je regarde dans la chaleur éblouissante du plein midi, comme un nuage de rosée dans la chaleur de la récolte.
5. Avant la récolte, quand la floraison s’achève et que la fleur se change en fruits mûrissants, on coupe les branches à la serpe, on enlève et jette les rameaux.
6. Tout sera abandonné aux rapaces des montagnes et aux bêtes du pays : les rapaces y passeront l’été, et toutes les bêtes du pays, l’hiver.
7. C’est alors qu’un présent sera porté au Seigneur de l’univers par le peuple élancé, à la peau luisante, peuple redouté ici et là-bas, nation barbare et tyrannique, où des cours d’eau sillonnent la terre ; ce présent sera porté au lieu où réside le nom du Seigneur, Dieu de l’univers : la montagne de Sion.
Chapitre 19
1. Proclamation sur l’Égypte. Voici le Seigneur : il chevauche une nuée légère, il entre en Égypte ; les idoles d’Égypte vacillent devant lui, l’Égypte voit fondre son courage.
2. J’exciterai l’Égypte contre l’Égypte, on se battra frère contre frère, ami contre ami, ville contre ville, royaume contre royaume.
3. L’Égypte en perdra l’esprit, je brouillerai son projet ; ils consulteront idoles et sorciers, nécromanciens et devins.
4. Je livrerai l’Égypte aux mains d’un maître implacable, un roi tout-puissant régnera sur eux, – oracle du Maître et Seigneur de l’univers.
5. Les eaux s’épuiseront avant d’atteindre la mer, le fleuve tarira, s’asséchera,
6. ses canaux empesteront, le delta du Nil baissera, s’asséchera, cannes et roseaux flétriront.
7. Les joncs des bords du Nil jusqu’à l’embouchure, les plantations seront desséchés, emportés : il n’en restera rien.
8. Les pêcheurs se lamenteront : ils seront en deuil, tous ceux qui jettent l’hameçon dans le Nil ; ils dépériront, ceux qui tendent le filet sur les eaux.
9. Ils seront déçus, ceux qui travaillent le lin : cardeuses et tisserands deviendront livides.
10. Les artisans seront accablés, les salariés, désespérés.
11. Qu’ils sont stupides, les princes de Tanis ! Les plus sages conseillers de Pharaon forment un conseil d’incapables. Comment pouvez-vous dire à Pharaon : « Je suis un fils de sage, un descendant des rois de jadis » ?
12. Où sont-ils, tes sages, où sont-ils ? Qu’ils t’instruisent donc, et l’on saura ce que le Seigneur de l’univers a décidé contre l’Égypte.
13. Ils déraisonnent, les princes de Tanis, ils délirent, les princes de Memphis ; ils font vaciller l’Égypte, eux qui sont la pierre d’angle de ses tribus.
14. Le Seigneur a insufflé au milieu d’elle un esprit de vertige : ils font vaciller l’Égypte en tout ce qu’elle fait, comme vacille un ivrogne en vomissant.
15. Plus rien ne se fera en Égypte, que ce soit par le grand ou par le petit, le palmier ou le roseau.
16. Ce jour-là, l’Égypte, comme les femmes, sera tremblante et terrifiée quand le Seigneur de l’univers lui-même élèvera la main contre elle.
17. Le pays de Juda sera objet d’effroi pour l’Égypte : chaque fois qu’on l’évoquera, elle sera terrifiée à cause du projet que le Seigneur de l’univers a lui-même formé contre elle.
18. Ce jour-là, il y aura au pays d’Égypte cinq villes pour parler la langue de Canaan et prêter serment au Seigneur de l’univers ; l’une d’elles se nomme « Ville-du-Soleil ».
19. Ce jour-là, il y aura un autel pour le Seigneur au centre du pays d’Égypte, et près de sa frontière une stèle pour le Seigneur.
20. Ce sera un signe, un témoin, pour le Seigneur de l’univers dans le pays d’Égypte : quand ils crieront vers le Seigneur devant ceux qui les oppriment, il leur enverra un sauveur, un défenseur qui les délivrera.
21. Le Seigneur se fera connaître de l’Égypte et l’Égypte connaîtra le Seigneur, ce jour-là ; elle le servira par des sacrifices et des offrandes, elle fera des vœux au Seigneur et les accomplira.
22. Le Seigneur frappera l’Égypte, il frappera et guérira. Elle reviendra au Seigneur qui l’écoutera et la guérira.
23. Ce jour-là, il y aura une route pour relier l’Égypte et Assour. Assour viendra en Égypte, et l’Égypte en Assour ; et l’Égypte avec Assour servira le Seigneur.
24. Ce jour-là, entre l’Égypte et Assour, Israël viendra en troisième, bénédiction au milieu de la terre,
25. que bénira le Seigneur Dieu de l’univers en disant : « Bénis soient l’Égypte, mon peuple, Assour, l’ouvrage de mes mains, et Israël, mon héritage. »
Chapitre 20
1. C’était l’année où le général en chef envoyé par Sargon, roi d’Assour, vint assiéger Ashdod et s’en empara.
2. En ce temps-là, par Isaïe, fils d’Amots, le Seigneur avait parlé et dit : « Va, détache le pagne de tes reins, enlève les sandales de tes pieds. » Il avait fait ainsi, marchant dévêtu, les pieds nus.
3. Et le Seigneur dit : « De même que mon serviteur Isaïe est allé dévêtu, les pieds nus, pendant trois ans, signe et présage pour l’Égypte et l’Éthiopie,
4. de même, le roi d’Assour emmènera les prisonniers d’Égypte et les déportés d’Éthiopie, les jeunes et les vieux, dévêtus, les pieds nus, les fesses découvertes – telle sera la nudité de l’Égypte.
5. Ils seront effondrés et honteux, ceux qui mettaient leur espoir dans l’Éthiopie et leur fierté dans l’Égypte.
6. Les habitants de la côte diront ce jour-là : “Voilà ce que devient notre espoir, quand nous comptions sur cet appui pour échapper au roi d’Assour. Et nous, comment serons-nous sauvés ?” »
Chapitre 21
1. Proclamation sur le Désert de la Mer. Comme l’ouragan qui traverse le Néguev, quelqu’un vient du désert, d’un pays terrible.
2. J’ai reçu une sinistre vision : Un ravageur qui ravage ! Un dévastateur qui dévaste ! Montez, Élamites ! Mèdes, assiégez ! Je supprime toute plainte !
3. Voilà pourquoi mes reins se tordent de souffrance, les douleurs me saisissent comme celles d’une femme qui accouche ; ce que j’entends me bouleverse, ce que je vois me terrifie.
4. Mon courage flanche, je tremble de peur : le crépuscule auquel j’aspire, Dieu le change en effroi.
5. On dressait la table, on déroulait les tapis, on mangeait, on buvait. Soudain : Debout, les princes ; préparez vos boucliers !
6. Car ainsi m’a parlé le Seigneur : « Va, place un guetteur : ce qu’il voit, qu’il l’annonce !
7. S’il voit un char attelé de deux chevaux un attelage d’âne ou de chameau, qu’il fasse attention, qu’il redouble d’attention ! »
8. Et le veilleur a crié : « Au poste de guet, Seigneur, je me tiens tout le jour. À mon poste de garde, je reste debout toute la nuit.
9. Voici ce qui vient : sur un char attelé de deux chevaux un homme qui parle et dit : “Elle est tombée, Babylone, elle est tombée, et toutes les statues de ses dieux gisent par terre, brisées.” »
10. À vous, fils de mon peuple, qui êtes battus comme les grains de mon aire, ce que j’ai entendu de la part du Seigneur de l’univers, Dieu d’Israël, je vous l’annonce.
11. Proclamation sur Douma. Une voix me crie de Séïr : « Veilleur, où en est la nuit ? Veilleur, où donc en est la nuit ? »
12. Le veilleur répond : « Le matin vient, et puis encore la nuit… Si vous voulez des nouvelles, interrogez, revenez. »
13. Proclamation « en Arabie ». Dans les broussailles, en Arabie, vous passerez la nuit, caravaniers de Dedane.
14. Habitants du pays de Téma, allez à la rencontre de l’assoiffé, portez-lui de l’eau, accueillez le fugitif avec du pain.
15. Car ils ont fui devant les épées, devant l’épée mise à nu, devant l’arc tendu, devant l’âpreté du combat.
16. Ainsi m’a parlé le Seigneur : Encore une année, jour pour jour, et toute la gloire de Qédar sera détruite.
17. Des archers de Qédar, nombreux et vaillants, il ne restera presque rien. Le Seigneur, le Dieu d’Israël, a parlé.
Chapitre 22
1. Proclamation sur le Val de la Vision. Ville de Jérusalem, qu’as-tu donc à monter tout entière sur les terrasses,
2. ville en fête, pleine de cris, cité joyeuse ? Tes morts ne sont pas morts par l’épée, ils n’ont pas été tués dans un combat.
3. Tes chefs ont pris la fuite comme un seul homme ; sans même avoir tiré de l’arc, ils sont faits prisonniers. Si loin qu’ils aient fui, on les a tous retrouvés : ils sont prisonniers ensemble.
4. C’est pourquoi je dis : « Détournez de moi vos regards, je pleure amèrement ! Ne cherchez pas à me consoler du désastre subi par la fille de mon peuple. »
5. Oui, c’est un jour d’affolement, d’effarement, d’effondrement, envoyé par le Seigneur, Dieu de l’univers. Dans le Val de la Vision, on sape la muraille, des cris s’élèvent vers la montagne.
6. Élam lève le carquois, il amène des chars et des cavaliers ; Qir brandit son bouclier.
7. Les plus belles de tes vallées sont remplies de chars, les cavaliers sont rangés devant tes portes.
8. Et Juda, lui, est privé de ses défenses ! En regardant, ce jour-là, vers l’arsenal du palais royal,
9. vous avez vu comme elles sont nombreuses, les brèches de la Cité de David. Vous avez recueilli les eaux dans le réservoir inférieur.
10. Vous avez recensé les maisons de Jérusalem, démoli des maisons pour renforcer le rempart.
11. Vous avez creusé un bassin entre les deux remparts pour les eaux de l’ancien réservoir. Mais vous n’avez pas regardé vers Celui qui est à l’œuvre ; Celui qui façonne tout depuis longtemps, vous ne l’avez pas vu.
12. Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, appelait à pleurer, à se lamenter, à se raser la tête, à se vêtir de toile à sac.
13. Et voilà qu’on se réjouit, on fait la fête ; on tue le bœuf, on égorge le mouton ; on mange de la viande, on boit du vin : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! »
14. Mais le Seigneur de l’univers m’a fait entendre cette révélation : « J’en fais serment : cette faute ne vous sera jamais remise, jusque dans la mort ». Il l’a dit, le Seigneur, Dieu de l’univers.
15. Ainsi parle le Seigneur, Dieu de l’univers : « Va trouver ce ministre, Shebna, le maître du palais, et dis-lui :
16. Ici, quel est ton bien ? Qui sont les tiens, ici, pour t’y faire creuser un tombeau, toi qui te creuses un tombeau sur une hauteur, et te fais tailler une demeure dans le roc ?
17. Voici que le Seigneur va te rejeter, il va te rejeter, grand homme, t’empaqueter comme un paquet,
18. t’enrouler, t’envoyer rouler comme une boule vers un pays aux vastes étendues. C’est là-bas que tu vas mourir, là-bas, dans tes chars prestigieux, toi, le déshonneur de la maison de ton maître.
19. Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place.
20. Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils d’Helcias.
21. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda.
22. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira.
23. Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ; il sera un trône de gloire pour la maison de son père.
24. Le poids de la gloire de la maison de son père y sera suspendu : les rameaux et les pousses, et même tous les petits récipients, depuis les coupes jusqu’aux vases de toute sorte.
25. Ce jour-là – oracle du Seigneur de l’univers –, la cheville plantée dans un endroit solide lâchera, elle cédera, elle tombera, et la charge qui pesait sur elle sera détruite. Le Seigneur a parlé. »
Chapitre 23
1. Proclamation sur Tyr. Hurlez, vaisseaux de Tarsis, car Tyr est dévastée : plus de maison ; on l’a su au retour de l’île de Chypre.
2. Restez stupéfaits, habitants de la côte, marchands de Sidon, ville qui envoie ses agents outre-mer.
3. Le grain du Nil, les moissons du Fleuve, importés par voie de mer, faisaient sa richesse : elle détenait le marché des nations.
4. Sois confondue, Sidon, car la mer, la forteresse de la mer, a dit : « Je n’ai ni accouché ni enfanté, je n’ai pas eu de garçon à faire grandir ni de fille à élever. »
5. Quand l’Égypte saura la nouvelle, aux nouvelles de Tyr, elle frémira.
6. Passez vers Tarsis, hurlez, habitants de la côte.
7. Est-ce là votre cité joyeuse ? Son origine remontait aux jours les plus anciens ; elle portait au loin ses pas pour s’y établir.
8. Qui donc a décidé ce malheur contre Tyr, elle qui distribuait les couronnes, dont les marchands étaient des princes et les commerçants, les plus influents de la terre ?
9. C’est le Seigneur de l’univers qui l’a décidé pour abattre l’orgueil des superbes, pour rabaisser tous les gens influents de la terre.
10. Cultive la terre comme les rives du Nil, fille de Tarsis, ton port marchand n’existe plus.
11. Le Seigneur a levé la main contre la mer, et fait trembler des royaumes ; il a donné l’ordre à Canaan de détruire ses fortifications.
12. Il a dit : « Ne bondis plus de joie : on t’a fait violence, vierge, fille de Sidon ! Lève-toi pour passer à Chypre : même là-bas, tu n’auras pas de repos.
13. Regarde vers le pays des Chaldéens : ce peuple n’existe plus. Assour a laissé ce pays aux chats sauvages, il a élevé des tours d’assaut ; il a rasé ses citadelles, il en a fait un champ de ruines.
14. Hurlez, vaisseaux de Tarsis, car votre forteresse est dévastée !
15. Ce jour-là, il arrivera que Tyr tombera dans l’oubli pour soixante-dix ans : le temps de vie d’un roi. Au bout de ces soixante-dix ans, il en sera de Tyr comme de la courtisane dont parle la chanson :
16. « Prends une cithare, fais le tour de la ville, courtisane oubliée ! Joue de ton mieux, chante encore ta chanson, pour qu’on se souvienne de toi ! »
17. Au bout des soixante-dix ans, Tyr sera visitée par le Seigneur. Elle retournera à ses profits, et se prostituera avec tous les royaumes du monde sur la face de la terre.
18. Ses gains et profits seront consacrés au Seigneur, ils ne seront ni amassés ni thésaurisés. Ses gains serviront à nourrir et rassasier, à vêtir somptueusement ceux qui habitent devant le Seigneur.
Chapitre 24
1. Voici que le Seigneur saccage la terre, qu’il la ravage, qu’il en bouleverse la face, qu’il en disperse les habitants.
2. Il en sera du prêtre comme du peuple, du maître comme de l’esclave, de la maîtresse comme de la servante, du vendeur comme de l’acheteur, du prêteur comme de l’emprunteur, du créancier comme du débiteur.
3. Saccagée, elle est saccagée, la terre ; pillée, elle est pillée. Car le Seigneur a proféré cette parole.
4. La terre est en deuil, elle s’épuise, le monde dépérit, il s’épuise, et le ciel dépérit en même temps que la terre.
5. La terre est profanée par ses habitants : ils ont transgressé les lois, ils ont changé les décrets, ils ont rompu l’alliance éternelle.
6. C’est pourquoi la malédiction dévore la terre : ses habitants en subissent la peine ; c’est pourquoi les habitants de la terre diminuent : il n’en reste qu’un petit nombre.
7. Deuil pour le vin nouveau : la vigne a dépéri ! Tous ceux qui avaient le cœur en fête se lamentent.
8. Elle a cessé, l’allégresse des tambourins ; il a pris fin, le joyeux vacarme ; elle a cessé, l’allégresse des cithares !
9. Ils ne boiront plus de vin en chantant ; la boisson forte est amère aux buveurs.
10. La cité-du-néant est en ruine, chaque maison est fermée, nul ne peut y entrer.
11. Dans la rue, on réclame du vin ; toute joie a disparu ; l’allégresse est bannie du pays.
12. Il ne reste de la ville que désolation : sa porte est brisée, fracassée.
13. Au cœur du pays, au milieu des populations, il en sera comme à la cueillette des olives, comme au grappillage après la vendange.
14. Ceux qui restent élèvent la voix, ils crient de joie ; du côté de la mer, on célèbre la grandeur du Seigneur ;
15. au pays de la lumière, on glorifie le Seigneur et, dans les îles de la mer, le nom du Seigneur, Dieu d’Israël.
16. Depuis les limites de la terre nous entendons des hymnes : « Honneur à Dieu le juste ! » Mais je dis : « Quelle épreuve pour moi ! Quelle épreuve pour moi ! Malheur à moi ! » Ils ont ravagé, les ravageurs ! Ravage : les ravageurs ont fait des ravages !
17. La frayeur, la fosse et le filet sont pour toi, habitant de la terre.
18. Celui qui fuit devant des cris de frayeur tombe dans la fosse ; celui qui remonte de la fosse est pris dans le filet ! Oui, les vannes d’en-haut s’ouvriront, les fondements de la terre trembleront.
19. La terre se brise, se brise en morceaux ! La terre éclate, elle vole en éclats ! La terre frémit, frémit tout entière !
20. La terre vacille, vacille comme un ivrogne, comme une cabane branlante ; son forfait pèse sur elle, elle tombe sans pouvoir se relever.
21. Ce jour-là, il arrivera que le Seigneur viendra sévir là-haut, contre l’armée d’en haut, et sur la terre contre les rois de la terre.
22. Ils seront entassés, enchaînés dans un cachot, prisonniers d’une prison. Après de nombreux jours, on sévira contre eux.
23. La lune rougira, le soleil se couvrira de honte. Car, sur le mont Sion et à Jérusalem, le Seigneur de l’univers régnera : devant les anciens resplendira sa gloire.
