Bible/Ecclésiastique

De CathoWiki

Livre de Ben Sira le Sage

Chapitre 0

1. LA LOI, les Prophètes

2. et les livres qui leur font suite

3. nous ont transmis de nombreuses et grandes leçons, et il faut, à ce sujet, louer Israël pour son enseignement et sa sagesse.

4. Or, il ne suffit pas d’acquérir le savoir par la lecture ;

5. il faut encore, une fois gagné par la passion d’apprendre, se rendre utile aux autres

6. tant par la parole que par l’écrit.

7. Aussi, mon grand-père Jésus, après s’être adonné sans réserve à la lecture

8. de la Loi,

9. des Prophètes

10. et des autres livres de nos Pères,

11. et avoir acquis en ce domaine une grande compétence,

12. a-t-il été amené à écrire lui-même sur l’enseignement et la sagesse.

13. De la sorte, ceux qui ont la passion d’apprendre s’y appliqueront à leur tour

14. et progresseront plus encore dans la vie selon la Loi.

15. Vous êtes donc invités

16. à faire la lecture de cet ouvrage

17. avec une bienveillante attention

18. et à vous montrer indulgents

19. s’il vous semble que,

20. en dépit de nos efforts de traduction, nous avons échoué à rendre telle ou telle expression.

21. En effet, ce qui est exprimé à l’origine en hébreu

22. n’a plus la même force une fois traduit dans une autre langue.

23. D’ailleurs,

24. non seulement pour cet ouvrage, mais aussi pour la Loi elle-même, les Prophètes

25. et les autres livres,

26. la traduction présente des différences considérables avec l’original. C’est la trente-huitième année du règne de Ptolémée Évergète

27. que je me suis rendu en Égypte. Au cours de mon séjour,

28. j’ai trouvé une copie de cette importante instruction.

29. 30 J’ai jugé alors qu’il était de la plus haute nécessité de mettre tout mon zèle et tous mes efforts à traduire ce livre. J’ai donc consacré beaucoup de veilles et de science,

31. pendant cette période,

32. pour mener à terme cet ouvrage et le publier

33. à l’intention de ceux qui, à l’étranger, ont la passion d’apprendre

34. 35 et veulent réformer leurs mœurs afin de vivre selon la Loi.

Chapitre 1

1. TOUTE SAGESSE vient du Seigneur, et demeure auprès de lui pour toujours.

2. Le sable des mers, les gouttes de la pluie, et les jours de l’éternité, qui pourra en faire le compte ?

3. La hauteur du ciel, l’étendue de la terre, la profondeur de l’abîme, qui pourra les évaluer ?

4. Avant toute chose fut créée la sagesse ; et depuis toujours, la profondeur de l’intelligence.

5. La source de la sagesse, c’est la parole de Dieu au plus haut des cieux. Ses chemins sont les commandements éternels.

6. La racine de la sagesse, qui en a eu la révélation, et ses subtilités, qui en a eu la connaissance ?

7. La science de la sagesse, à qui fut-elle manifestée, et qui a profité de sa grande expérience ?

8. Il n’y a qu’un seul être sage et très redoutable, celui qui siège sur son trône. C’est le Seigneur,

9. lui qui a créé la sagesse ; il l’a vue et mesurée, il l’a répandue sur toutes ses œuvres,

10. parmi tous les vivants, dans la diversité de ses dons, et ceux qui aiment Dieu en ont été comblés. L’amour du Seigneur est une éminente sagesse ; Dieu en accorde une part à ceux dont il veut se laisser voir.

11. La crainte du Seigneur est gloire et fierté, joie et couronne d’allégresse.

12. La crainte du Seigneur réjouira le cœur ; elle procure plaisir, joie et longue vie. La crainte du Seigneur est un don du Seigneur ; car elle fait persévérer sur les voies de l’amour.