Chapitre 25
1. Seigneur, tu es mon Dieu, je t’exalte, je rends grâce à ton nom, car tu as accompli projets et merveilles, sûrs et stables depuis longtemps.
2. Tu as changé la ville en tas de pierres, la cité fortifiée, en champ de ruines ; la citadelle des étrangers n’est plus une ville, jamais elle ne sera rebâtie :
3. voilà pourquoi un peuple fort reconnaît ta gloire, les cités des nations tyranniques te craignent.
4. Tu es devenu forteresse pour le faible, forteresse pour le malheureux en sa détresse, un abri contre l’orage, une ombre contre la chaleur : le souffle des tyrans n’est que pluie d’orage sur un mur.
5. Comme une chaleur étouffante sur la terre desséchée, tu étouffes le vacarme des étrangers ; comme faiblit la chaleur à l’ombre d’un nuage, ainsi faiblit le chant de victoire des tyrans.
6. Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés.
7. Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations.
8. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Le Seigneur a parlé.
9. Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! »
10. Car la main du Seigneur reposera sur cette montagne. Mais Moab sera piétiné sur place, comme la paille est piétinée dans le fumier.
11. Là, il étendra les mains, comme un nageur les étend pour nager ; malgré ses mouvements habiles, Dieu rabattra son arrogance.
12. Moab, les bastions inaccessibles de tes murailles, il les renverse, il les abat, les jette à terre, dans la poussière.
Chapitre 26
1. En ce jour-là, ce cantique sera chanté dans le pays de Juda : Nous avons une ville forte ! Le Seigneur a mis pour sauvegarde muraille et avant-mur.
2. Ouvrez les portes ! Elle entrera, la nation juste, qui se garde fidèle.
3. Immuable en ton dessein, tu préserves la paix, la paix de qui s’appuie sur toi.
4. Prenez appui sur le Seigneur, à jamais, sur lui, le Seigneur, le Roc éternel. [
5. Il a rabaissé ceux qui siégeaient dans les hauteurs, il a humilié la cité inaccessible, l’a humiliée jusqu’à terre, et lui a fait mordre la poussière.
6. Elle sera foulée aux pieds, sous le pied des pauvres, les pas des faibles.]
7. Il est droit, le chemin du juste ; toi qui es droit, tu aplanis le sentier du juste.
8. Oui, sur le chemin de tes jugements, Seigneur, nous t’espérons. Dire ton nom, faire mémoire de toi, c’est le désir de l’âme.
9. Mon âme, la nuit, te désire, et mon esprit, au fond de moi, te guette dès l’aurore. Quand s’exercent tes jugements sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice. [
10. Si l’on fait grâce au méchant, il n’apprend pas la justice ; perfide sur la terre de probité, il ne voit pas la majesté du Seigneur.
11. Seigneur, ta main est levée : ils ne l’aperçoivent pas ; mais ils percevront, pleins de honte, ta passion pour le peuple. En vérité, le feu les dévorera, celui que tu destines à tes ennemis !]
12. Seigneur, tu nous assures la paix : dans toutes nos œuvres, toi-même agis pour nous.
13. Seigneur notre Dieu, d’autres maîtres que toi ont dominé sur nous, mais de toi seul nous faisons mémoire, de ton seul nom.
14. Ceux-là sont morts, ils ne revivront pas ; ce sont des ombres, ils ne se relèveront pas : voilà pourquoi tu interviens, tu les extermines, tu effaces jusqu’à leur mémoire.
15. Tu as fait grandir la nation, Seigneur, tu as fait grandir notre nation, tu en es glorifié, tu as repoussé toutes les limites du pays.
16. Seigneur, dans la détresse on a recours à toi ; quand tu envoies un châtiment, on s’efforce de le conjurer.
17. Nous étions devant toi, Seigneur, comme la femme enceinte sur le point d’enfanter, qui se tord et crie dans les douleurs.
18. Nous avons conçu, nous avons été dans les douleurs, mais nous n’avons enfanté que du vent : nous n’apportons pas le salut à la terre, nul habitant du monde ne vient à la vie.
19. Tes morts revivront, leurs cadavres se lèveront. Ils se réveilleront, crieront de joie, ceux qui demeurent dans la poussière, car ta rosée, Seigneur, est rosée de lumière, et le pays des ombres redonnera la vie.
20. Va, mon peuple, rentre dans tes maisons, ferme sur toi les portes ; cache-toi un court instant, pendant que passe la colère.
21. Car voici le Seigneur qui sort de son lieu saint pour châtier la faute des habitants de la terre ; la terre laissera voir le sang versé et ne recouvrira plus ses victimes.
Chapitre 27
1. Ce jour-là, le Seigneur châtiera de son épée dure et grande et forte, Léviathan, le serpent fuyard, Léviathan, le serpent tortueux ; il tuera le dragon de la mer.
2. Ce jour-là, chantez la vigne exquise !
3. Moi, le Seigneur, j’en suis le gardien ; je l’arrose en temps voulu. De peur qu’on ne la visite, je la garde nuit et jour.
4. Je ne suis plus en fureur, mais si je trouve des épines et des ronces, je leur ferai la guerre, je les brûlerai toutes,
5. à moins que l’on cherche ma protection, que l’on fasse la paix avec moi, oui, qu’avec moi on fasse la paix.
6. À l’avenir, Jacob s’enracinera, Israël fleurira et poussera ses bourgeons, la face du monde sera couverte de fruits.
7. Israël a-t-il été frappé, comme le Seigneur avait frappé ceux qui le frappaient ? A-t-il été égorgé, comme il avait égorgé ses égorgeurs ?
8. Il l’a condamné au bannissement, à la déportation, il l’a chassé par le souffle violent d’un jour de vent d’est.
9. C’est ainsi que sera expiée la faute de Jacob ; et tel sera le fruit de la rémission de son péché : il traitera toutes les pierres des autels comme les pierres à chaux que l’on pulvérise, poteaux sacrés et colonnes à encens ne se dresseront plus.
10. La ville fortifiée, à l’écart, est un lieu dépeuplé, abandonné comme un désert. Le veau y viendra paître ; là, il se couchera, il saccagera ses arbustes.
11. Ses rameaux qui ont séché seront brisés : des femmes viennent qui les brûlent. Oui, ce peuple est sans discernement, voilà pourquoi Celui qui l’a fait n’en a pas compassion : Celui qui l’a façonné ne lui fera pas grâce.
12. Il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur fera le battage des épis depuis l’Euphrate jusqu’au Torrent d’Égypte ; quant à vous, fils d’Israël, vous serez glanés un par un.
13. Il arrivera, en ce jour-là, que l’on sonnera de la grande trompe ; ils viendront, ceux qui étaient perdus au pays d’Assour, et ceux qui étaient dispersés au pays d’Égypte ; ils se prosterneront devant le Seigneur, sur sa montagne sainte, à Jérusalem.
Chapitre 28
1. Malheur ! Samarie, insolente couronne des buveurs d’Éphraïm, fleur qui se fane, splendide parure, dominant une vallée plantureuse ! Vous êtes assommés par le vin !
2. Voici au service du Seigneur un homme fort et vigoureux, comme un orage de grêle, une tempête dévastatrice, un orage d’eaux puissantes, torrentielles : de sa main il va tout mettre à terre.
3. Elle sera foulée aux pieds, l’insolente couronne des buveurs d’Éphraïm.
4. La fleur qui se fane, splendide parure, dominant la vallée plantureuse, sera comme une figue précoce avant l’été : sitôt vue, sitôt cueillie, sitôt avalée.
5. Ce jour-là, le Seigneur de l’univers deviendra prestigieuse couronne, diadème de splendeur, pour le reste de son peuple ;
6. il deviendra esprit de jugement pour qui siège au jugement, et vaillance de ceux qui repoussent l’assaut devant la porte.
7. En voici d’autres que le vin égare, que la boisson forte fait divaguer : prêtre et prophète, la boisson les égare, ils sont troublés par le vin, ils divaguent sous l’effet de la boisson, s’égarent dans leurs visions et s’embrouillent dans leurs sentences.
8. Leurs tables sont couvertes d’infectes vomissures : plus un endroit propre.
9. Ils disent : « À qui veut-il faire la leçon ? À qui veut-il faire entendre le message ? À des enfants à peine sevrés, qui ne prennent plus le sein ?
10. Écoutez-le : “Fais-ci, fais-ça ; par-ci, par-là ; un peu ci, un peu là !” »
11. Eh bien, oui : c’est dans une langue ridicule, dans un jargon étrange, qu’il parlera à ce peuple.
12. Il leur avait dit : « C’est le repos ! Laissez l’accablé se reposer ! C’est le répit ! », mais ils n’ont pas voulu écouter.
13. Voici donc ce que leur dira le Seigneur : « Fais-ci, fais-ça ; par-ci, par-là ; un peu ci, un peu là ! », afin qu’en marchant ils trébuchent et tombent à la renverse, soient brisés, pris au piège et capturés.
14. C’est pourquoi, écoutez la parole du Seigneur, vous, les moqueurs, vous qui gouvernez ce peuple qui est à Jérusalem.
15. Vous dites : « Nous avons conclu une alliance avec la mort ; avec le séjour des morts nous avons fait un pacte ; quand passera le flot torrentiel, il ne nous atteindra pas ; car nous faisons du mensonge notre abri, dans la tromperie nous sommes cachés. »
16. Voilà pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu : Moi, dans Sion, je pose une pierre, une pierre à toute épreuve, choisie pour être une pierre d’angle, une véritable pierre de fondement. Celui qui croit ne s’inquiétera pas.
17. Je prendrai le droit comme cordeau, et la justice comme fil à plomb. Mais la grêle balaiera l’abri de mensonge et les eaux submergeront le refuge caché.
18. Votre alliance avec la mort se rompra, votre pacte avec le séjour des morts ne tiendra pas. Quand passera le flot torrentiel, vous serez broyés.
19. Chaque fois qu’il passera, il vous prendra ; il passera matin après matin, et le jour et la nuit ; ne restera que l’épouvante d’en apprendre la nouvelle.
20. Car : « Trop court est le lit pour se coucher, et trop étroite, la couverture pour s’y blottir. »
21. Oui, comme sur le mont Peracim, le Seigneur se dressera ; comme dans la vallée de Gabaon, il frémira d’indignation, pour accomplir son œuvre, – étrange est son œuvre –, pour se mettre à son travail, – insolite est son travail.
22. Et maintenant, ne vous moquez pas de peur que vos liens ne se resserrent : c’est la destruction, j’ai entendu qu’elle a été décidée par le Seigneur, Dieu de l’univers, contre tout le pays.
23. Tendez l’oreille, écoutez ma voix ; soyez attentifs, écoutez ma parole :
24. pour semer, faut-il que, tout le jour, le laboureur laboure sa terre, la retourne et la herse ?
25. Ne va-t-il pas aplanir le sol, pour répandre la nigelle, jeter le cumin, semer en pleine terre le blé, l’orge, le millet, et l’épeautre en bordure ?
26. Son Dieu lui enseigne cette pratique ; il l’a instruit :
27. on n’écrase pas la nigelle au traîneau, la roue du chariot ne passe pas sur le cumin ; mais on bat la nigelle avec le fléau, et le cumin avec le bâton.
28. Va-t-on broyer le froment ? On ne l’écrase pas sans fin : on le foule sous les roues du chariot, mais il n’est pas broyé.
29. Même cela vient du Seigneur de l’univers : il conçoit des merveilles, il réussit de grandes choses.
Chapitre 29
1. Malheur ! Ariel, Ariel, cité où campa David ! Ajoutez une année à l’année, que s’accomplisse le cycle des fêtes,
2. et j’opprimerai Ariel : il ne sera que plaintes et complaintes, il ne sera pour moi qu’un ariel, un brasier d’autel.
3. Contre toi, tout autour, je dresserai le camp, j’érigerai contre toi des remblais, j’élèverai contre toi des fortifications.
4. Tu seras si abaissée que ta parole semblera venir de terre, de la poussière elle montera assourdie, comme celle d’un revenant ta voix viendra de la terre, et de la poussière ta parole ne sera que chuchotement.
5. Mais la foule de tes ennemis n’est que poudre fine, la foule des tyrans n’est que paille au vent. Tout à coup, en un instant,
6. le Seigneur de l’univers interviendra dans le tonnerre, avec tremblement et fracas, dans l’ouragan et la tempête, dans la flamme d’un feu dévorant.
7. Comme disparaît un songe, une vision de nuit, telle est la foule de toutes les nations mobilisées contre Ariel, tous ceux qui l’assiègent dans sa forteresse, et qui l’oppriment.
8. Comme un affamé rêve qu’il mange et s’éveille le ventre creux, comme un assoiffé rêve qu’il boit et s’éveille épuisé, le gosier sec, ainsi en sera-t-il de la foule de toutes les nations mobilisées contre le mont Sion.
9. Soyez stupéfiés, stupéfaits, aveuglés, et aveugles ; enivrés sans vin, titubants sans avoir bu.
10. Car le Seigneur a répandu sur vous un esprit de torpeur ; il a fermé les yeux, que sont vos prophètes ; il a voilé les têtes, que sont vos voyants.
11. Toute vision est devenue pour vous comme les mots d’un livre scellé. On le donne à qui sait lire, en lui disant : « Lis donc ceci » ; mais il répond : « Je ne peux pas : le livre est scellé ! »
12. On le donne alors à qui ne sait pas lire, en lui disant : « Lis donc ceci » ; mais il répond : « Je ne sais pas lire. »
13. Le Seigneur dit : Parce que ce peuple s’approche de moi en me glorifiant de la bouche et des lèvres, alors que son cœur est loin de moi, parce que la crainte qu’ils ont de moi n’est que précepte enseigné par les hommes,
14. eh bien ! j’émerveillerai encore ce peuple par des merveilles de merveilles, et la sagesse de leurs sages se perdra et l’intelligence des intelligents disparaîtra.
15. Malheur ! Dans un profond secret, loin du Seigneur ils cachent leur projet, et leur ouvrage est fait dans l’obscurité ; ils se disent : « Qui nous voit ? Qui nous reconnaît ? »
16. C’est le monde à l’envers ! L’argile se prend-elle pour le potier ? L’ouvrage va-t-il dire de son fabricant : « Il ne m’a pas fabriqué », et le pot va-t-il dire du potier : « Il n’y connaît rien » ?
17. Ne le savez-vous pas ? Encore un peu, très peu de temps, et le Liban se changera en verger, et le verger sera pareil à une forêt.
18. Les sourds, en ce jour-là, entendront les paroles du livre. Quant aux aveugles, sortant de l’obscurité et des ténèbres, leurs yeux verront.
19. Les humbles se réjouiront de plus en plus dans le Seigneur, les malheureux exulteront en Dieu, le Saint d’Israël.
20. Car ce sera la fin des tyrans, l’extermination des moqueurs, et seront supprimés tous ceux qui s’empressent à mal faire,
21. ceux qui font condamner quelqu’un par leur témoignage, qui faussent les débats du tribunal et sans raison font débouter l’innocent.
22. C’est pourquoi le Seigneur, lui qui a libéré Abraham, parle ainsi à la maison de Jacob : « Désormais Jacob n’aura plus de honte, son visage ne pâlira plus ;
23. car, quand il verra chez lui ses enfants, l’œuvre de mes mains, il sanctifiera mon nom, il sanctifiera le Dieu Saint de Jacob, il tremblera devant le Dieu d’Israël.
24. Les esprits égarés découvriront l’intelligence, et les récalcitrants accepteront qu’on les instruise. »
Chapitre 30
1. Malheur aux fils rebelles, – oracle du Seigneur –, qui font un projet, mais sans moi, qui concluent un traité, mais sans mon esprit, accumulant ainsi péché sur péché.
2. Ils descendent en Égypte, sans m’avoir consulté, pour trouver refuge auprès de Pharaon, pour s’abriter à l’ombre de l’Égypte.
3. Mais le refuge de Pharaon sera votre honte, et l’abri que vous cherchez à l’ombre de l’Égypte sera votre confusion.
4. Même si vos princes sont déjà à Tanis, si vos ambassadeurs sont parvenus à Hanès,
5. ils seront tous couverts de honte par un peuple qui leur sera inutile, qui ne leur sera d’aucun secours, d’aucune utilité, sinon pour la honte et même l’infamie.
6. Proclamation des bêtes du Néguev. Au pays de la détresse et de l’angoisse, de la lionne et du lion rugissant, de la vipère et du dragon volant, ils transportent sur le dos des ânes leurs richesses, et leurs trésors sur la bosse des chameaux vers un peuple qui leur sera inutile,
7. l’Égypte, dont le secours n’est que vide et vent. C’est pourquoi je l’ai nommée « Rahab-la-paresse ».
8. Maintenant, viens, écris ceci pour eux sur une tablette, inscris-le sur un document, et que ce soit dans l’avenir un témoignage à tout jamais :
9. « C’est un peuple rebelle, ce sont des fils menteurs, des fils qui n’acceptent pas d’écouter la loi du Seigneur,
10. eux qui disent aux voyants : “Ne voyez pas !” et aux prophètes : “Ne prophétisez pas pour nous des choses vraies, dites-nous des choses agréables, prophétisez des chimères.
11. Quittez donc le chemin, écartez-vous de la route, laissez-nous tranquilles avec le Dieu Saint d’Israël !” »
12. Mais voici ce qu’il déclare, le Saint d’Israël : Vous avez rejeté ce que j’ai dit, vous avez mis votre confiance dans la violence et la ruse et vous en avez fait votre appui ;
13. ce péché-là sera pour vous comme une lézarde qui se creuse : un renflement apparaît sur une haute muraille, elle s’effondre brusquement, d’un seul coup.
14. Elle s’effondre comme une poterie que l’on brise sans ménagement : impossible de trouver dans ses débris un tesson pour prendre du feu dans le foyer ou puiser de l’eau à la citerne.
15. Le Seigneur, le Dieu saint d’Israël, avait parlé ainsi : Par la conversion et le calme, vous serez sauvés ; dans la tranquillité, dans la confiance sera votre force ; mais vous n’avez pas accepté !
16. Vous avez dit : « Pas du tout ! Nous fuirons à cheval ! » – Eh bien, oui, vous fuirez ! Vous avez dit encore : « Nos chars sont rapides ! » – Eh bien, rapides seront vos poursuivants !
17. Vous serez un millier sous la menace d’un seul, et sous la menace de cinq vous prendrez la fuite : il ne restera de vous qu’un mât au sommet de la montagne, un étendard sur la hauteur.
18. Cependant le Seigneur attend de vous faire grâce, il se dressera pour vous montrer sa tendresse, car le Seigneur est le Dieu juste : heureux tous ceux qui l’attendent !
19. Peuple de Sion, toi qui habites Jérusalem, tu ne pleureras jamais plus. À l’appel de ton cri, le Seigneur te fera grâce. Dès qu’il t’aura entendu, il te répondra.
20. Le Seigneur te donnera du pain dans la détresse, et de l’eau dans l’épreuve. Celui qui t’instruit ne se dérobera plus et tes yeux le verront.
21. Tes oreilles entendront derrière toi une parole : « Voici le chemin, prends-le ! », et cela, que tu ailles à droite ou à gauche.
22. Tu déclareras impur le placage d’argent de tes statues et le revêtement d’or de tes idoles de métal : tu les jetteras comme des immondices et tu diras : « Dehors ! »
23. Le Seigneur te donnera la pluie pour la semence que tu auras jetée en terre, et le pain que produira la terre sera riche et nourrissant. Ton bétail ira paître, ce jour-là, sur de vastes pâturages.
24. Les bœufs et les ânes qui travaillent dans les champs mangeront un fourrage salé, étalé avec la pelle et la fourche.
25. Sur toute haute montagne, sur toute colline élevée couleront des ruisseaux, au jour du grand massacre, quand tomberont les tours de défense.
26. La lune brillera comme le soleil, le soleil brillera sept fois plus, – autant que sept jours de lumière – le jour où le Seigneur pansera les plaies de son peuple et guérira ses meurtrissures.
27. Voici venir de loin le nom du Seigneur ; brûlante est sa colère, lourde, écrasante ; ses lèvres sont gonflées d’indignation, sa langue est un feu dévorant,
28. son souffle, un torrent qui déborde et monte jusqu’à la gorge ; il va secouer les nations d’une secousse fatale, mettre aux mâchoires des peuples un mors qui les fasse divaguer.
29. Alors vous pourrez chanter comme dans la nuit où l’on célèbre la fête avec la joie au cœur, comme on va, au son des flûtes, à la montagne du Seigneur, vers le rocher d’Israël.
30. Et le Seigneur fera entendre sa voix majestueuse ; il fera sentir le poids de son bras dans la fureur de sa colère, par la flamme d’un feu dévorant, la tornade, l’orage et la grêle.
31. À la voix du Seigneur qui frappera de son sceptre, Assour tremblera.
32. Chaque coup de bâton sera un châtiment que le Seigneur lui assénera au son des tambourins et des cithares ; par le geste de sa main il les combattra.
33. D’avance, la fournaise est préparée, y compris pour le roi ; elle est prête, profonde et large ; en son foyer, un grand feu, beaucoup de bois ; comme un torrent de soufre, le souffle du Seigneur l’embrasera.
Chapitre 31
1. Malheur ! Ceux qui descendent en Égypte pour y trouver secours : ils comptent sur des chevaux, ils s’appuient sur le nombre des chars, sur la grande puissance d’une cavalerie, mais ils ne regardent pas vers le Saint d’Israël : le Seigneur, ils ne le consultent pas.
2. Pourtant c’est lui, le sage : quand il fait venir le malheur, il ne reprend pas sa parole ; il se dresse contre le parti des malfaisants contre le secours venant des ouvriers du mal.
3. Les Égyptiens sont des hommes, pas des dieux : leurs chevaux sont de chair, pas d’esprit ! Quand le Seigneur étend la main, celui qui secourt trébuche, qui est secouru s’écroule : tous deux disparaîtront.
4. Car le Seigneur m’a dit ceci : Quand rugit vers sa proie le lion, le jeune lion, et que la foule des bergers est appelée contre lui, il n’a pas peur de leurs cris, ne répond pas à leur tapage. Ainsi le Seigneur de l’univers descendra pour combattre sur la montagne de Sion, sur sa colline.
5. Comme les oiseaux qui étendent leurs ailes, ainsi le Seigneur de l’univers protégera Jérusalem : il protégera et libérera, il épargnera et délivrera.
6. Revenez donc, fils d’Israël, vers celui que vous avez gravement trahi.
7. Ce jour-là, chacun de vous rejettera ses idoles d’argent, ses idoles d’or, celles que vous vous êtes fabriquées de vos mains – c’est un péché !
8. Assour tombera sous une épée qui n’est pas celle d’un homme, une épée surhumaine qui le dévorera : il fuira devant cette épée ; ses jeunes gens seront soumis à la corvée.
9. Celui qui est son rocher, s’en ira, pris de terreur, et ses princes, effrayés, abandonneront l’étendard, – oracle du Seigneur dont le feu brûle à Sion, et la fournaise, à Jérusalem.
Chapitre 32
1. Voici un roi qui règne avec justice, des princes qui gouvernent selon le droit :
2. chacun sera comme un abri contre le vent, un refuge contre l’orage, comme un ruisseau sur une terre desséchée, l’ombre d’un grand rocher dans un pays torride.
3. Les yeux qui regardent ne seront plus aveuglés, les oreilles qui écoutent seront attentives ;
4. le cœur frivole réfléchira pour comprendre et la langue des bègues parlera vite et clairement.
5. Le fou ne sera plus déclaré noble, l’escroc ne sera pas dit honorable.
6. Qui est fou ne dit que des folies et son cœur fait le mal : il commet l’impiété, il blasphème le Seigneur ; il laisse l’affamé le ventre creux et l’assoiffé sans rien à boire.
7. Quant à l’escroc, elles sont odieuses, ses escroqueries : il conçoit des mauvais coups pour perdre les humbles par des mensonges, quand le malheureux plaide son bon droit.
8. Qui est noble conçoit de nobles projets : il se lève, lui, pour de nobles causes.
9. Femmes insouciantes, debout ! Écoutez ma voix ! Filles présomptueuses, prêtez l’oreille à ma parole :
10. Dans un an révolu, vous tremblerez, présomptueuses, car la vendange sera perdue, on ne rentrera pas de récolte.
11. Alarmez-vous, insouciantes ! tremblez, présomptueuses ! Dévêtez-vous, dénudez-vous avec un pagne autour des reins.
12. Frappez-vous la poitrine : faites le deuil sur la campagne riante sur les vignes fertiles,
13. sur la terre de mon peuple, où poussent la broussaille et l’épine, et sur les maisons joyeuses de la cité en liesse !
14. Oui, le palais sera abandonné, la ville bruyante sera désertée. L’Ophel et la Tour de guet deviendront à jamais des repaires, joie des ânes sauvages et pâture des troupeaux,
15. jusqu’à ce que soit répandu sur nous l’esprit qui vient d’en haut. Alors le désert deviendra un verger, et le verger sera pareil à une forêt.
16. Le droit habitera le désert, la justice résidera dans le verger.
17. L’œuvre de la justice sera la paix, et la pratique de la justice, le calme et la sécurité pour toujours.
18. Mon peuple habitera un séjour de paix, des demeures protégées, des lieux sûrs de repos.
19. – Mais la forêt s’écroulera sous la grêle et la ville sera entièrement démolie.
20. Heureux vous qui sèmerez près de tous les cours d’eau, et laisserez aller le bœuf et l’âne.
Chapitre 33
1. Malheur ! Toi, dévastateur qui n’as pas été dévasté, ravageur qui n’as pas subi de ravage, quand tu auras fini de dévaster, tu seras dévasté ! quand tu auras cessé de ravager, on te ravagera !
2. Seigneur, fais-nous grâce : c’est toi que nous attendons ! Chaque matin, sois notre bras, notre salut aux jours de détresse.
3. À la voix qui tonne, les peuples s’enfuient ; quand tu te lèves, les nations se dispersent.
4. Votre butin s’entasse comme s’entassent des insectes ; c’est la ruée, une ruée de sauterelles.
5. Le Seigneur domine, il habite les hauteurs ; il emplit Sion de droit et de justice :
6. il sera la sécurité de tes jours. Sagesse et connaissance : des biens pour le salut ; la crainte du Seigneur : un trésor qu’il te donne.
7. Voici que les voyants se lamentent sur les places ; les messagers de paix pleurent amèrement.
8. Les routes sont désolées ; sur les chemins, le passant a disparu. L’alliance est rompue : on méprise les témoins ; un homme ne compte plus.
9. La terre, en deuil, languit ; le Liban, honteux, s’assombrit. Le Sarone ressemble au désert ; le Bashane et le Carmel se fanent.
10. « Maintenant, je surgis – dit le Seigneur ; maintenant, je me dresse ; maintenant, je m’élève !
11. Vous concevez du foin : vous enfantez de la paille ! Votre souffle est le feu qui vous dévorera.
12. Les peuples seront brûlés à la chaux, épines coupées que l’on enflamme.
13. Écoutez ce que j’ai fait, vous qui êtes loin ; et vous qui êtes proches, reconnaissez ma vaillance !
14. Dans Sion, les pécheurs sont terrifiés ; un tremblement saisit les pervers : “Qui de nous résistera ? c’est un feu dévorant ! Qui de nous résistera ? c’est une fournaise sans fin !”
15. Celui qui va selon la justice et parle avec droiture, qui méprise un gain frauduleux, détourne sa main d’un profit malhonnête, qui ferme son oreille aux propos sanguinaires et baisse les yeux pour ne pas voir le mal,
16. celui-là habitera les hauteurs, hors d’atteinte, à l’abri des rochers. Le pain lui sera donné ; les eaux lui seront assurées. »
17. Tes yeux verront le roi dans sa beauté ; ils découvriront les lointains du pays.
18. Tu repenseras aux terreurs passées : « Celui qui comptait, où est-il ? Celui qui contrôlait, où est-il ? Où est celui qui comptait les tours ? »
19. Tu ne verras plus le peuple brutal, ce peuple au langage impénétrable, à la langue ridicule et incompréhensible.
20. Contemple Sion, la cité de nos fêtes, tes yeux verront Jérusalem : c’est une résidence sûre, la tente qu’on ne déplacera plus, dont les piquets ne seront jamais arrachés, dont aucune corde ne sera rompue.
21. Et même, c’est là que le Seigneur nous montre sa grandeur : c’est un lieu de fleuves, de larges canaux, qu’aucune galère ne traverse, qu’aucun grand navire ne sillonne.
22. Oui, le Seigneur est notre juge, le Seigneur nous donne des lois, le Seigneur est notre roi : c’est lui qui nous sauve.
23. Tes cordes sont relâchées : elles n’assurent pas la stabilité du mât et ne tiennent pas l’étendard déployé. Alors les aveugles se partageront quantité de butin ; les boiteux prendront part au pillage.
24. Aucun de ceux qui demeurent là ne dira plus : “Je suis malade.” Le peuple qui habite Jérusalem sera déchargé de sa faute.
Chapitre 34
1. Approchez, nations, pour entendre ! Peuples, soyez attentifs ! Que la terre entende, avec sa richesse, et le monde, avec tout ce qu’il produit.
2. Car le Seigneur s’irrite contre toutes les nations, il est en fureur contre toute leur armée : il les a vouées à l’anathème et les a livrées au carnage.
3. Leurs morts sont abandonnés sur le sol, de leurs cadavres monte une puanteur, les montagnes ruissellent de leur sang.
4. Toute l’armée des cieux se liquéfie, les cieux s’enroulent comme un livre ; toute leur armée se flétrit comme se flétrissent les feuilles de la vigne ou les fruits avortés du figuier.
5. Car mon épée apparaît dans les cieux, et voici qu’elle descend sur Édom, sur le peuple que j’ai condamné à l’anathème.
6. L’épée du Seigneur est pleine de sang, elle est gluante de graisse, du sang des agneaux et des boucs, de la graisse des rognons de béliers ; c’est un sacrifice pour le Seigneur à Bosra, un grand carnage au pays d’Édom.
7. Avec eux tombent des buffles, des taureaux et des bœufs, leur terre s’enivre de sang et leur poussière est gluante de graisse.
8. C’est pour le Seigneur un jour de vengeance, l’année des représailles pour la cause de Sion.
9. Les torrents d’Édom se changent en goudron, sa poussière, en soufre ; et sa terre devient du goudron brûlant,
10. qui ne s’éteindra ni de jour ni de nuit : sa fumée montera sans fin ; pour toutes les générations, Édom sera un désert où plus personne jamais ne passera.
11. La hulotte et le hérisson vont l’occuper, la chouette et le corbeau y demeurer. Le Seigneur tendra sur Édom cordeau et fil à plomb pour en faire un chaos.
12. Ses notables n’y seront plus pour proclamer la royauté, tous ses princes auront disparu.
13. Dans ses citadelles pousseront des épines, dans ses forteresses, orties et chardons. Ce sera le séjour des chacals, la pâture des autruches.
14. Les chats sauvages y côtoieront les hyènes, les boucs s’appelleront l’un l’autre. C’est là que le démon de la nuit se tapira pour y prendre son repos ;
15. là que le serpent nichera et pondra, qu’il fera éclore et protégera de son ombre ; là aussi se rassembleront les vautours, l’un avec l’autre.
16. Cherchez dans le livre du Seigneur et lisez : Aucun d’entre eux ne manque, pas un n’aura à chercher l’autre. Car c’est la bouche du Seigneur qui ordonne et son souffle qui les rassemble.
17. Lui-même a tiré au sort pour eux, sa main leur a partagé le territoire au cordeau. Pour toujours ils le posséderont, ils y demeureront de génération en génération.
Chapitre 35
1. Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose,
2. qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.
3. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent,
4. dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »
5. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds.
6. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ; car l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride.
7. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif, en eaux jaillissantes. Dans le séjour où gîtent les chacals, l’herbe deviendra des roseaux et des joncs.
8. Là, il y aura une chaussée, une voie qu’on appellera « la Voie sacrée ». L’homme impur n’y passera pas – il suit sa propre voie – et les insensés ne viendront pas s’y égarer.
9. Là, il n’y aura pas de lion, aucune bête féroce ne surgira, il ne s’en trouvera pas ; mais les rachetés y marcheront.
10. Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient.
Chapitre 36
1. La quatorzième année du roi Ézékias, Sennakérib, roi d’Assour, monta contre toutes les villes fortifiées de Juda et s’en empara.
2. Depuis la ville de Lakish, le roi d’Assour envoya au roi Ézékias, à Jérusalem, le grand échanson, avec une armée considérable. Il prit position près du canal du réservoir supérieur, sur la route du Champ-du-Foulon.
3. Le maître du palais, Éliakim, fils d’Helcias, le secrétaire Shebna, et l’archiviste Joah, fils d’Assaf, sortirent à sa rencontre.
4. Le grand échanson leur dit : « Je vous en prie, dites à Ézékias : Ainsi parle le grand roi, le roi d’Assour : Quelle est cette confiance en laquelle tu te reposes ?
5. Tu te dis : “Parole des lèvres vaut conseil et vaillance pour la guerre !” En qui donc as-tu mis ta confiance pour te révolter contre moi ?
6. Voici que tu as mis ta confiance dans le soutien de ce roseau brisé, l’Égypte, qui pénètre et perce la main de quiconque s’appuie sur lui : tel est Pharaon, roi d’Égypte, pour tous ceux qui mettent leur confiance en lui !
7. Tu me diras peut-être : “C’est dans le Seigneur notre Dieu que nous mettons notre confiance…” Mais n’est-ce pas ce Dieu dont Ézékias a fait supprimer les lieux sacrés et les autels, en disant aux gens de Juda et de Jérusalem : “C’est devant cet autel, à Jérusalem, que vous vous prosternerez” ?
8. Eh bien ! lance donc un défi à mon seigneur le roi d’Assour, et je te donnerai deux mille chevaux si tu peux te procurer des cavaliers pour les monter !
9. Comment ferais-tu reculer un seul gouverneur, le moindre des serviteurs de mon seigneur ? Et tu mets ta confiance dans l’Égypte pour avoir chars et cavaliers !
10. Et puis, est-ce indépendamment du Seigneur que je suis monté contre ce pays pour le détruire ? C’est le Seigneur qui m’a dit : “Monte vers ce pays et détruis-le !” »
11. Éliakim, Shebna et Joah dirent au grand échanson : « Je t’en prie, parle en araméen à tes serviteurs, car nous le comprenons ; mais ne nous parle pas en judéen, près des oreilles du peuple qui est sur le rempart. »
12. Le grand échanson répondit : « Est-ce à ton maître et à toi que mon seigneur m’a envoyé dire ces paroles ? N’est-ce pas aux hommes qui se tiennent sur le rempart, réduits, comme vous, à manger leurs excréments et à boire leur urine ? »
13. Le grand échanson se tint debout et cria d’une voix forte en judéen ; il prononça ces mots : « Écoutez les paroles du grand roi, le roi d’Assour.
14. Ainsi parle le roi : Qu’Ézékias ne vous trompe pas car il ne pourra vous délivrer.
15. Et qu’Ézékias ne vous persuade pas de mettre votre confiance dans le Seigneur, en disant : “Sûrement le Seigneur nous délivrera ; cette ville ne sera pas livrée aux mains du roi d’Assour.”
16. N’écoutez pas Ézékias, car ainsi parle le roi d’Assour : “Faites la paix avec moi, et rendez-vous à moi. Que chacun de vous mange les fruits de sa vigne et de son figuier, et qu’il boive l’eau de sa citerne,
17. jusqu’à ce que je vienne vous prendre pour vous emmener dans un pays comme le vôtre, un pays de froment et de vin nouveau, un pays de pain et de vignobles.”