13. Celui qui craint le Seigneur connaîtra une fin heureuse ; au jour de sa mort, il sera béni.

14. La sagesse commence avec la crainte du Seigneur : elle est formée en chaque fidèle dès le sein maternel.

15. Elle a bâti son nid chez les humains, fondation d’éternité : elle sera fidèle envers leurs descendants.

16. La sagesse s’accomplit dans la crainte du Seigneur ; elle les enivre de ses fruits.

17. Elle remplira leurs maisons de biens désirables, et leurs greniers, de ses produits.

18. La sagesse est couronnée par la crainte du Seigneur, elle fait refleurir la paix et le bien-être. L’un et l’autre sont des dons de Dieu qui mènent au bonheur, une juste fierté épanouit ceux qui aiment Dieu.

19. La sagesse répand comme une ondée la science et la connaissance avisée, elle exalte la gloire de ceux qui la possèdent.

20. La sagesse s’enracine dans la crainte du Seigneur, et sa ramure est longue vie.

21. La crainte du Seigneur éloigne les péchés, et qui s’attache à elle détourne la fureur.

22. Une injuste colère ne peut être justifiée : le poids de cette colère entraîne la chute.

23. Qui a de la patience résistera autant qu’il le faut et, plus tard, la joie lui sera rendue.

24. Autant qu’il le faut, il gardera pour lui ses paroles ; l’éloge de sa perspicacité sera sur toutes les lèvres.

25. Dans les trésors de la sagesse sont les proverbes du savoir ; le pécheur, lui, a la religion en horreur.

26. Désires-tu la sagesse ? Garde les commandements, et le Seigneur la conduira vers toi.

27. Car la crainte du Seigneur est sagesse et instruction ; la douceur et la fidélité attirent sa faveur.

28. Ne te dérobe pas à la crainte du Seigneur, ne viens pas à lui avec un cœur double.

29. Quand tu parles aux gens, ne sois pas hypocrite ; veille à tes lèvres.

30. Ne t’élève pas, de peur de tomber et d’attirer sur toi le déshonneur : le Seigneur dévoilerait tes secrets et te jetterait à terre au milieu de l’assemblée, pour n’être pas venu à la crainte du Seigneur et parce que ton cœur regorge de fausseté.

Chapitre 2

1. Mon fils, si tu viens te mettre au service du Seigneur, prépare-toi à subir l’épreuve ;

2. fais-toi un cœur droit, et tiens bon ; ne t’agite pas à l’heure de l’adversité.

3. Attache-toi au Seigneur, ne l’abandonne pas, afin d’être comblé dans tes derniers jours.

4. Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta pauvre vie, sois patient ;

5. car l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu, par le creuset de l’humiliation. Dans les maladies comme dans le dénuement, aie foi en lui.

6. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits, et mets en lui ton espérance.

7. Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous écartez pas du chemin, de peur de tomber.

8. Vous qui craignez le Seigneur, ayez confiance en lui, et votre récompense ne saurait vous échapper.

9. Vous qui craignez le Seigneur, espérez le bonheur, la joie éternelle et la miséricorde : ce qu’il donne en retour est un don éternel, pour la joie.

10. Considérez les générations passées et voyez : Celui qui a mis sa confiance dans le Seigneur, a-t-il été déçu ? Celui qui a persévéré dans la crainte du Seigneur, a-t-il été abandonné ? Celui qui l’a invoqué, a-t-il été méprisé ?

11. Car le Seigneur est tendre et miséricordieux, il pardonne les péchés, et il sauve au moment de la détresse.

12. Malheur aux cœurs lâches et aux mains négligentes, au pécheur qui suit deux sentiers.

13. Malheur au cœur négligent, qui ne fait pas confiance : il ne sera pas protégé.

14. Malheur à vous qui avez perdu la persévérance : que ferez-vous lors de la visite du Seigneur ?

15. Ceux qui craignent le Seigneur ne désobéiront pas à ses paroles, ceux qui l’aiment suivront ses chemins.

16. Ceux qui craignent le Seigneur chercheront à lui plaire, ceux qui l’aiment se rassasieront de sa loi.

17. Ceux qui craignent le Seigneur prépareront leur cœur et s’humilieront devant lui, disant :

18. « Nous voulons tomber dans les mains du Seigneur, et non dans celles des hommes. Car telle est sa grandeur, telle est aussi sa miséricorde. »

Chapitre 3

1. Mes enfants, écoutez-moi, qui suis votre père, et agissez en conséquence, afin d’être sauvés.

2. Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils.

3. Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés,

4. celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor.

5. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé.

6. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.

7. Celui qui craint le Seigneur honorera son père et servira ses parents comme des maîtres.

8. Honore ton père en acte et en parole, afin que sa bénédiction vienne sur toi.

9. Car la bénédiction d’un père affermit la maison de ses enfants, mais la malédiction d’une mère en sape les fondations.

10. Ne te glorifie pas en rabaissant ton père, car l’abaissement de ton père n’est pas une gloire pour toi.

11. La gloire d’un homme vient de la notoriété de son père, une mère méprisée fait la honte de ses enfants.

12. Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie.

13. Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force.

14. Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.

15. Au jour de la détresse, le Seigneur se souviendra de toi ; comme givre au soleil, ainsi fondront tes péchés.

16. Qui abandonne son père est un blasphémateur ; qui met en rage sa mère est maudit du Seigneur.

17. Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur.

18. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur.

19. Beaucoup sont haut placés et glorieux, mais c’est aux humbles que le Seigneur révèle ses secrets.

20. Grande est la puissance du Seigneur, et les humbles lui rendent gloire.

21. Ne cherche pas ce qui est trop difficile pour toi, ne scrute pas ce qui est au-dessus de tes forces.

22. Médite ce qu’on t’a prescrit : tu n’as pas à t’occuper des choses cachées.

23. Ne sois pas curieux de ce qui te dépasse : déjà ce qu’on t’a enseigné est au-delà de l’esprit humain.

24. Leur présomption a égaré bien des gens, leur manque de jugement a fait dévier leurs pensées.

25. Si tes yeux n’avaient pas de prunelles, tu serais privé de lumière ; alors, si tu es dénué de science, ne te vante pas !

26. Un cœur endurci finira dans le malheur, celui qui aime le danger s’y perdra.

27. Un cœur endurci sera écrasé de peines, le pécheur entasse péché sur péché.

28. La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui.

29. Qui est sensé médite les maximes de la sagesse ; l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute.

30. L’eau éteint la flamme du feu, et l’aumône obtient le pardon des péchés.

31. Celui qui sait rendre les bienfaits pense à l’avenir ; s’il vient à tomber, il trouvera un soutien.

Chapitre 4

1. Mon fils, ne retire pas au pauvre ce qu’il lui faut pour vivre, ne fais pas attendre le regard d’un indigent.

2. Ne fais pas souffrir un affamé, n’exaspère pas un homme qui est dans la misère.

3. N’ajoute pas au trouble d’un cœur irrité, ne fais pas attendre ton aumône à celui qui en a besoin.

4. Ne repousse pas celui qui supplie dans la détresse, ne détourne pas du pauvre ton visage.

5. Ne détourne pas du miséreux ton regard, ne donne pas à un homme l’occasion de te maudire.

6. Car s’il te maudit dans l’amertume de son âme, celui qui l’a créé entendra sa prière.

7. Rends-toi aimable à toute l’assemblée, et baisse la tête devant celui qui commande.

8. Penche l’oreille vers le pauvre, et réponds avec douceur à son salut de paix.

9. Délivre l’opprimé du pouvoir de l’oppresseur, et ne sois pas timide quand tu rends la justice.

10. Sois comme un père pour les orphelins, et pour leur mère sois comme un mari. Alors tu seras comme un fils du Très-Haut, il t’aimera plus que ta propre mère.