18. Il ne faudrait pas qu’Ézékias vous abuse en disant : “Le Seigneur nous délivrera.” Les dieux des nations ont-ils délivré chacun son pays de la main du roi d’Assour ?
19. Où sont les dieux de Hamath et d’Arpad ? Où sont les dieux de Sefarwaïm ? Ont-ils délivré Samarie de ma main ?
20. Parmi tous les dieux de ces pays, lesquels ont délivré leur pays de ma main, pour que le Seigneur délivre de ma main Jérusalem ? »
21. Le peuple garda le silence et ne lui répondit pas un mot, car tel était l’ordre du roi : « Vous ne lui répondrez pas. »
22. Éliakim, fils d’Helcias, maître du palais, le secrétaire Shebna et l’archiviste Joah, fils d’Assaf, remontèrent vers Ézékias, les vêtements déchirés, et lui rapportèrent les paroles du grand échanson.
Chapitre 37
1. Quand le roi Ézékias entendit cela, il déchira ses vêtements, se couvrit d’une toile à sac et se rendit à la Maison du Seigneur.
2. Et il envoya le maître du palais Éliakim, le secrétaire Shebna et les plus anciens des prêtres, couverts de toile à sac, vers Isaïe le prophète, fils d’Amots.
3. Ils lui dirent : « Ainsi parle Ézékias : Jour d’angoisse, de châtiment et de honte, que ce jour-ci ! Car des fils arrivent à terme, et la force manque pour enfanter.
4. Peut-être le Seigneur ton Dieu entendra-t-il les paroles du grand échanson, lui que le roi d’Assour, son seigneur, a envoyé pour insulter le Dieu vivant. Peut-être le punira-t-il pour les paroles que le Seigneur ton Dieu aura entendues. Fais monter une prière en faveur du reste qui subsiste. »
5. Les serviteurs du roi Ézékias se rendirent auprès d’Isaïe,
6. qui leur dit : « Vous parlerez ainsi à votre maître : Ainsi parle le Seigneur : Ne crains pas les paroles que tu as entendues, les insultes proférées contre moi par les valets du roi d’Assour.
7. Voici que, sur une nouvelle qu’il apprendra, je vais lui inspirer de retourner dans son pays et, dans son pays, je le ferai tomber par l’épée. »
8. Le grand échanson s’en retourna. Ayant appris que le roi d’Assour avait quitté la ville de Lakish, il le trouva qui attaquait la ville de Libna.
9. Le roi d’Assour avait appris cette nouvelle, au sujet de Tirhaqa, roi d’Éthiopie : « Il s’est mis en campagne pour passer à l’attaque contre toi. » Quand le roi d’Assour l’apprit, il envoya des messagers dire à Ézékias :
10. « Vous parlerez à Ézékias, roi de Juda, en ces termes : Ne te laisse pas tromper par ton Dieu, en qui tu mets ta confiance, et ne dis pas : “Jérusalem ne sera pas livrée aux mains du roi d’Assour !”
11. Tu sais bien ce que les rois d’Assour ont fait à tous les pays : ils les ont voués à l’anathème. Et toi seul, tu serais délivré ?
12. Les dieux des nations les ont-ils délivrées, elles que mes pères ont fait détruire : Gozane, Harrane, Récef, et les gens d’Éden qui sont à Telassar ?
13. Où sont le roi de Hamath, le roi d’Arpad, le roi de Lahir, de Sefarwaïm, de Héna et de Iwwa ? »
14. Ézékias prit la lettre de la main des messagers ; il la lut. Puis il monta à la Maison du Seigneur, déplia la lettre devant le Seigneur,
15. et le pria en disant :
16. « Seigneur de l’univers, Dieu d’Israël, toi qui sièges sur les Kéroubim, tu es le seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c’est toi qui as fait le ciel et la terre.
17. Prête l’oreille, Seigneur, et entends, ouvre les yeux, Seigneur, et vois ! Écoute le message envoyé par Sennakérib pour insulter le Dieu vivant.
18. Il est vrai, Seigneur, que les rois d’Assour ont ravagé tous les pays et leur territoire,
19. et brûlé leurs dieux : en réalité, ce n’étaient pas des dieux, mais un ouvrage de mains d’hommes, fait avec du bois et de la pierre ; c’est pourquoi ils ont pu les faire disparaître.
20. Maintenant, Seigneur notre Dieu, sauve-nous de la main de Sennakérib, et tous les royaumes de la terre sauront que tu es Seigneur, toi le seul ! »
21. Alors le prophète Isaïe, fils d’Amots, envoya dire à Ézékias : « Ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Tu m’as adressé une prière au sujet de Sennakérib, roi d’Assour.
22. Voici la parole que le Seigneur a prononcée contre lui : Elle te méprise, elle te nargue, la vierge, la fille de Sion. Elle hoche la tête pour se moquer de toi, la fille de Jérusalem.
23. Qui as-tu insulté, outragé, contre qui as-tu élevé la voix ? Sur qui, avec hauteur, as-tu porté les yeux ? Sur le Saint d’Israël !
24. Par tes serviteurs tu as insulté mon Seigneur. Tu as dit : “Avec mes nombreux chars, moi, j’ai gravi le sommet des montagnes, les cimes du Liban ; j’ai abattu ses cèdres les plus fiers, ses cyprès les plus beaux ; j’ai atteint sa plus lointaine hauteur, son parc forestier.
25. Moi, j’ai creusé, et j’ai bu des eaux étrangères, j’ai asséché sous mes pas tous les canaux de l’Égypte.”
26. N’entends-tu pas ? Depuis longtemps j’avais fait ce projet, depuis les temps anciens je l’ai formé ; maintenant je le réalise. Toi, tu étais destiné à réduire en tas de ruines les villes fortifiées.
27. Leurs habitants ont la main trop courte, ils sont effrayés, confondus ; ils ressemblent à l’herbe des champs, à la verdure des prés, à l’herbe des toits, et aux cultures avant qu’elles aient levé.
28. Mais je sais quand tu t’assieds, quand tu sors et quand tu rentres, quand tu t’emportes contre moi.
29. Parce que tu t’es emporté contre moi, que tes insolences sont montées à mes oreilles, je passerai un crochet à ton nez, un mors à ta bouche ; je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu.
30. Voici pour toi un signe, Ézékias : Cette année on mangera le grain tombé, l’an prochain, ce qui aura poussé tout seul ; mais la troisième année, semez et moissonnez, plantez des vignes et mangez-en le fruit.
31. Le reste, survivant de la maison de Juda, fera de nouveau des racines par en bas, et par en haut donnera des fruits.
32. Oui, un reste sortira de Jérusalem, et des survivants, de la montagne de Sion. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !
33. Et voici ce que dit le Seigneur au sujet du roi d’Assour : Il n’entrera pas dans cette ville, il ne lui lancera pas une seule flèche, il ne lui opposera pas un seul bouclier, il n’élèvera pas un seul remblai :
34. il retournera par le chemin par lequel il est venu. Non, il n’entrera pas dans cette ville, – oracle du Seigneur.
35. Je protégerai cette ville, je la sauverai à cause de moi-même et de David mon serviteur. »
36. L’ange du Seigneur sortit et frappa cent quatre-vingt-cinq mille hommes dans le camp assyrien. Le matin, quand on se leva, ce n’était que des cadavres.
37. Sennakérib, roi d’Assour, plia bagage et s’en alla. Il revint à Ninive et y demeura.
38. Or, comme il se prosternait dans la maison de Nisrok, son dieu, ses fils Adrammélek et Sarécèr le frappèrent de l’épée et s’enfuirent au pays d’Ararat. Son fils Asarhaddone régna à sa place.
Chapitre 38
1. En ces jours-là, le roi Ézékias souffrait d’une maladie mortelle. Le prophète Isaïe, fils d’Amots, vint lui dire : « Ainsi parle le Seigneur : Prends des dispositions pour ta maison, car tu vas mourir, tu ne guériras pas. »
2. Ézékias se tourna vers le mur et fit cette prière au Seigneur :
3. « Ah ! Seigneur, souviens-toi ! J’ai marché en ta présence, dans la loyauté et d’un cœur sans partage, et j’ai fait ce qui est bien à tes yeux. » Puis le roi Ézékias fondit en larmes.
4. La parole du Seigneur fut adressée à Isaïe :
5. « Va dire à Ézékias : Ainsi parle le Seigneur, Dieu de David ton ancêtre : J’ai entendu ta prière, j’ai vu tes larmes. Je vais ajouter quinze années à ta vie.
6. Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d’Assour, je protégerai cette ville.
7. Voici le signe que le Seigneur te donne pour montrer qu’il accomplira sa promesse :
8. Je vais faire reculer de dix degrés l’ombre qui est déjà descendue sur le cadran solaire d’Acaz. » Et le soleil remonta sur le cadran les dix degrés qu’il avait déjà descendus.
9. Cantique d’Ézékias, roi de Juda, lorsqu’il tomba malade et survécut à sa maladie.
10. Je disais : Au milieu de mes jours, je m’en vais ; j’ai ma place entre les morts pour la fin de mes années.
11. Je disais : Je ne verrai pas le Seigneur sur la terre des vivants, plus un visage d’homme parmi les habitants du monde !
12. Ma demeure m’est enlevée, arrachée, comme une tente de berger. Tel un tisserand, j’ai dévidé ma vie : le fil est tranché. Du jour à la nuit, tu m’achèves ;
13. j’ai crié jusqu’au matin. Comme un lion, il a broyé tous mes os. Du jour à la nuit, tu m’achèves.
14. Comme l’hirondelle, je crie ; je gémis comme la colombe. À regarder là-haut, mes yeux faiblissent : Seigneur, je défaille ! Sois mon soutien ! [
15. Que lui dirai-je pour qu’il me réponde, à lui qui agit ? J’irais, errant au long de mes années avec mon amertume ?
16. « Le Seigneur est auprès d’eux : ils vivront ! Tout ce qui vit en eux vit de son esprit ! » Oui, tu me guériras, tu me feras vivre :
17. voici que mon amertume se change en paix.] Et toi, tu t’es attaché à mon âme, tu me tires du néant de l’abîme. Tu as jeté, loin derrière toi, tous mes péchés.
18. La mort ne peut te rendre grâce, ni le séjour des morts, te louer. Ils n’espèrent plus ta fidélité, ceux qui descendent dans la fosse.
19. Le vivant, le vivant, lui, te rend grâce, comme moi, aujourd’hui. Et le père à ses enfants montrera ta fidélité.
20. Seigneur, viens me sauver ! Et nous jouerons sur nos cithares, tous les jours de notre vie, auprès de la Maison du Seigneur.
21. Puis Isaïe dit : « Qu’on apporte un gâteau de figues ; qu’on l’applique sur l’ulcère, et le roi vivra. »
22. Ézékias dit : « À quel signe reconnaîtrai-je que je pourrai monter à la Maison du Seigneur ? »
Chapitre 39
1. En ce temps-là, Mérodak-Baladane, fils de Baladane, roi de Babylone, envoya des lettres et un présent à Ézékias ; il avait appris qu’Ézékias avait été malade et avait retrouvé des forces.
2. Ézékias s’en réjouit et montra aux envoyés ses entrepôts, l’argent et l’or, les aromates et l’huile parfumée, ainsi que tout son arsenal et tout ce qui se trouvait dans ses trésors. Il n’y eut rien qu’Ézékias ne leur ait montré dans sa maison et dans tout son royaume.
3. Le prophète Isaïe vint alors trouver le roi Ézékias et lui demanda : « Qu’ont-ils dit, ces gens-là, et d’où venaient-ils ? » Ézékias répondit : « Ils venaient d’un pays lointain, de Babylone. »
4. Il demanda : « Et qu’ont-ils vu dans ta maison ? » Ézékias dit : « Tout ce qui se trouve dans ma maison, ils l’ont vu. Il n’y a rien, dans mes trésors, que je ne leur aie montré. »
5. Alors Isaïe dit à Ézékias : « Écoute la parole du Seigneur de l’univers :
6. Voici venir des jours, où tout ce qui est dans ta maison, ce que tes pères ont amassé jusqu’à aujourd’hui, sera emporté à Babylone ; il n’en restera rien – dit le Seigneur.
7. On prendra plusieurs de tes fils, issus de toi, engendrés par toi ; ils seront eunuques dans le palais du roi de Babylone. »
8. Ézékias dit à Isaïe : « C’est une bonne chose que tu me dis de la part du Seigneur. » Il se disait : « Il y aura la paix et la stabilité pendant ma vie ! »
Chapitre 40
1. Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu –
2. parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes.
3. Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu.
4. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée !
5. Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. »
6. Une voix dit : « Proclame ! » Et je dis : « Que vais-je proclamer ? » Toute chair est comme l’herbe, toute sa grâce, comme la fleur des champs :
7. l’herbe se dessèche et la fleur se fane quand passe sur elle le souffle du Seigneur. Oui, le peuple est comme l’herbe :
8. l’herbe se dessèche et la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu demeure pour toujours.
9. Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! »
10. Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage.
11. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent.
12. Qui a jaugé les eaux des mers dans le creux de sa main, et, de ses doigts, mesuré les cieux, évalué en boisseaux la poussière de la terre, pesé les montagnes au crochet et les collines sur la balance ?
13. Qui mesuré l’esprit du Seigneur ? Qui l’a conseillé pour l’instruire ?
14. De qui a-t-il pris conseil pour discerner, pour apprendre les chemins du jugement, pour acquérir le savoir et s’instruire des voies de l’intelligence ?
15. Voici les nations : elles sont pour lui comme une goutte au bord d’un seau, un grain de sable sur le plateau de la balance ! Voici les îles, comme une poussière qu’il soulève !
16. Le Liban ne pourrait suffire au feu, ni ses animaux, suffire à l’holocauste.
17. Toutes les nations, devant lui, sont comme rien, moins que vide et néant pour lui.
18. À qui pourriez-vous comparer Dieu, quelle forme lui donneriez-vous ?
19. L’idole, c’est un artisan qui l’a fondue ; un orfèvre plaque sur elle de l’or et fabrique pour elle des chaînettes d’argent.
20. Le pauvre, pour ses dévotions, choisit du bois imputrescible ; il cherche un artisan habile pour fixer une idole qui ne vacille pas.
21. Ne savez-vous pas, n’avez-vous pas entendu, ne vous a-t-on pas annoncé dès le commencement, n’avez-vous pas compris comment la terre a été fondée ?
22. Il habite au-dessus de la voûte qui couvre la terre dont les habitants semblent des sauterelles. Comme une toile, il a tendu les cieux, il les a dépliés comme une tente d’habitation.
23. Il a réduit à rien les grands, et à néant, les juges de la terre.
24. Pas même plantés, pas même semés, leur tige n’ayant pas même pris racine en terre, il souffle sur eux, les voilà qui se dessèchent, et le tourbillon les enlève comme de la paille.
25. À qui pourriez-vous me comparer, qui pourrait être mon égal ? – dit le Dieu Saint.
26. Levez les yeux et regardez : qui a créé tout cela ? Celui qui déploie toute l’armée des étoiles, et les appelle chacune par son nom. Si grande est sa force, et telle est sa puissance que pas une seule ne manque.
27. Jacob, pourquoi dis-tu, Israël, pourquoi affirmes-tu : « Mon chemin est caché au Seigneur, mon droit échappe à mon Dieu » ?
28. Tu ne le sais donc pas, tu ne l’as pas entendu ? Le Seigneur est le Dieu éternel, il crée jusqu’aux extrémités de la terre, il ne se fatigue pas, ne se lasse pas. Son intelligence est insondable.
29. Il rend des forces à l’homme fatigué, il augmente la vigueur de celui qui est faible.
30. Les garçons se fatiguent, se lassent, et les jeunes gens ne cessent de trébucher,
31. mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigles, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer.
Chapitre 41
1. Vous les îles, faites silence devant moi, que les peuples trouvent des forces nouvelles, qu’ils s’avancent, et qu’ils parlent ; approchons ensemble pour le jugement.
2. Qui a fait surgir de l’Orient celui que la victoire rencontre à chaque pas ? Qui lui donne des nations et lui soumet des rois ? Son épée les réduit en poussière, et son arc, en paille qui vole.
3. Il les poursuit, il passe en toute sécurité ; ses pas ne font qu’effleurer le chemin.
4. Qui a fait cela, qui l’a réalisé ? Celui qui dès le commencement appelle les générations. Moi, le Seigneur, Je suis le premier et, avec les derniers, encore, Je suis.
5. Les îles ont vu, elles prennent peur, les extrémités de la terre frémissent : « Ils approchent, ils arrivent ! »
6. Chacun aide son compagnon, il dit à son frère : « Courage ! »
7. Le ciseleur encourage l’orfèvre, le chaudronnier encourage le forgeron; il dit de la soudure : « Elle est bonne », il la renforce de clous pour qu’elle ne bouge pas.
8. Toi, Israël, mon serviteur, Jacob que j’ai choisi, descendance d’Abraham mon ami :
9. aux extrémités de la terre je t’ai saisi, du bout du monde je t’ai appelé ; je t’ai dit : Tu es mon serviteur, je t’ai choisi, je ne t’ai pas rejeté.
10. Ne crains pas : je suis avec toi ; ne sois pas troublé : je suis ton Dieu. Je t’affermis ; oui, je t’aide, je te soutiens de ma main victorieuse.
11. Les voici honteux et confus tous ceux qui s’enflamment contre toi ; ils ne seront plus rien, ils périront, ceux qui te querellent.
12. Tu les chercheras, tu ne les trouveras pas, ceux qui te combattent ; ils seront comme rien, comme néant, ceux qui te font la guerre.
13. C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui saisis ta main droite, et qui te dis : « Ne crains pas, moi, je viens à ton aide. »
14. Ne crains pas, Jacob, pauvre vermisseau, Israël, pauvre mortel. Je viens à ton aide – oracle du Seigneur ; ton rédempteur, c’est le Saint d’Israël.
15. J’ai fait de toi un traîneau à battre le grain, tout neuf, à double rang de pointes : tu vas briser les montagnes, les broyer ; tu réduiras les collines en menue paille ;
16. tu les vanneras, un souffle les emportera, un tourbillon les dispersera. Mais toi, tu mettras ta joie dans le Seigneur ; dans le Saint d’Israël, tu trouveras ta louange.
17. Les pauvres et les malheureux cherchent de l’eau, et il n’y en a pas ; leur langue est desséchée par la soif. Moi, le Seigneur, je les exaucerai, moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas.
18. Sur les hauteurs dénudées je ferai jaillir des fleuves, et des sources au creux des vallées. Je changerai le désert en lac, et la terre aride en fontaines.
19. Je planterai dans le désert le cèdre et l’acacia, le myrte et l’olivier ; je mettrai ensemble dans les terres incultes le cyprès, l’orme et le mélèze,
20. afin que tous regardent et reconnaissent, afin qu’ils considèrent et comprennent que la main du Seigneur a fait cela, que le Saint d’Israël en est le créateur.
21. Vous, les dieux, présentez votre défense, – dit le Seigneur, avancez vos arguments, – dit le Roi de Jacob.
22. Qu’ils approchent et nous annoncent ce qui doit arriver ! Les événements passés, que furent-ils ? Faites-en l’annonce : nous y prêterons attention et nous en connaîtrons la suite. Ou bien, parlez-nous de l’avenir !
23. Annoncez-nous ce qui viendra, et nous saurons que vous êtes des dieux ! Allons ! Bien ou mal, mais agissez ! Cela nous troublerait, nous aurions peur !
24. Or, vous n’êtes rien, et votre œuvre, moins que néant ; abominable, celui qui vous choisit !
25. Du nord j’ai fait surgir un homme, et il est venu ; depuis l’orient, il se réclame de mon nom ; il piétine les gouverneurs comme de la boue, comme l’argile foulée par le potier.
26. Qui l’avait annoncé dès le commencement pour que nous le sachions, dès les temps anciens, pour que nous disions : « C’est juste » ? Mais nul ne l’a annoncé, ne l’a fait entendre ; nul n’a entendu vos paroles.
27. Moi, le premier, je l’ai annoncé à Sion ; à Jérusalem, j’ai donné un messager.
28. J’ai regardé : il n’y a personne, pas un seul conseiller parmi eux qui réponde quand je les interroge !
29. Voici ce qu’ils sont tous : une malfaisance ; leurs œuvres : néant ; vent et vide, leurs idoles.
Chapitre 42
1. Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit.
2. Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors.
3. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité.
4. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois.
5. Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent :
6. Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice ; je te saisis par la main, je te façonne, je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations :
7. tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et, de leur cachot, ceux qui habitent les ténèbres.
8. Je suis le Seigneur, tel est mon nom ; et je ne céderai pas ma gloire à un autre, ni ma louange aux idoles.
9. Les événements passés, voici qu’ils sont arrivés. Les nouveaux, c’est moi qui les annonce ; avant qu’ils ne germent, je vous les fais connaître.
10. Chantez au Seigneur un chant nouveau, louez-le des extrémités de la terre, gens de la mer et tout ce qu’elle contient, les îles avec leurs habitants.
11. Qu’ils poussent des cris, les déserts et leurs villes, les campements où réside Qédar ! Qu’ils jubilent, les habitants de Séla, qu’ils acclament du sommet des montagnes !
12. Qu’ils rendent gloire au Seigneur, qu’ils publient dans les îles sa louange !
13. Le Seigneur, tel un héros, s’élance ; tel un guerrier, il excite sa jalousie. Il jette un cri, il pousse un hurlement ; sur ses ennemis, il s’avance en héros.
14. « Longtemps, j’ai gardé le silence ; je me suis tu, je me suis contenu. Je gémis comme celle qui enfante, je suffoque, je cherche mon souffle.
15. Je vais dévaster montagnes et collines, dessécher toute verdure, changer les fleuves en terres fermes, assécher les étangs.
16. Alors, je conduirai les aveugles sur un chemin qui leur est inconnu ; je les mènerai par des sentiers qu’ils ignorent. Je changerai, pour eux, les ténèbres en lumière ; les lieux accidentés, je les aplanirai. Telles sont les paroles que j’accomplis, je n’y renonce pas. »
17. Ils reculeront, ils seront couverts de honte, ceux qui se fient aux idoles, ceux qui disent à du métal fondu : « C’est vous qui êtes nos dieux ! »
18. Vous, les sourds, entendez ! Vous, les aveugles, regardez et voyez !
19. Qui est aveugle, sinon mon serviteur, qui est sourd, sinon le messager que j’envoie ? Qui est aveugle comme mon familier, sourd comme le serviteur du Seigneur ?
20. Tu as vu beaucoup de choses, sans rien retenir, ouvert les oreilles, sans rien entendre !
21. Le Seigneur prenait plaisir, pour sa justice, à magnifier, à faire grandir sa loi ;
22. or ce peuple est pillé, dépouillé, on les a tous mis dans des fosses, cachés dans des prisons. On les a pillés, et nul ne délivre, dépouillés, et nul n’ordonne de restituer.
23. Qui de vous va prêter l’oreille à cela, se rendre attentif, être à l’écoute pour l’avenir ?
24. Qui a livré Jacob à ceux qui l’ont dépouillé, livré Israël aux pillards ? N’est-ce pas le Seigneur ? Contre lui nous avons péché, en refusant de suivre ses chemins et d’obéir à sa loi.
25. Il a déversé sur Israël l’ardeur de sa colère, la violence de la guerre. La guerre l’a embrasé de toute part, et lui n’a pas compris. Elle l’a consumé, et lui n’a rien voulu savoir.
Chapitre 43
1. Mais maintenant, ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé, Jacob, et t’a façonné, Israël : Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.
2. Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas, la flamme ne te consumera pas.
3. Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur. Pour payer ta rançon, j’ai donné l’Égypte, en échange de toi, l’Éthiopie et Seba.
4. Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime, je donne des humains en échange de toi, des peuples en échange de ta vie.
5. Ne crains pas, car je suis avec toi. Je ferai revenir ta descendance de l’orient ; de l’occident je te rassemblerai.
6. Je dirai au nord : « Donne ! » et au midi : « Ne retiens pas ! Fais revenir mes fils du pays lointain, mes filles des extrémités de la terre,
7. tous ceux qui se réclament de mon nom, ceux que j’ai créés, façonnés pour ma gloire, ceux que j’ai faits ! »
8. Faites sortir le peuple aveugle qui a des yeux, les sourds qui ont des oreilles.
9. Toutes les nations sont rassemblées, les peuples sont réunis. Qui, parmi eux, peut annoncer cela et nous rappeler les événements du passé ? Qu’ils produisent leurs témoins pour se justifier ; qu’on les entende et qu’on puisse dire : « C’est vrai ! »
10. Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, vous êtes mon serviteur, celui que j’ai choisi pour que vous sachiez, que vous croyiez en moi et compreniez que moi, Je suis. Avant moi aucun dieu n’a été façonné, et après moi il n’y en aura pas.
11. C’est moi, oui, c’est moi qui suis le Seigneur ; en dehors de moi, pas de sauveur.
12. C’est moi qui annonce, qui sauve et qui proclame, et non un dieu étranger parmi vous. Vous êtes mes témoins – oracle du Seigneur –, et moi, je suis Dieu.
13. Oui, depuis toujours, moi, Je suis : personne ne délivre de ma main ; ce que je fais, qui s’y opposera ?
14. Ainsi parle le Seigneur, votre rédempteur, le Saint d’Israël : En votre faveur, j’envoie une expédition à Babylone, je fais tomber tous les verrous, et les vaisseaux des Chaldéens retentissent de leurs cris.
15. Je suis le Seigneur, votre Dieu saint, le Créateur d’Israël, votre roi !
16. Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer, un sentier dans les eaux puissantes,
17. lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; les voilà tous couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, consumés comme une mèche. Le Seigneur dit :
18. Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois.
19. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides.
20. Les bêtes sauvages me rendront gloire – les chacals et les autruches – parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi.
21. Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange.
22. Ce n’est pas moi que tu as invoqué, Jacob, car tu t’es fatigué de moi, Israël !
23. Tu ne m’as pas apporté de petit bétail pour l’holocauste, tu ne m’as pas glorifié par des sacrifices. Je ne t’ai pas asservi en réclamant des offrandes, je ne t’ai pas fatigué en réclamant de l’encens.
24. Tu n’as rien dépensé pour m’offrir des aromates, tu ne m’as pas rassasié de la graisse de tes sacrifices. Au contraire, tu m’as asservi par tes péchés, tu m’as fatigué par tes fautes.
25. C’est moi, oui, c’est moi qui efface tes crimes, à cause de moi-même ; de tes péchés je ne vais pas me souvenir.
26. Fais-moi un procès, nous comparaîtrons ensemble, plaide toi-même pour te justifier.
27. Ton ancêtre Jacob a péché, tes porte-parole se sont révoltés contre moi.
28. Alors, j’ai dû retirer leur dignité aux princes consacrés, j’ai livré Jacob à l’anathème, Israël aux sarcasmes.
Chapitre 44
1. Et maintenant, écoute-moi, Jacob mon serviteur, Israël que j’ai choisi.
2. Ainsi parle le Seigneur qui t’a fait, qui t’a façonné dès le sein maternel et reste ton appui : Sois sans crainte, Jacob mon serviteur, Israël que j’ai choisi.
3. Je répandrai l’eau sur ce qui est assoiffé, des ruisseaux sur la terre desséchée. Je répandrai mon esprit sur ta postérité, ma bénédiction sur tes descendants.
4. Ils grandiront comme en un pré verdoyant, comme les peupliers au bord des eaux courantes.
5. « Moi, je suis au Seigneur », dira celui-ci, et celui-là se réclamera du nom de Jacob. Un autre encore écrira sur sa main : « Je suis au Seigneur ! » et il prendra le nom d’Israël.
6. Ainsi parle le Seigneur, le roi d’Israël, son rédempteur, le Seigneur de l’univers : Je suis le premier et je suis le dernier, hors moi, pas de Dieu.
7. Qui est comme moi ? Qu’il prenne la parole, qu’il annonce et m’expose ce qu’il en est ! Qui, d’avance, a fait entendre les choses à venir ? Que l’on nous prédise ce qui doit arriver !
8. Ne tremblez pas, ne craignez pas ! Depuis longtemps, ne te l’ai-je pas fait entendre, ne te l’ai-je pas annoncé ? Vous êtes mes témoins ! Y a-t-il un Dieu en dehors de moi ? Il n’est pas d’autre Rocher ; je n’en connais pas.
9. Ceux qui façonnent des idoles ne sont tous que néant : leurs œuvres préférées ne servent à rien ; ce sont des témoins aveugles et sans intelligence ; aussi seront-ils couverts de honte.
10. Quelqu’un va-t-il façonner un dieu ou fondre une idole qui ne sert à rien ?
11. Voici tous ses adeptes couverts de honte : les artisans ne sont que des humains ! Qu’ils se rassemblent tous, qu’ils comparaissent : ensemble ils trembleront, ils seront couverts de honte.
12. Le forgeron fabrique un ciseau sur les braises et le façonne à coups de marteau. Il le fabrique à la force du bras. Puis il a faim, le voilà sans force ; il ne boit pas d’eau, il est épuisé.
13. Le menuisier prend des mesures, il esquisse une idole à la craie, il la travaille à la gouge, il l’esquisse au compas, il la travaille en prenant pour modèle un homme, la beauté d’un être humain, afin qu’elle habite une maison.
14. Il a débité des cèdres, il a pris du rouvre et du chêne, qu’il a laissé croître parmi les arbres de la forêt ; il a planté un pin que la pluie fait grandir.
15. Pour l’homme, c’est du bois à brûler : il le prend pour se chauffer, il le brûle aussi pour cuire son pain ; il en fabrique aussi un dieu, et il se prosterne ; il en fait une idole et s’incline devant elle.
16. Il en brûle la moitié au feu : avec cette moitié il fait rôtir la viande, la mange et se rassasie. Il se chauffe aussi et dit : « Ah ! Je me chauffe et je vois la flamme ! »
17. Avec le reste il fait un dieu, son idole, il s’incline et se prosterne devant elle, il l’implore, il dit : « Délivre-moi, car tu es mon dieu ! »
18. Ils ne savent pas et ne discernent pas. Leurs yeux sont empêchés de voir, et leurs cœurs, de réfléchir.
19. Nul ne rentre en soi-même, nul n’a de savoir ni de discernement pour se dire : « J’en ai brûlé la moitié au feu, j’ai aussi fait cuire du pain sur les braises, j’ai rôti de la viande, je l’ai mangée. Et, du bois qui reste, je ferais une abomination ? Je m’inclinerais devant un morceau de bois ! »
20. Celui qui se repaît de cendre, son cœur abusé l’égare. Il ne se délivrera pas lui-même, et ne dira pas : « N’est-ce pas un leurre que j’ai en main ? »
21. Souviens-toi de ceci, Jacob : toi, Israël, tu es mon serviteur. Je t’ai façonné, tu es pour moi un serviteur, Israël, je ne t’oublierai pas !
22. J’efface tes révoltes comme des nuages, tes péchés comme des nuées. Reviens à moi, car je t’ai racheté.
23. Cieux, criez de joie pour l’action du Seigneur. Acclamez, profondeurs de la terre ! Montagnes, éclatez en cris de joie, vous, forêts, et tous vos arbres ! Car le Seigneur a racheté Jacob, en Israël il manifeste sa splendeur.
24. Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur, celui qui t’a façonné dès le sein maternel : C’est moi, le Seigneur, qui fais toute chose. Seul, j’ai déployé les cieux, j’ai affermi la terre : qui était avec moi ?
25. J’annule les signes des augures, je fais divaguer les devins, je fais reculer les sages et délirer leur savoir.
26. J’accomplis la parole de mon serviteur, je réalise le projet de mes messagers quand je dis de Jérusalem : « Elle sera habitée ! » et des villes de Juda : « Elles seront rebâties ! J’en relèverai les ruines ! »,
27. et quand je dis à l’abîme : « Dessèche-toi ! Je vais tarir tes fleuves » ;
28. de même, quand je dis à Cyrus : « Mon berger », il accomplira tout mon désir ; il dira de Jérusalem : « Elle sera rebâtie ! » et au Temple : « Tu seras rétabli ! »
Chapitre 45
1. Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée :
2. Moi, je marcherai devant toi ; les terrains bosselés, je les aplanirai ; les portes de bronze, je les briserai ; les verrous de fer, je les ferai sauter.
3. Je te livrerai les trésors des ténèbres, les richesses dissimulées, pour que tu saches que Je suis le Seigneur, celui qui t’appelle par ton nom, moi, le Dieu d’Israël.
4. À cause de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas.
5. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas,
6. pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre :
7. je façonne la lumière et je crée les ténèbres, je fais la paix et je crée le malheur. C’est moi, le Seigneur, qui fais tout cela.
8. Cieux, distillez d’en haut votre rosée, que, des nuages, pleuve la justice, que la terre s’ouvre, produise le salut, et qu’alors germe aussi la justice. Moi, le Seigneur, je crée tout cela.
9. Malheureux qui conteste celui qui l’a façonné, tesson parmi des tessons de terre ! L’argile dira-t-elle à celui qui la façonne : « Que fais-tu ? Ton ouvrage n’a pas de mains ! »
10. Malheureux qui dit à un père : « Qu’as-tu engendré ? » et à une femme : « Qu’as-tu mis au monde ? »
11. Ainsi parle le Seigneur, le Saint d’Israël, celui qui l’a façonné : « Allez-vous m’interroger sur l’avenir de mes fils et me donner des ordres pour l’œuvre de mes mains ?
12. C’est moi qui ai fait la terre et, sur elle, créé l’homme. Moi, de mes mains j’ai déployé les cieux, et donné des ordres à toute leur armée.
13. C’est moi qui ai fait surgir Cyrus selon la justice et j’aplanis tous ses chemins. C’est lui qui construira ma ville et laissera partir mes déportés sans paiement ni rançon », – dit le Seigneur de l’univers.
14. Ainsi parle le Seigneur : Le labeur de l’Égypte, le commerce de l’Éthiopie, et les gens de Seba, hommes de haute taille, passeront en ta possession, Jérusalem. Ils marcheront derrière toi, ils passeront enchaînés. Vers toi, ils se prosterneront ; c’est vers toi qu’ils adresseront leurs prières : « Il n’y a de Dieu qu’en toi ; il n’en est pas d’autre, aucun autre dieu ! »
15. Vraiment tu es un Dieu qui se cache, Dieu d’Israël, Sauveur !
16. Ils sont tous humiliés, déshonorés, ils s’en vont, couverts de honte, ceux qui fabriquent leurs idoles.
17. Israël est sauvé par le Seigneur, sauvé pour les siècles. Vous ne serez ni honteux ni humiliés pour la suite des siècles.
18. Ainsi parle le Seigneur, le Créateur des cieux, lui, le Dieu qui fit la terre et la façonna, lui qui l’affermit, qui l’a créée, non pas comme un lieu vide, mais qui l’a façonnée pour être habitée : « Je suis le Seigneur : il n’en est pas d’autre !
19. Quand j’ai parlé, je ne me cachais pas quelque part dans l’obscurité de la terre ; je n’ai pas dit aux descendants de Jacob : Cherchez-moi dans le vide ! Je suis le Seigneur qui profère la justice, qui proclame ce qui est droit !
20. Rassemblez-vous, venez, approchez tous, survivants des nations ! Ils sont dans l’ignorance, ceux qui portent leurs idoles de bois, et qui adressent des prières à leur dieu qui ne sauve pas.
21. Exposez votre cas, présentez vos preuves, tenez conseil entre vous : qui donc l’a d’avance révélé et jadis annoncé ? N’est-ce pas moi, le Seigneur ? Hors moi, pas de Dieu ; de Dieu juste et sauveur, pas d’autre que moi !