11. La sagesse conduit ses fils à la grandeur, elle prend soin de ceux qui la cherchent.

12. L’aimer, c’est aimer la vie ; ceux qui la cherchent dès l’aurore seront comblés de bonheur ;

13. celui qui la possède obtiendra la gloire en héritage ; là où il entre, le Seigneur donne sa bénédiction.

14. Ceux qui rendent un culte à la sagesse célèbrent le Dieu saint, ceux qui l’aiment sont aimés du Seigneur ;

15. celui qui l’écoute jugera les nations, celui qui s’attache à elle sera en sécurité dans sa demeure.

16. S’il se confie en elle, il en prendra possession, et tous ses descendants la recevront en héritage.

17. Pour commencer, elle le conduira par des chemins sinueux, elle fera venir sur lui la peur et l’appréhension, elle le tourmentera par la sévérité de son éducation, jusqu’à ce qu’elle puisse lui faire confiance ; elle l’éprouvera par ses exigences.

18. Puis elle reviendra tout droit vers lui, elle le comblera de bonheur en lui dévoilant ses secrets.

19. Mais s’il s’égare loin d’elle, elle l’abandonnera et le laissera aller à sa perte.

20. Sois sur tes gardes, évite le mal, et n’aie pas honte d’être toi-même.

21. Car il y a une honte qui conduit au péché, et une honte qui est gloire et grâce.

22. Ne te laisse pas impressionner, allant contre ta conscience, par l’apparence des personnes. Ne cède pas aux pressions qui te feraient tomber.

23. Ne t’interdis pas de parler quand il le faut. et ne cache pas ta sagesse.

24. La sagesse se reconnaît à la parole, et l’instruction, aux propos de la langue.

25. Ne parle pas contre la vérité, rougis plutôt de ton ignorance.

26. N’aie pas honte de confesser tes péchés, ne lutte pas contre le courant du fleuve.

27. Ne t’aplatis pas devant un sot, ne te laisse pas intimider par le puissant.

28. Lutte pour la vérité jusqu’à la mort, et le Seigneur Dieu combattra pour toi.

29. Ne te montre pas hardi dans ton langage, mou et négligent dans tes actes.

30. Ne sois pas comme un lion chez toi, cherchant à faire illusion à ceux de ta maison.

31. Que ta main ne soit pas tendue pour prendre, et fermée lorsqu’il faut rendre.

Chapitre 5

1. Ne t’appuie pas sur tes richesses, ne dis pas : « Elles me suffisent. »

2. Ne te laisse pas entraîner par ton instinct et ta force à suivre les désirs de ton cœur.

3. Ne dis pas : « Qui m’en imposera ? », car le Seigneur ne manquerait pas de te châtier.

4. Ne dis pas : « J’ai péché, et rien ne m’est arrivé », car le Seigneur sait attendre longtemps.

5. Ne sois pas assuré du pardon au point d’entasser péché sur péché.

6. Ne dis pas : « Sa miséricorde est grande, il pardonnera bien tous mes péchés », car, en lui, il y a pitié mais aussi colère ; son indignation s’abattra sur les pécheurs.

7. Ne tarde pas à te retourner vers le Seigneur, ne remets pas ta décision de jour en jour ; car brusquement éclatera la colère du Seigneur, et à l’heure du châtiment, tu seras anéanti.

8. Ne t’appuie pas sur des richesses injustement acquises : elles ne te serviront de rien au jour de l’adversité.

9. Ne disperse pas à tous les vents et ne t’engage pas dans tous les sentiers, comme fait le pécheur à la langue double.

10. Tiens fermement tes convictions et n’aie qu’une parole.

11. Sois prompt à écouter, mais pour donner ta réponse, prends ton temps.

12. Si tu as quelque compétence, réponds à ton prochain ; sinon, que ta main soit sur ta bouche.

13. La gloire comme le déshonneur sont dans la parole ; la langue de l’homme peut être sa ruine.

14. Ne te fais pas traiter de médisant et ne tends pas de pièges avec ta langue : comme le voleur est couvert de honte, la langue double sera durement condamnée.