22. Tournez-vous vers moi : vous serez sauvés, tous les lointains de la terre ! Oui, je suis Dieu : il n’en est pas d’autre !
23. Je le jure par moi-même ! De ma bouche sort la justice, la parole irrévocable. Devant moi, tout genou fléchira, toute langue en fera le serment :
24. Par le Seigneur seulement – dira-t-elle de moi – la justice et la force ! » Jusqu’à lui viendront, couverts de honte, tous ceux qui s’enflammaient contre lui.
25. Elle obtiendra, par le Seigneur, justice et louange, toute la descendance d’Israël.
Chapitre 46
1. Le dieu Bel a fléchi, Nébo s’effondre ! Leurs effigies sont placées sur des animaux, sur des bêtes de somme ! Ces charges que vous portiez vous-mêmes sont devenues le fardeau d’animaux fourbus !
2. Elles s’effondrent, ensemble elles ont fléchi, – le fardeau n’a pu être sauvé –, elles-mêmes s’en vont en captivité.
3. Écoutez-moi, maison de Jacob, tout ce qui reste de la maison d’Israël, vous qui êtes pris en charge dès avant la naissance et portés dès le sein maternel :
4. jusqu’à votre vieillesse, moi, Je suis ; jusqu’à vos cheveux blancs, je vous soutiendrai. Moi, j’ai agi, c’est moi qui porterai, moi qui soutiendrai et délivrerai.
5. À qui allez-vous me rendre semblable ? qui feriez-vous mon égal ? À qui allez-vous me comparer que nous soyons ressemblants ?
6. Ceux qui versent l’or de leur bourse et pèsent de l’argent à la balance engagent un orfèvre qui en fait un dieu ; ils s’inclinent et même ils se prosternent.
7. Ils l’emportent, ils le chargent sur l’épaule et vont le déposer à sa place ; il s’y tient, sans pouvoir quitter son lieu. On a beau crier vers lui, il ne répond pas, il ne sauve personne de la détresse.
8. Rappelez-vous cela et soyez fermes ! Révoltés, prêtez-y attention !
9. Rappelez-vous les événements passés, ceux de jadis, car je suis Dieu, il n’en est pas d’autre, il n’est de dieu que moi !
10. Dès le commencement, j’annonce la fin, et depuis longtemps, ce qui n’est pas accompli. Je dis : « Mon projet tiendra ; tout mon désir, je l’accomplirai. »
11. J’appelle depuis l’orient un rapace, et, d’une terre lointaine, l’homme de mon projet. Ce que j’ai dit, je le mènerai à bien ; j’ai formé un projet, et je l’accomplirai.
12. Écoutez-moi, cœurs obstinés qui êtes loin de la justice !
13. Ma justice, je l’ai fait approcher : elle n’est pas loin, et mon salut ne tardera pas. Je mettrai le salut en Sion, et en Israël ma splendeur.
Chapitre 47
1. Descends, assieds-toi dans la poussière, vierge, fille de Babylone ! Assieds-toi par terre, tu n’as plus de trône, fille des Chaldéens, car on ne t’appellera plus « la délicate, la raffinée ».
2. Prends la meule, mouds la farine, relève ton voile, retrousse ta robe, découvre tes jambes, traverse les cours d’eau :
3. que soit découverte ta nudité, que l’on voie ta honte. J’exercerai ma vengeance, personne ne m’en empêchera.
4. – Notre rédempteur se nomme le Seigneur de l’univers, le Saint d’Israël.
5. Assieds-toi donc sans un mot, enfonce-toi dans les ténèbres, fille des Chaldéens, car on ne t’appellera plus « Souveraine des royaumes ».
6. J’étais irrité contre mon peuple : j’avais profané mon héritage et je les avais livrés entre tes mains. Tu ne leur as montré aucune compassion. Sur le vieillard, tu as durement appesanti ton joug.
7. Tu disais : « Je serai pour toujours, perpétuellement souveraine. » Tu n’as pas pris à cœur ces choses-là, ni songé à cette fin.
8. Maintenant, écoute donc, voluptueuse, toi qui trônais avec assurance et disais en ton cœur : « Moi, et rien que moi ! Je ne serai jamais veuve ni ne connaîtrai la privation d’enfants. »
9. Eh bien, ces deux malheurs fondront sur toi d’un seul coup, en un jour : privation d’enfants et veuvage ; tous ces malheurs fondent sur toi, malgré le nombre de tes sorcelleries, malgré la puissance de ta magie.
10. Tu tirais assurance de ta malice ; tu disais : « Personne ne me voit ! » C’est ta sagesse et ta science qui t’ont égarée. En ton cœur tu disais : « Moi, et rien que moi ! »
11. Un malheur va fondre sur toi, sans que tu puisses le conjurer ; un désastre te frappera, sans que tu puisses y échapper ; soudain fondra sur toi une tourmente que tu ne connais pas.
12. Reste donc avec ta magie et tes nombreuses sorcelleries pour lesquelles tu t’es fatiguée dès ta jeunesse : peut-être pourras-tu en tirer profit, et peut-être te rendras-tu redoutable !
13. Tu t’es épuisée à force de consultations. Qu’ils se lèvent donc et qu’ils te sauvent, ceux qui scrutent le ciel, qui observent les étoiles et, à chaque nouvelle lune, font connaître ce qui t’arrivera !
14. Voici qu’ils sont comme de la paille : le feu les brûlera, ils ne pourront échapper à l’étreinte des flammes ; ce ne seront pas des braises pour se chauffer, ni la flambée devant laquelle on s’assied !
15. Voilà comment te serviront ceux pour qui tu t’es fatiguée, ceux qui trafiquèrent avec toi depuis ta jeunesse ; chacun s’est fourvoyé de son côté, et pas un qui te sauve.
Chapitre 48
1. Écoutez ceci, maison de Jacob, vous qui portez le nom d’Israël, vous qui êtes issus de Juda, vous qui prêtez serment par le nom du Seigneur, qui faites mémoire du Dieu d’Israël, mais sans loyauté ni justice.
2. Car ils s’appellent « ceux de la Ville sainte », et ils s’appuient sur le Dieu d’Israël : « Seigneur de l’univers » est son nom.
3. Les événements passés, je les avais annoncés d’avance ; ils étaient sortis de ma bouche, et je les avais fait entendre ; soudain j’ai agi, et ils sont arrivés.
4. Sachant que tu es dur, que ta nuque est une barre de fer, et que ton front est de bronze,
5. je t’ai annoncé d’avance les événements ; avant qu’ils n’arrivent, je te les ai fait entendre, pour que tu n’ailles pas dire : « C’est ma figurine qui en est l’auteur, c’est mon idole, ma statue de métal fondu qui les a ordonnés. »
6. Tu as entendu tout cela : regarde-le ; et tu ne l’annoncerais pas ? Maintenant, je te fais entendre des choses nouvelles, secrètes, inconnues de toi.
7. C’est maintenant qu’elles sont créées et non depuis longtemps ; avant ce jour, tu ne les avais pas entendues ; ainsi tu ne pouvais pas dire : « Mais oui, je les connaissais ! »
8. Eh bien non, tu n’as rien entendu, non, tu ne savais rien, non, autrefois tu n’avais pas ouvert l’oreille ; je sais bien que tu as trahi encore et encore, toi que l’on nomme « Rebelle-dès-le-sein-maternel ».
9. À cause de mon nom, je suspends ma colère, pour mon honneur, je patiente avec toi, afin de ne pas t’exterminer.
10. Ce n’est pas comme de l’argent que je t’ai épuré, mais je t’ai éprouvé au creuset du malheur.
11. C’est à cause de moi, de moi seul que je le fais : Comment ! Mon nom serait-il profané ? Ma gloire, je ne la donnerai pas à un autre.
12. Écoute-moi, Jacob, toi, Israël, que j’ai appelé ! Moi, Je suis : je suis le Premier, et je suis le Dernier.
13. C’est ma main qui a fondé la terre, ma droite a déployé les cieux. Je les appelle : ensemble ils se présentent.
14. Tous, réunissez-vous, écoutez ! Qui parmi eux a annoncé cela ? Celui que le Seigneur aime accomplit sa volonté contre Babylone, il sera son bras contre les Chaldéens.
15. C’est moi, oui, c’est moi qui ai parlé, qui l’ai appelé ; je l’ai fait venir, il mènera son entreprise à bien !
16. Approchez-vous de moi, écoutez ceci : depuis le commencement, je n’ai jamais parlé en secret ; depuis le temps où cela s’est passé, Je suis là. Et maintenant, le Seigneur Dieu, avec son esprit, m’envoie.
17. Ainsi parle le Seigneur, ton rédempteur, Saint d’Israël : Je suis le Seigneur ton Dieu, je te donne un enseignement utile, je te guide sur le chemin où tu marches.
18. Si seulement tu avais prêté attention à mes commandements, ta paix serait comme un fleuve, ta justice, comme les flots de la mer.
19. Ta postérité serait comme le sable, comme les grains de sable, ta descendance ; son nom ne serait ni retranché ni effacé devant moi.
20. Sortez de Babylone ! Vite, quittez les Chaldéens ! Avec des cris de joie, annoncez, faites-le entendre, propagez-le jusqu’aux extrémités de la terre ! Dites : « Le Seigneur a racheté son serviteur Jacob. »
21. Ils n’ont pas eu soif dans les lieux arides où il les a conduits. Il a fait sourdre pour eux les eaux du rocher, il a fendu le rocher : les eaux ont ruisselé !
22. Pas de paix pour les méchants, – dit le Seigneur.
Chapitre 49
1. Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom.
2. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche acérée, il m’a caché dans son carquois.
3. Il m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. »
4. Et moi, je disais : « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. » Et pourtant, mon droit subsistait auprès du Seigneur, ma récompense, auprès de mon Dieu.
5. Maintenant le Seigneur parle, lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob, que je lui rassemble Israël. Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force.
6. Et il dit : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »
7. Ainsi parle le Seigneur, rédempteur et saint d’Israël, au serviteur méprisé, détesté par les nations, esclave des puissants : Les rois verront, ils se lèveront, les grands se prosterneront, à cause du Seigneur qui est fidèle, du Saint d’Israël qui t’a choisi.
8. Ainsi parle le Seigneur : Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut, je t’ai secouru. Je t’ai façonné, établi, pour que tu sois l’alliance du peuple, pour relever le pays, restituer les héritages dévastés
9. et dire aux prisonniers : « Sortez ! », aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous ! » Au long des routes, ils pourront paître ; sur les hauteurs dénudées seront leurs pâturages.
10. Ils n’auront ni faim ni soif ; le vent brûlant et le soleil ne les frapperont plus. Lui, plein de compassion, les guidera, les conduira vers les eaux vives.
11. De toutes mes montagnes, je ferai un chemin, et ma route sera rehaussée.
12. Les voici : ils viennent de loin, les uns du nord et du couchant, les autres des terres du sud.
13. Cieux, criez de joie ! Terre, exulte ! Montagnes, éclatez en cris de joie ! Car le Seigneur console son peuple ; de ses pauvres, il a compassion.
14. Jérusalem disait : « Le Seigneur m’a abandonnée, mon Seigneur m’a oubliée. »
15. Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas.
16. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains, j’ai toujours tes remparts devant les yeux.
17. Ils accourent, tes bâtisseurs ; tes démolisseurs, tes dévastateurs, ils s’éloignent de toi.
18. Lève les yeux alentour et regarde : tous, ils se rassemblent et viennent vers toi. Par ma vie – oracle du Seigneur –, tous, ils seront comme une parure que tu revêtiras, autour de toi, comme la ceinture d’une jeune mariée.
19. Car tes ruines, tes décombres, ton pays dévasté sont désormais trop étroits pour tes habitants, et ceux qui te dévoraient s’éloigneront.
20. Les fils dont tu étais privée te diront de nouveau à l’oreille : « L’espace est trop étroit pour moi, fais-moi place, que je m’installe. »
21. Et tu diras en ton cœur : « Qui me les a enfantés, ceux-là ? Privée d’enfants, j’étais stérile, j’étais bannie, rejetée, et ceux-là, qui les a élevés ? Quand moi, je restais seule, ceux-là, où donc étaient-ils ? »
22. Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici : de ma main levée, je ferai signe aux nations, je dresserai mon étendard vers les peuples. Ils ramèneront tes fils dans leurs bras, tes filles seront portées sur les épaules.
23. Tu auras pour tuteurs des rois, et des princesses pour nourrices. Face contre terre, ils se prosterneront devant toi, ils lècheront la poussière de tes pieds. Tu sauras que Je suis le Seigneur. Ceux qui espèrent en moi ne seront pas confondus.
24. Peut-on reprendre au guerrier sa prise, le captif d’un tyran peut-il s’échapper ?
25. Ainsi parle le Seigneur : Oui, même le captif du guerrier lui sera repris, la prise du tyran lui échappera. Tes adversaires, moi, je m’en ferai l’adversaire, tes fils, moi, je les sauverai.
26. À ceux qui t’exploitent je ferai manger leur propre chair ; ils s’enivreront de leur sang comme d’un vin nouveau, et tout être de chair saura que moi, le Seigneur, je suis ton Sauveur, ton rédempteur, Force de Jacob.
Chapitre 50
1. Ainsi parle le Seigneur : Où est donc la lettre de répudiation de votre mère, par laquelle je l’ai renvoyée ? Et quel est celui de mes créanciers auquel je vous ai vendus ? Eh bien, c’est à cause de vos fautes que vous avez été vendus, à cause de vos révoltes que votre mère a été renvoyée.
2. Pourquoi n’y avait-il personne quand je suis venu ? À mon appel, pourquoi nul n’a-t-il répondu ? Ma main serait-elle trop courte pour racheter ? n’aurais-je pas la force pour délivrer ? Eh bien, par ma seule menace je dessèche la mer, je change les fleuves en désert ; leurs poissons pourrissent faute d’eau, morts de soif.
3. Je revêts les cieux de noir, je les habille de deuil.
4. Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute.
5. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
6. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
7. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.
8. Il est proche, Celui qui me justifie. Quelqu’un veut-il plaider contre moi ? Comparaissons ensemble ! Quelqu’un veut-il m’attaquer en justice ? Qu’il s’avance vers moi !
9. Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ; qui donc me condamnera ? Les voici tous qui s’usent comme un vêtement, la teigne les dévorera !
10. Est-il quelqu’un parmi vous qui craint le Seigneur, qui écoute la voix de son serviteur ? S’il a marché dans les ténèbres sans la moindre clarté, qu’il se confie dans le nom du Seigneur, qu’il s’appuie sur son Dieu.
11. Mais vous tous qui allumez un feu, formant un cercle de flèches incendiaires, allez dans le brasier de votre propre feu, au milieu des flèches que vous enflammez. Voici ce que vous réserve ma main : vous resterez gisant dans la douleur.
Chapitre 51
1. Écoutez-moi, vous qui tendez vers la justice, vous qui recherchez le Seigneur : regardez le rocher dans lequel vous avez été taillés, la carrière d’où vous avez été tirés.
2. Regardez Abraham votre père, et Sara qui vous a enfantés ; car il était seul quand je l’ai appelé, mais je l’ai béni et multiplié.
3. Oui, le Seigneur console Sion, il la console de toutes ses ruines, il va faire de son désert un Éden, de sa steppe un jardin du Seigneur. On y retrouvera l’allégresse et la joie, l’action de grâce et le son de la musique.
4. Soyez attentifs, vous qui êtes mon peuple ; et vous, les nations, prêtez-moi l’oreille ! Car de moi sortira la loi, mon droit sera la lumière des peuples ! Soudain,
5. je rendrai proche ma justice, mon salut va paraître, et mon bras gouvernera les peuples. Les îles mettront en moi leur espoir, elles comptent sur mon bras.
6. Levez les yeux vers le ciel, regardez en bas vers la terre. Les cieux se dissiperont comme la fumée, la terre s’usera comme un vêtement, et ses habitants tomberont comme des mouches. Mais mon salut est pour toujours, ma justice ne sera jamais abattue.
7. Écoutez-moi, vous qui connaissez la justice, peuple de ceux qui ont ma loi dans le cœur ! Ne craignez pas l’insulte des hommes, ne soyez pas abattus par leurs sarcasmes,
8. car la teigne les dévorera comme un vêtement, les mites les dévoreront comme de la laine. Mais ma justice est pour toujours, et mon salut, de génération en génération.
9. Éveille-toi, éveille-toi, revêts-toi de force, bras du Seigneur ! Éveille-toi comme aux jours anciens, au temps des générations d’autrefois. N’est-ce pas toi qui taillas en pièces Rahab, qui transperças le Monstre marin ?
10. N’est-ce pas toi qui desséchas la mer, les eaux du grand Abîme, qui fis des profondeurs de la mer un chemin pour que passent les rachetés ?
11. Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient.
12. C’est moi, c’est moi qui vous console. Qui es-tu pour craindre l’homme qui doit mourir, un fils d’homme périssable comme l’herbe,
13. au point d’oublier le Seigneur qui t’a fait, qui a tendu les cieux et fondé la terre, et qui es-tu pour frémir tout au long des jours devant la fureur de l’oppresseur quand il s’apprête à détruire ? Où donc est-elle, la fureur de l’oppresseur ?
14. Bientôt, le prostré sera libéré, il ne mourra pas dans un cachot, et le pain ne lui manquera pas !
15. Moi, je suis le Seigneur, ton Dieu, qui soulève la mer et fait mugir ses flots, – son nom est « Le Seigneur de l’univers ».
16. J’ai mis dans ta bouche mes paroles, je t’ai couvert de l’ombre de ma main, quand je plantais les cieux et fondais la terre, quand j’ai dit à Sion : « Tu es mon peuple. »
17. Réveille-toi, réveille-toi, debout, Jérusalem ! Tu as bu de la main du Seigneur la coupe de sa fureur, tu as bu jusqu’à la lie la coupe du vertige !
18. Personne qui la guide, parmi les fils qu’elle a enfantés ; pas un qui lui prenne la main, de tous les fils qu’elle a élevés !
19. Ce double malheur t’a frappée, – qui t’en plaindra ? Le ravage et la ruine, la famine et l’épée, – qui t’en consolera ?
20. Tes fils, épuisés, gisent à tous les coins de rue, comme l’antilope prise au piège, submergés par la fureur du Seigneur, la menace de ton Dieu.
21. Écoute alors ceci, malheureuse, ivre, mais pas de vin :
22. Ainsi parle ton Maître, le Seigneur, ton Dieu, qui défend la cause de son peuple : Voici que je retire de ta main la coupe du vertige ; à la coupe de ma fureur, désormais tu ne boiras plus.
23. Je la mettrai dans la main de ceux qui t’affligeaient et te disaient : « Courbe-toi, que nous passions ! » Et tu faisais de ton dos comme un sol, comme une rue pour les passants !
Chapitre 52
1. Éveille-toi, éveille-toi, revêts-toi de force, Sion ! Revêts tes habits de splendeur, Jérusalem, ville sainte ! Désormais l’incirconcis et l’impur n’entreront plus chez toi.
2. Secoue ta poussière ! Debout, Jérusalem, ô captive ! Dénoue les liens de ton cou, ô captive, fille de Sion !
3. Car ainsi parle le Seigneur : Vous avez été vendus pour rien, c’est sans argent que vous serez rachetés !
4. Oui, ainsi parle le Seigneur Dieu : En Égypte, au début, mon peuple est descendu en émigré ; à la fin, Assour l’a opprimé.
5. Et maintenant, ici, que me reste-t-il – oracle du Seigneur –, puisque mon peuple a été enlevé pour rien ? Ses tyrans triomphent – oracle du Seigneur –, et tout au long des jours, mon nom est bafoué !
6. Eh bien ! mon peuple saura quel est mon nom. Oui, ce jour-là, il saura que c’est moi-même qui dis : « Me voici ! »
7. Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu ! »
8. Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion.
9. Éclatez en cris de joie, vous, ruines de Jérusalem, car le Seigneur console son peuple, il rachète Jérusalem !
10. Le Seigneur a montré la sainteté de son bras aux yeux de toutes les nations. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu.
11. Allez-vous-en, allez-vous-en, sortez de là, ne touchez rien d’impur ! Sortez de Babylone, devenez purs, vous qui portez les objets consacrés au Seigneur !
12. Et ce n’est pas en hâte que vous sortirez, vous n’irez pas comme des fuyards, car il marche devant vous, le Seigneur, et celui qui ferme la marche, c’est le Dieu d’Israël !
13. Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté !
14. La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme.
15. Il étonnera de même une multitude de nations ; devant lui les rois resteront bouche bée, car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit, ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler.
Chapitre 53
1. Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ?
2. Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire.
3. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
4. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.
5. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.
6. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.
7. Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche.
8. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple.
9. On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche.
10. Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.
11. Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes.
12. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.
Chapitre 54
1. Crie de joie, femme stérile, toi qui n’as pas enfanté ; jubile, éclate en cris de joie, toi qui n’as pas connu les douleurs ! Car les fils de la délaissée seront plus nombreux que les fils de l’épouse, – dit le Seigneur.
2. Élargis l’espace de ta tente, déploie sans hésiter la toile de ta demeure, allonge tes cordages, renforce tes piquets !
3. Car tu vas te répandre au nord et au midi. Ta descendance dépossédera les nations, elle peuplera des villes désertées.
4. Ne crains pas, tu ne connaîtras plus la honte ; ne tiens pas compte des outrages, tu n’auras plus à rougir, tu oublieras la honte de ta jeunesse, tu ne te rappelleras plus le déshonneur de ton veuvage.
5. Car ton époux, c’est Celui qui t’a faite, son nom est « Le Seigneur de l’univers ». Ton rédempteur, c’est le Saint d’Israël, il s’appelle « Dieu de toute la terre ».
6. Oui, comme une femme abandonnée, accablée, le Seigneur te rappelle. Est-ce que l’on rejette la femme de sa jeunesse ? – dit ton Dieu.
7. Un court instant, je t’avais abandonnée, mais dans ma grande tendresse, je te ramènerai.
8. Quand ma colère a débordé, un instant, je t’avais caché ma face. Mais dans mon éternelle fidélité, je te montre ma tendresse, – dit le Seigneur, ton rédempteur.
9. Je ferai comme au temps de Noé, quand j’ai juré que les eaux ne submergeraient plus la terre : de même, je jure de ne plus m’irriter contre toi, et de ne plus te menacer.
10. Même si les montagnes s’écartaient, si les collines s’ébranlaient, ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, – dit le Seigneur, qui te montre sa tendresse.
11. Jérusalem, malheureuse, battue par la tempête, inconsolée, voici que je vais sertir tes pierres et poser tes fondations sur des saphirs.
12. Je ferai tes créneaux avec des rubis, tes portes en cristal de roche, et toute ton enceinte avec des pierres précieuses.
13. Tes fils seront tous disciples du Seigneur, et grande sera leur paix.
14. Tu seras établie sur la justice : loin de toi l’oppression, tu n’auras plus à craindre ; loin de toi la terreur, elle ne t’approchera plus.
15. Si l’on s’en prend à toi, moi, je n’y suis pour rien ; et quiconque s’en prend à toi devant toi tombera.
16. Voici que moi, j’ai créé l’artisan qui souffle sur les braises et en retire l’arme appropriée ; c’est moi aussi qui ai créé le destructeur pour ravager.
17. Toute arme forgée contre toi restera inefficace ; toute langue qui te citera au tribunal, tu la condamneras. Telle est la part des serviteurs du Seigneur, telle est la justice qui leur viendra de moi, – oracle du Seigneur.
Chapitre 55
1. Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.
2. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses !
3. Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle : ce sont les bienfaits garantis à David.
4. Lui, j’en ai fait un témoin pour les peuples, pour les peuples, un guide et un chef.
5. Toi, tu appelleras une nation inconnue de toi ; une nation qui ne te connaît pas accourra vers toi, à cause du Seigneur ton Dieu, à cause du Saint d’Israël, car il fait ta splendeur.
6. Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche.
7. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon.
8. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur.
9. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées.
10. La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ;
11. ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission.
12. Oui, dans la joie vous partirez, vous serez conduits dans la paix. Montagnes et collines, à votre passage, éclateront en cris de joie, et tous les arbres de la campagne applaudiront.
13. Au lieu de broussailles poussera le cyprès, au lieu de l’ortie poussera le myrte. Le nom du Seigneur en sera grandi : ce signe éternel sera impérissable.
Chapitre 56
1. Ainsi parle le Seigneur : Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler.
2. Heureux l’homme qui agit ainsi, le fils d’homme qui s’y tient fermement ; il observe le sabbat sans le profaner et se garde de toute mauvaise action.
3. L’étranger qui s’est attaché au Seigneur, qu’il n’aille pas dire : « Le Seigneur va sûrement m’exclure de son peuple. » Et que l’eunuque ne dise pas : « Me voici comme un arbre sec ! »
4. Car ainsi parle le Seigneur : Aux eunuques qui observent mes sabbats, qui choisissent ce qui me plaît et qui tiennent ferme à mon alliance,
5. je placerai dans ma maison, dans mes remparts, une stèle à leur nom, préférable à des fils et à des filles ; je rendrai leur nom éternel, impérissable.
6. Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance,
7. je les conduirai à ma montagne sainte je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples ».
8. Oracle du Seigneur Dieu, qui rassemble les exilés d’Israël : J’en ai déjà rassemblé, j’en rassemblerai d’autres encore.
9. Vous, toutes les bêtes sauvages, vous, toutes les bêtes de la forêt, venez vous repaître :
10. les guetteurs d’Israël sont tous des aveugles, ils ne connaissent rien ; ce sont tous des chiens muets, incapables d’aboyer ; à bout de souffle, allongés, ils aiment somnoler.
11. Ce sont des chiens voraces, insatiables, des bergers incapables de comprendre ! Ils suivent tous leur propre chemin, tous, sans exception, ne pensant qu’à leur intérêt,
12. chacun disant : « Venez, je vais chercher du vin, enivrons-nous de boisson forte ; demain sera comme aujourd’hui : il y a de quoi boire, plus qu’il n’en faut ! »
Chapitre 57
1. Le juste périt, et nul n’y prête attention ; les hommes fidèles sont enlevés, et personne n’y prend garde. En fait, c’est pour être soustrait au mal que le juste est enlevé ;
2. il entrera dans la paix, et ceux qui suivent le droit chemin, quand ils se couchent, trouveront le repos.
3. Quant à vous, approchez, fils de la sorcière, race adultère qui t’es prostituée !
4. De qui vous moquez-vous ? Contre qui ouvrez-vous grande la bouche et tirez-vous la langue ? N’êtes-vous pas des enfants de révolte, une race de mensonge ?
5. Vous vous excitez près des térébinthes, sous tout arbre vert ! Vous immolez des enfants dans les ravins, sous les saillies des rochers !
6. Les pierres polies du torrent, voilà ta part, tel est le sort qui te revient ! Pour elles tu répands des libations, tu présentes des offrandes ! Et moi, puis-je m’y résigner ?
7. Sur une grande et haute montagne tu as installé ta couche, et c’est là que tu montes pour offrir un sacrifice !
8. Derrière la porte et les montants tu as fixé ton emblème. Oui, loin de moi tu ouvres ton lit, tu y montes, tu y fais de la place et tu conviens d’un prix pour ceux avec qui tu aimes partager ta couche. Le membre, tu l’as contemplé !
9. Tu cours vers Mélek avec de l’huile, tu prodigues tes parfums, tu envoies tes messagers au loin, tu les as fait descendre jusqu’au séjour des morts.
10. À faire tant de chemin, tu t’es fatiguée, mais tu n’as pas dit : « C’est sans espoir ! » Tu as retrouvé ta vigueur, c’est pourquoi tu n’as pas défailli.
11. Par qui es-tu troublée et qui crains-tu pour mentir et ne plus te souvenir de moi, n’avoir plus souci de moi ? N’est-il pas vrai que tu ne me crains pas parce que, longtemps, j’ai gardé le silence ?
12. Moi, je vais parler de ta justice et de tes œuvres, qui ne te servent à rien.
13. Qu’elles te délivrent, lorsque tu crieras, tes collections d’idoles ! Le vent les emportera toutes, un souffle les enlèvera. Mais qui s’abrite en moi héritera le pays et possédera ma sainte montagne !
14. Et l’on dira : « Frayez, frayez la route, préparez le chemin ! Enlevez tout obstacle du chemin de mon peuple !
15. Car ainsi parle Celui qui est plus haut que tout, lui dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : J’habite une haute et sainte demeure, mais je suis avec qui est broyé, humilié dans son esprit, pour ranimer l’esprit des humiliés, pour ranimer le cœur de ceux qu’on a broyés.
16. Car je ne serai pas, pour toujours, en procès, ni sans cesse irrité ; sinon devant moi l’esprit défaillirait ainsi que les êtres à qui j’ai donné le souffle.
17. À cause de ses profits coupables, je me suis irrité contre mon peuple ; je l’ai frappé en me détournant, j’étais irrité : il suivait, en renégat, le chemin de son cœur.
18. Ses chemins, je les ai vus, mais je le guérirai, je le conduirai, je le comblerai de consolations, lui et les siens qui sont en deuil ;
19. et, sur leurs lèvres, je vais créer la louange. Paix ! La paix à celui qui est loin, et à celui qui est proche ! – dit le Seigneur. Oui, ce peuple, je le guérirai.
20. Mais les méchants sont comme une mer agitée qui ne peut se calmer et dont les eaux agitent la boue et la vase.
21. Pas de paix pour les méchants, – dit mon Dieu.
Chapitre 58
1. Crie à pleine gorge ! Ne te retiens pas ! Que s’élève ta voix comme le cor ! Dénonce à mon peuple sa révolte, à la maison de Jacob ses péchés.
2. Ils viennent me consulter jour après jour, ils veulent connaître mes chemins. Comme une nation qui pratiquerait la justice et n’abandonnerait pas le droit de son Dieu, ils me demandent des ordonnances justes, ils voudraient que Dieu soit proche :
3. « Quand nous jeûnons, pourquoi ne le vois-tu pas ? Quand nous faisons pénitence, pourquoi ne le sais-tu pas ? » Oui, mais le jour où vous jeûnez, vous savez bien faire vos affaires, et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous.
4. Votre jeûne se passe en disputes et querelles, en coups de poing sauvages. Ce n’est pas en jeûnant comme vous le faites aujourd’hui que vous ferez entendre là-haut votre voix.
5. Est-ce là le jeûne qui me plaît, un jour où l’homme se rabaisse ? S’agit-il de courber la tête comme un roseau, de coucher sur le sac et la cendre ? Appelles-tu cela un jeûne, un jour agréable au Seigneur ?
6. Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ?
7. N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ?
8. Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera la marche.
9. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante,
10. si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi.
11. Le Seigneur sera toujours ton guide. En plein désert, il comblera tes désirs et te rendra vigueur. Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais.
12. Tu rebâtiras les ruines anciennes, tu restaureras les fondations séculaires. On t’appellera : « Celui qui répare les brèches », « Celui qui remet en service les chemins ».
13. Si tu t’abstiens de voyager le jour du sabbat, de traiter tes affaires pendant mon jour saint, si tu nommes « délices » le sabbat et déclares « glorieux » le jour saint du Seigneur, si tu le glorifies, en évitant démarches, affaires et pourparlers,
14. alors tu trouveras tes délices dans le Seigneur ; je te ferai chevaucher sur les hauteurs du pays, je te donnerai pour vivre l’héritage de Jacob ton père. Oui, la bouche du Seigneur a parlé.
Chapitre 59
1. Non, le bras du Seigneur n’est pas trop court pour sauver, ni son oreille, trop dure pour entendre.
2. Mais ce sont vos crimes qui font la séparation entre vous et votre Dieu : vos péchés vous cachent son visage et l’empêchent de vous entendre.
3. Car vos mains sont souillées par le sang, vos doigts, par le crime ; vos lèvres ont proféré le mensonge, votre langue murmure la perfidie.
4. Nul ne porte plainte à juste titre, nul ne plaide de bonne foi. On s’appuie sur le néant, on dit des paroles creuses, on conçoit la peine, on enfante le méfait.
5. Ce sont des œufs de serpent qu’ils font éclore, et des toiles d’araignée qu’ils tissent. Qui mange de leurs œufs mourra ; que l’on en brise un, une vipère en sort !
6. De leurs toiles ne sera fait aucun vêtement : rien qui permette de s’en couvrir. Leurs œuvres sont des œuvres malfaisantes, leurs mains ne font que violence.
7. Ils courent au mal d’un pied rapide, ils ont hâte de verser le sang innocent. Leurs pensées sont des pensées malfaisantes ; sur leurs parcours, ravage et ruine !
8. Ils ne connaissent pas le chemin de la paix, sur leur passage ne se trouve pas le droit, ils rendent leurs sentiers tortueux. Qui prend ce chemin ne connaît pas la paix.
9. Voilà pourquoi le droit reste loin de nous, et pourquoi la justice n’arrive pas jusqu’à nous. Nous attendons la lumière, et voici les ténèbres ; la clarté, et nous marchons dans l’obscurité.
10. Nous tâtonnons comme des aveugles le long d’un mur, nous tâtonnons comme des gens qui ont perdu la vue. En plein midi nous trébuchons comme au crépuscule ; en pleine santé, nous voilà comme des morts.
11. Nous grognons tous comme des ours, nous gémissons sans trêve comme des colombes. Nous attendons le droit : il n’y en a pas ; le salut : il reste loin de nous !
12. Car nos révoltes se multiplient devant toi, nos péchés ont témoigné contre nous. Oui, notre révolte nous tient, et nos crimes, nous les connaissons :
13. se révolter, renier le Seigneur, abandonner notre Dieu, prêcher l’oppression, la rébellion, concevoir le mensonge et le ruminer dans son cœur.
14. Le jugement a été repoussé, la justice se tient à l’écart, car la vérité a trébuché sur la place, et la droiture ne peut y accéder.
15. La vérité est portée disparue ; qui se détourne du mal se fait dépouiller. Le Seigneur l’a vu, et c’est mal à ses yeux : il n’y a plus de droit.
16. Il a vu qu’il n’y avait personne, il s’est désolé que personne n’intervienne. Alors c’est son bras qui l’a sauvé, sa justice elle-même fut son appui.
17. Il a revêtu la justice comme cuirasse, et mis, sur sa tête, le casque du salut ; il a revêtu les vêtements de la vengeance, il s’est drapé de son ardeur jalouse comme d’un manteau.
18. Il rendra à chacun selon ses œuvres : fureur pour ses adversaires, représailles pour ses ennemis ; il rendra aux îles lointaines ce qui leur est dû.
19. Et l’on craindra depuis l’occident le nom du Seigneur, et depuis l’orient, sa gloire, car il viendra comme un cours d’eau encaissé, que précipite le souffle du Seigneur.
20. Alors il viendra en rédempteur pour Sion, pour ceux de Jacob revenus de leur révolte, – oracle du Seigneur.
21. Quant à moi, dit le Seigneur, voici mon alliance avec eux : Mon esprit qui repose sur toi et mes paroles que j’ai mises dans ta bouche ne quitteront plus ta bouche, ni celle de tes descendants, ni celle des descendants de tes descendants, – dit le Seigneur – dès maintenant et pour toujours.
Chapitre 60
1. Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
2. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît.
3. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
4. Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche.
5. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations.
6. En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur.
7. Tous les troupeaux de Qédar s’assembleront chez toi, avec les béliers de Nebayoth pour ton service : sur mon autel, ils seront présentés en sacrifice agréable, et je donnerai son éclat à la maison de ma splendeur.
8. Qui sont ceux-là qui volent comme un nuage, comme des colombes vers leur colombier ?
9. Oui, les îles mettent leur espoir en moi : les vaisseaux de Tarsis viennent en tête pour ramener tes fils du lointain, portant leur argent et leur or, en hommage au nom du Seigneur ton Dieu, en hommage au Saint d’Israël, car il t’a donné sa splendeur.