15. Ne te mets en faute ni dans les grandes ni dans les petites choses,

Chapitre 6

1. et d’ami ne deviens pas ennemi. Car une mauvaise réputation héritera la honte et l’opprobre, comme il en va pour le pécheur à la langue double.

2. Ne te laisse pas emporter par ta passion, de peur de finir dépecé comme un bœuf ;

3. tu dévorerais ton propre feuillage, tu perdrais tes fruits et tu te retrouverais comme du bois sec.

4. Une passion mauvaise perd celui qui la possède et fait de lui la risée de ses ennemis.

5. La parole agréable attire de nombreux amis, le langage aimable attire de nombreuses gentillesses.

6. De bonnes relations, tu peux en avoir avec beaucoup de monde ; mais des conseillers ? n’en choisis qu’un seul entre mille !

7. Si tu veux acquérir un ami, acquiers-le en le mettant à l’épreuve ; n’aie pas trop vite confiance en lui.

8. Il y a celui qui est ton ami quand cela lui convient, mais qui ne reste pas avec toi au jour de ta détresse.

9. Il y a celui qui d’ami se transforme en ennemi, et qui va divulguer, pour ta confusion, ce qui l’oppose à toi.

10. Il y a celui qui est ton ami pour partager tes repas, mais qui ne reste pas avec toi au jour de ta détresse.

11. Quand tout va bien pour toi, il est comme un autre toi-même et commande avec assurance à tes domestiques ;

12. mais si tu deviens pauvre, il est contre toi, et il se cache pour t’éviter.

13. Tes ennemis, tiens-les à distance ; avec tes amis, sois sur tes gardes.

14. Un ami fidèle, c’est un refuge assuré, celui qui le trouve a trouvé un trésor.

15. Un ami fidèle n’a pas de prix, sa valeur est inestimable.

16. Un ami fidèle est un élixir de vie que découvriront ceux qui craignent le Seigneur.

17. Celui qui craint le Seigneur choisit bien ses amis, car son compagnon lui ressemblera.

18. Mon fils, dès ta jeunesse, accueille l’instruction, et jusqu’à l’âge des cheveux blancs tu trouveras la sagesse.

19. Comme celui qui laboure et fait les semailles, cultive-la et attends ses bons fruits. Tu peineras un peu pour la travailler, mais bientôt, tu mangeras de ses produits.

20. Aux ignorants, elle semble terriblement dure, et qui n’a pas d’intelligence n’y persévère pas :

21. elle pèse sur lui comme une lourde pierre, et il ne tarde pas à la rejeter.

22. Car la sagesse mérite bien son nom : elle n’est pas accessible au grand nombre.

23. Écoute, mon fils, et reçois mon avis ; ne rejette pas mon conseil.

24. Engage tes pieds dans les entraves de la sagesse et ton cou dans son carcan.

25. Incline ton épaule pour la porter et ne te rebiffe pas contre ses liens.

26. Viens à elle de toute ton âme, et de toute ta force suis ses chemins.

27. Mets-toi sur sa trace et cherche-la : elle se fera connaître, et, quand tu l’auras saisie, ne la laisse pas s’échapper.

28. Pour finir, tu trouveras en elle ton repos, et elle deviendra ta joie.

29. Alors, ses entraves seront pour toi une puissante protection, et son carcan, un vêtement de gloire.

30. Son joug est une parure d’or, ses liens sont un ruban de pourpre.

31. Tu la porteras comme un vêtement de gloire, tu la ceindras comme une couronne d’allégresse.

32. Si tu le veux, mon fils, tu deviendras instruit ; à force d’application, tu auras du savoir-faire.

33. Si tu prends plaisir à écouter, tu apprendras, et si tu prêtes l’oreille, tu deviendras sage.

34. Tiens-toi dans la compagnie des anciens ; si tu trouves un sage, attache-toi à lui.

35. Écoute volontiers tout discours qui vient de Dieu, et ne néglige aucun proverbe sensé.