10. Des étrangers rebâtiront tes remparts, et leurs rois seront à ton service. Oui, dans ma colère je t’avais frappée, mais dans ma bienveillance je t’ai fait miséricorde.
11. On tiendra toujours tes portes ouvertes, elles ne seront jamais fermées, ni de jour ni de nuit, afin qu’on fasse entrer chez toi les richesses des nations et les rois avec leur suite.
12. Car nation ou royaume qui ne te servirait pas périra ; ces nations-là seront entièrement dévastées.
13. La gloire du Liban viendra chez toi : cyprès, orme et mélèze ensemble, pour faire resplendir le lieu de mon sanctuaire ; et ce lieu où je pose mes pieds, je le glorifierai.
14. Les fils de ceux qui t’humiliaient viendront se courber devant toi ; tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds. Ils t’appelleront « Ville du Seigneur », « Sion du Saint d’Israël ».
15. Alors que tu étais délaissée, haïe, sans personne qui passe, je ferai de toi la fierté des siècles, une joie de génération en génération.
16. Tu suceras le lait des nations, tu te gorgeras de la richesse des rois, et tu sauras que moi, le Seigneur, je suis ton Sauveur, ton rédempteur, Force de Jacob.
17. Au lieu de bronze, je ferai venir de l’or, au lieu de fer, je ferai venir de l’argent, au lieu de bois, du bronze, au lieu de pierres, du fer. Je te donnerai, comme surveillants, la paix, comme gouvernants, la justice.
18. On n’entendra plus parler de violence dans ton pays, de ravages ni de ruines dans tes frontières. Tu appelleras tes remparts « Salut », et tes portes « Louange ».
19. Le jour, tu n’auras plus le soleil comme lumière, et la clarté de la lune ne t’illuminera plus : le Seigneur sera pour toi lumière éternelle, ton Dieu sera ta splendeur.
20. Ton soleil ne se couchera plus, et la lune pour toi ne disparaîtra plus ; car le Seigneur sera pour toi lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront accomplis.
21. Ton peuple ne comptera que des justes ; ils posséderont le pays pour toujours, eux, ce rejeton que j’ai planté, ouvrage de mes mains qui manifeste ma splendeur.
22. Le plus petit deviendra un millier, le plus chétif, une nation puissante. Moi, le Seigneur, je hâterai cela au temps voulu.
Chapitre 61
1. L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération,
2. proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur, et un jour de vengeance pour notre Dieu, consoler tous ceux qui sont en deuil,
3. ceux qui sont en deuil dans Sion, mettre le diadème sur leur tête au lieu de la cendre, l’huile de joie au lieu du deuil, un habit de fête au lieu d’un esprit abattu. Ils seront appelés « Térébinthes de justice », « Plantation du Seigneur qui manifeste sa splendeur ».
4. Ils rebâtiront les ruines antiques, ils relèveront les demeures dévastées des ancêtres, ils restaureront les villes en ruines, dévastées depuis des générations.
5. Des gens venus d’ailleurs se présenteront pour paître vos troupeaux, des étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons.
6. Vous serez appelés « Prêtres du Seigneur » ; on vous dira « Servants de notre Dieu. » Vous vivrez de la ressource des nations et leur gloire sera votre parure.
7. Au lieu de votre honte : double part ! Au lieu de vos opprobres : cris de joie ! Ils recevront dans leur pays double héritage, ils auront l’allégresse éternelle.
8. Parce que moi, le Seigneur, j’aime le bon droit, parce que je hais le vol et l’injustice, loyalement, je leur donnerai la récompense, je conclurai avec eux une alliance éternelle.
9. Leurs descendants seront connus parmi les nations, et leur postérité, au milieu des peuples. Qui les verra pourra reconnaître la descendance bénie du Seigneur.
10. Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux.
11. Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations.
Chapitre 62
1. Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle.
2. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera.
3. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu.
4. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ».
5. Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.
6. Sur tes remparts, Jérusalem, j’ai placé des veilleurs ; ni de jour ni de nuit, jamais ils ne doivent se taire. Vous qui tenez en éveil la mémoire du Seigneur, ne prenez aucun repos !
7. Ne lui laissez aucun repos qu’il n’ait rendu Jérusalem inébranlable, qu’il ne l’ait faite louange pour la terre !
8. Le Seigneur l’a juré par sa droite et par son bras puissant : « Jamais plus je ne laisserai tes ennemis manger ton blé, jamais plus les étrangers ne boiront ton vin nouveau, fruit de ton labeur.
9. Ce sont les moissonneurs qui mangeront le blé : ils loueront le Seigneur ; ce sont les vendangeurs qui boiront le vin dans les cours de mon sanctuaire. »
10. Passez, passez les portes, préparez le chemin du peuple. Frayez, frayez la route, ôtez-en les pierres. Pour les peuples, dressez un étendard.
11. Voici que le Seigneur se fait entendre jusqu’aux extrémités de la terre : Dites à la fille de Sion : Voici ton Sauveur qui vient ; avec lui, le fruit de son travail, et devant lui, son ouvrage.
12. Eux seront appelés « Peuple-saint », « Rachetés-par-le-Seigneur », et toi, on t’appellera « La-Désirée », « La-Ville-qui-n’est-plus-délaissée ».
Chapitre 63
1. Quel est celui-là qui arrive d’Édom, qui vient de Bosra, vêtu de rouge, celui-là, superbe en son habit, qui s’avance plein de force ? « Moi, je proclame la justice et j’ai le pouvoir de sauver. »
2. Mais pourquoi ces habits écarlates, ce vêtement de fouleur au pressoir ?
3. « À la cuve, j’étais seul à fouler : personne de mon peuple avec moi ! Et je les ai foulés dans ma colère, je les ai piétinés dans ma fureur. Leur sang a giclé sur mes vêtements, j’ai taché tous mes habits.
4. Ce jour de vengeance, mon cœur y pensait : l’année des rédemptions était venue.
5. J’ai regardé : personne pour m’aider ; stupéfait, je restais sans appui. Alors mon bras m’a sauvé, ma fureur fut mon appui.
6. J’ai écrasé des peuples dans ma colère, je les ai brisés dans ma fureur, et j’ai répandu à terre leur sang. »
7. Je veux rappeler les bienfaits du Seigneur, les exploits du Seigneur, à la mesure de ce qu’il fit pour nous : sa grande bonté pour la maison d’Israël, ce qu’il fit pour eux dans sa tendresse, l’abondance de ses bienfaits.
8. Il avait dit : « Vraiment, ils sont mon peuple, des fils qui ne trahiront pas ! » Il fut donc pour eux un sauveur
9. dans toutes leurs détresses. Ce n’était ni un messager ni un ange, mais sa face qui les sauva. Dans son amour et sa compassion, lui-même les racheta ; il s’est chargé d’eux et les a portés tous ces jours d’autrefois.
10. Eux se sont rebellés, ils ont attristé son esprit saint. Alors il se retourna contre eux en ennemi, lui-même leur fit la guerre.
11. Et l’on se souvint des jours d’autrefois, de Moïse et de son peuple. Où est-il, Celui qui les fit remonter de la mer, avec le pasteur de son troupeau ? Où est Celui qui mit en lui son esprit saint ?
12. Où est Celui qui fit avancer, à la droite de Moïse, son bras resplendissant, qui fendit les eaux devant eux pour se faire un nom éternel,
13. qui les fit avancer dans les abîmes comme chevaux à travers le désert, sans qu’ils trébuchent ?
14. Comme on fait descendre le bétail dans la vallée, l’esprit du Seigneur les menait au repos. C’est ainsi que tu conduisais ton peuple pour donner splendeur à ton nom.
15. Du haut des cieux, regarde et vois, du haut de ta demeure sainte et resplendissante ! Où sont ta jalousie et ta vaillance, le frémissement de tes entrailles ? Ta tendresse envers moi, l’aurais-tu contenue ?
16. Pourtant, c’est toi notre père ! Abraham ne nous connaît pas, Israël ne nous reconnaît pas. C’est toi, Seigneur, notre père ; « Notre-rédempteur-depuis-toujours », tel est ton nom.
17. Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? Reviens, à cause de tes serviteurs, des tribus de ton héritage.
18. Ton peuple saint n’a pas joui longtemps de ses possessions : nos ennemis ont piétiné ton sanctuaire !
19. Nous sommes comme des gens que tu n’aurais jamais gouvernés, sur lesquels ton nom n’est pas invoqué. Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face,
Chapitre 64
1. comme un feu qui enflamme les broussailles, un feu qui fait bouillonner les eaux ! Ainsi tu manifesterais ton nom à tes ennemis, les nations trembleraient devant toi,
2. quand tu ferais des prodiges terrifiants que nous n’espérons plus. Voici que tu es descendu : les montagnes furent ébranlées devant ta face.
3. Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui l’attend.
4. Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins. Tu étais irrité, mais nous avons encore péché, et nous nous sommes égarés.
5. Tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés. Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient.
6. Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes.
7. Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main.
8. Seigneur, ne t’irrite pas à l’excès, ne te rappelle pas la faute à jamais. Ah, de grâce, regarde : tous, nous sommes ton peuple !
9. Elles sont devenues un désert, tes villes saintes ; Sion est devenue un désert, Jérusalem, une désolation.
10. Notre Maison sainte et resplendissante, où nos pères te louaient, est devenue la proie du feu ; tout ce qui nous était cher est en ruines.
11. Peux-tu rester insensible à cela, Seigneur, te taire et nous humilier à l’excès ?
Chapitre 65
1. Je me suis laissé approcher par qui ne me demandait rien, je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas. J’ai dit : « Me voici ! Me voici ! » à une nation qui n’invoquait pas mon nom.
2. J’ai tendu les mains, tout le jour, vers un peuple rebelle, vers ceux qui suivent le mauvais chemin, entraînés par leurs pensées.
3. Ce peuple m’offense, ouvertement, sans cesse : ils sacrifient dans les jardins, brûlent de l’encens sur des briques,
4. ils habitent dans les tombeaux, passent la nuit dans des cachettes, ils mangent de la viande de porc, avec des sauces impures dans leurs plats ;
5. ils disent : « Retire-toi ! Ne m’approche pas, je suis trop saint pour toi ! » Cela fait monter en moi une fumée de colère, un feu qui brûle à longueur de jour.
6. Voilà, c’est écrit devant moi : je ne me tairai pas sans avoir réglé leur compte, tout leur compte,
7. le prix de leurs fautes et des fautes de leurs pères, toutes ensemble – dit le Seigneur ; ils ont fait brûler l’encens sur les montagnes, ils m’ont outragé sur les collines. Je mesurerai leur salaire, tout leur salaire, à leurs actions passées.
8. Ainsi parle le Seigneur : Quand on trouve du jus dans une grappe, on dit : « Ne la détruisez pas, car elle contient une bénédiction. » Ainsi ferai-je à cause de mes serviteurs, afin de ne pas tout détruire.
9. Je ferai sortir de Jacob une descendance, et de Juda quelqu’un qui possédera mes montagnes ; mes élus les posséderont, mes serviteurs y demeureront.
10. Le Sarone deviendra pacage de brebis, et le Val d’Akor un parc pour les bœufs, en faveur de mon peuple qui m’aura cherché.
11. Mais vous, qui abandonnez le Seigneur, qui oubliez ma montagne sainte, qui dressez une table pour le dieu Gad et remplissez une coupe de libation pour Meni,
12. je vous destine à l’épée ; tous, vous plierez le genou pour être abattus ! Car j’ai appelé, et vous n’avez pas répondu, j’ai parlé, et vous n’avez pas écouté ; vous avez fait ce qui est mal à mes yeux, et vous avez choisi ce qui me déplaît.
13. C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici : mes serviteurs mangeront ; vous, vous aurez faim. Mes serviteurs boiront ; vous, vous aurez soif. Voici : mes serviteurs seront pleins d’allégresse ; vous, vous serez pleins de honte.
14. Mes serviteurs crieront de joie, le cœur en fête ; vous, vous pousserez des cris dans la douleur de votre cœur, vous hurlerez, l’esprit brisé !
15. Pour mes élus, votre nom servira de malédiction : « Qu’il te fasse mourir comme un tel, le Seigneur Dieu ! » – Mais à ses serviteurs Dieu donnera un autre nom.
16. Quiconque voudra se bénir lui-même dans le pays se bénira par le Dieu fidèle, et quiconque, dans le pays, fera un serment le fera par le Dieu fidèle. Car la détresse passée sera oubliée, elle aura disparu à mes yeux.
17. Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit.
18. Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. Car je vais recréer Jérusalem, pour qu’elle soit exultation, et que son peuple devienne joie.
19. J’exulterai en Jérusalem, je trouverai ma joie dans mon peuple. On n’y entendra plus de pleurs ni de cris.
20. Là, plus de nourrisson emporté en quelques jours, ni d’homme qui ne parvienne au bout de sa vieillesse ; le plus jeune mourra centenaire, ne pas atteindre cent ans sera malédiction.
21. On bâtira des maisons, on y habitera ; on plantera des vignes, on mangera leurs fruits.
22. On ne bâtira pas pour qu’un autre habite, on ne plantera pas pour qu’un autre mange ; car les jours de mon peuple seront comme les jours d’un arbre, et mes élus jouiront des ouvrages de leurs mains.
23. Ils ne se fatigueront pas pour rien, ils n’enfanteront plus pour l’épouvante, car ils sont la descendance des bénis du Seigneur, eux et leur postérité.
24. Alors, avant qu’ils n’appellent, moi, je répondrai ; ils parleront encore que moi, je les aurai entendus.
25. Le loup et l’agneau auront même pâture, le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage ; le serpent, lui, se nourrira de poussière. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte, – dit le Seigneur.
Chapitre 66
1. Ainsi parle le Seigneur : Le ciel est mon trône, et la terre, l’escabeau de mes pieds. Où donc me bâtiriez-vous une maison ? Où serait le lieu de mon repos ?
2. Tout cela, c’est ma main qui l’a fait, et tout cela est à moi – oracle du Seigneur. Celui que je regarde, c’est le pauvre, celui qui a l’esprit abattu et tremble à ma parole.
3. On immole le bœuf, mais on abat aussi bien un homme ; on sacrifie le mouton, mais on brise la nuque d’un chien ; on présente une offrande, mais aussi bien du sang de porc ; on brûle de l’encens en mémorial, mais on adresse une bénédiction aux idoles ! Ainsi, ces gens-là ont choisi leurs propres chemins, ils se complaisent dans leurs horreurs ;
4. eh bien moi, je choisirai leurs tourments et je ferai venir sur eux ce qu’ils redoutent, puisque j’ai appelé, et que personne n’a répondu, j’ai parlé, et personne n’a écouté. Ils ont fait ce qui est mal à mes yeux, ils ont choisi ce qui me déplaît.
5. Écoutez ce que dit le Seigneur, vous qui tremblez à sa parole. Vos frères, qui vous haïssent et vous rejettent à cause de mon nom, se sont moqués en disant : « Que le Seigneur manifeste sa gloire, et nous verrons votre joie ! » Eh bien, ce sont eux qui connaîtront la honte !
6. Une voix, un tumulte vient de la ville, une voix sort du Temple : c’est la voix du Seigneur, qui rend à ses ennemis ce qui leur est dû.
7. Avant d’être en travail, Sion a enfanté ; avant que lui viennent les douleurs, elle a accouché d’un garçon.
8. Qui a jamais entendu rien de tel ? Qui a jamais vu chose pareille ? Peut-on mettre au monde un pays en un jour ? Une nation est-elle enfantée en une fois ? Pourtant, Sion, à peine en travail, a enfanté ses fils !
9. Est-ce que moi, j’ouvrirais un passage à la vie, et je ne ferais pas enfanter ? – dit le Seigneur. Moi qui fais enfanter, je fermerais le passage de la vie ? – dit ton Dieu.
10. Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez !
11. Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire.
12. Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux.
13. Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés.
14. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs, il sera indigné par ses ennemis.
15. Car voici que le Seigneur arrive dans le feu, avec ses chars pareils à un ouragan, pour assouvir l’ardeur de sa colère, exécuter ses menaces par les flammes du feu.
16. Car le Seigneur vient juger par le feu, juger par son épée tout être de chair : nombreuses sont les victimes du Seigneur.
17. Ceux qui se sanctifient et se purifient pour entrer dans les jardins, derrière une idole placée au centre, ceux qui mangent de la viande de porc, des bêtes répugnantes et des souris, succomberont ensemble – oracle du Seigneur –
18. avec leurs actions et leurs pensées. Moi, je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire :
19. je mettrai chez elles un signe ! Et, du milieu d’elles, j’enverrai des rescapés vers les nations, vers Tarsis, Pouth et Loud, Mèshek, Rosh, Toubal et Yavane, vers les îles lointaines qui n’ont rien entendu de ma renommée, qui n’ont pas vu ma gloire ; ma gloire, ces rescapés l’annonceront parmi les nations.
20. Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères, en offrande au Seigneur, sur des chevaux et des chariots, en litière, à dos de mulets et de dromadaires, jusqu’à ma montagne sainte, à Jérusalem, – dit le Seigneur. On les portera comme l’offrande qu’apportent les fils d’Israël, dans des vases purs, à la Maison du Seigneur.
21. Je prendrai même des prêtres et des lévites parmi eux, – dit le Seigneur.
22. Oui, comme le ciel nouveau et la terre nouvelle que je fais subsistent devant moi – oracle du Seigneur –, ainsi subsisteront votre descendance et votre nom !
23. Alors, de nouvelle lune en nouvelle lune, et de sabbat en sabbat, tout être de chair viendra se prosterner devant moi, – dit le Seigneur.
24. Et au-dehors, on verra les dépouilles des hommes qui se sont révoltés contre moi : leur vermine ne mourra pas, leur feu ne s’éteindra pas : ils n’inspireront que répulsion à tout être de chair.