36. Si tu vois quelqu’un de bon sens, cours vers lui dès le matin, et que tes pieds usent le seuil de sa porte.

37. Réfléchis aux préceptes du Seigneur, applique-toi toujours à étudier ses commandements ; lui-même affermira ton cœur, et ton désir de sagesse sera comblé.

Chapitre 7

1. Ne fais pas le mal, et aucun mal ne t’arrivera.

2. Éloigne-toi de l’injuste, et il s’écartera de toi.

3. Mon fils, ne sème pas dans les sillons de l’injustice, de peur d’en récolter sept fois plus.

4. Ne demande pas au Seigneur une situation en vue, ni au roi une place d’honneur.

5. Ne joue pas au juste devant le Seigneur, ni au sage devant le roi.

6. Ne brigue pas la fonction de juge, si tu n’es pas armé pour briser l’injustice ; tu pourrais te laisser intimider par un puissant, et compromettre ton intégrité.

7. Ne te rends pas coupable envers le peuple de la ville, ne perds pas la considération publique.

8. Ne commets pas une deuxième fois le même péché, car pour le premier tu ne resteras pas impuni.

9. Ne dis pas : « Le Dieu Très-Haut verra l’abondance de mes offrandes ; quand je les présenterai devant lui, il les acceptera. »

10. Ne te décourage pas dans ta prière, et ne néglige pas de faire l’aumône.

11. Ne te moque pas d’un homme qui est dans la peine, car le Dieu qui humilie est aussi celui qui élève.

12. Ne cultive pas le mensonge contre ton frère, et pas davantage contre ton ami.

13. Ne consens jamais au mensonge : l’habitude de mentir ne produit rien de bon.

14. Ne pérore pas devant les anciens, et ne rabâche pas dans ta prière.

15. Ne prends pas en dégoût les travaux pénibles, ni le travail des champs institué par le Très-Haut.

16. Ne te joins pas à la compagnie des pécheurs, souviens-toi que la colère ne tardera pas.

17. Humilie-toi profondément, car l’impie aura pour châtiment le feu et les vers.

18. Ne vends pas un ami pour de l’argent, ni un frère de sang pour l’or d’Ophir.

19. Ne te détourne pas d’une épouse sage et bonne, car sa valeur surpasse l’or.

20. Ne maltraite pas l’esclave qui travaille fidèlement, ni le journalier qui se dévoue sans compter.

21. Aime de tout ton cœur l’esclave intelligent, ne lui refuse pas la liberté.

22. As-tu du bétail ? Prends-en soin ; s’il te rapporte, ne t’en défais pas.

23. As-tu des enfants ? Éduque-les ; dès le jeune âge, apprends-leur à obéir.

24. As-tu des filles ? Veille à leur vertu, et montre-leur un visage sérieux.

25. Donne ta fille en mariage, tu auras conclu une affaire importante, mais donne-la à un homme de bon sens.

26. As-tu une femme selon ton cœur ? Surtout, ne la renvoie pas ! Mais si elle n’est pas aimée, méfie-toi d’elle !

27. De tout ton cœur, honore ton père, et n’oublie pas les douleurs de ta mère.

28. Souviens-toi que tu leur dois d’être né ; comment leur rendras-tu ce qu’ils ont fait pour toi ?

29. De toute ton âme, révère le Seigneur et vénère ses prêtres.

30. De toute ta force, aime ton Créateur et ne délaisse pas ceux qui le servent.

31. Crains le Seigneur et honore le prêtre, donne-lui la part qui est prescrite : prémices, sacrifice de réparation, épaules des bêtes immolées, sacrifice de consécration et prémices saintes.

32. Tends aussi ta main au pauvre, pour être pleinement béni.

33. Que ta générosité s’étende à tous les vivants ; même envers les morts sois généreux.

34. Ne te détourne pas de ceux qui pleurent, afflige-toi avec les affligés.

35. N’hésite pas à visiter un malade : en agissant ainsi, tu seras aimé.

36. Quoi que tu fasses, souviens-toi que ta vie a une fin, et jamais tu ne pécheras.

Chapitre 8

1. N’entre pas en conflit avec un homme puissant, de peur de tomber entre ses mains.

2. Ne te querelle pas avec un homme riche, de peur de ne pas faire le poids, car avec de l’or on a perdu bien des gens, il a même fait fléchir le cœur des rois.

3. Ne te dispute pas avec un bavard : tu ne ferais qu’entasser du bois sur son feu.

4. Ne plaisante pas avec quelqu’un de mal élevé, de peur d’entendre insulter tes parents.

5. Ne fais pas de reproches au pécheur repentant : souviens-toi que nous sommes tous passibles de châtiment.

6. Ne méprise pas un vieillard, car certains d’entre nous prennent de l’âge.

7. Ne te réjouis pas de la mort de quelqu’un : souviens-toi que tous nous devrons mourir.

8. Ne néglige pas la conversation des sages, reviens souvent à leurs proverbes, car auprès d’eux tu acquerras l’instruction et l’art de servir les grands.

9. Ne fuis pas la conversation des vieillards – eux-mêmes ont appris de leurs pères – car auprès d’eux tu acquerras l’intelligence et l’art de répondre en temps voulu.

10. N’attise pas les ardeurs du pécheur, de peur de te brûler au feu de sa flamme.

11. Ne tiens pas tête à l’effronté : il pourrait te prendre au piège de ton propre discours.

12. Ne prête pas à plus fort que toi, et si tu le fais, considère ton bien comme perdu.

13. Ne te porte pas garant au-delà de tes moyens, et si tu le fais, prépare-toi à payer.

14. Ne sois pas en procès avec un juge, car on s’en remettra à son jugement.

15. Ne fais pas route avec l’aventurier, de peur qu’il ne t’épuise, car il n’en fera qu’à sa tête et sa folie vous perdra tous les deux.

16. Ne te dispute pas avec un coléreux, et ne t’engage pas avec lui dans un lieu désert, car le sang compte pour rien à ses yeux ; là où il n’y a plus de secours, il t’abattra.

17. Ne prends pas conseil d’un insensé, car il ne pourra tenir sa langue.

18. Devant un étranger, ne fais rien qui doive rester caché, car tu ignores ce qu’il en tirera.

19. N’ouvre pas ton cœur au premier venu, il ne t’en saurait aucun gré.

Chapitre 9

1. Ne sois pas jaloux de la femme de ton cœur : tu lui donnerais l’idée de te faire du mal.

2. Ne livre pas ton âme au pouvoir d’une femme : elle prendrait de l’ascendant sur toi.

3. Ne va pas voir une femme de mauvaise vie : tu tomberais dans ses filets.

4. Ne fréquente pas une chanteuse, de peur de te laisser prendre à ses artifices.

5. Ne fixe pas ton regard sur une jeune fille, de peur d’être puni à cause d’elle.

6. Ne te livre pas aux prostituées : tu y perdrais ton patrimoine.

7. Ne promène pas tes regards dans les rues de la ville et ne rôde pas dans les coins déserts.

8. Détourne les yeux d’une jolie femme, ne fixe pas ton regard sur une belle étrangère. La beauté féminine en a égaré beaucoup, et l’amour s’y enflamme comme un feu.

9. Ne t’assieds jamais près d’une femme mariée, et dans un banquet ne t’enivre pas avec elle, de peur que tu t’en éprennes et que ta passion entraîne ta perte.

10. N’abandonne pas un vieil ami, car un nouvel ami ne le vaudra pas. Ami nouveau, vin nouveau : qu’il vieillisse, tu le boiras avec plaisir.

11. N’envie pas la réussite du pécheur, tu ne sais pas comment il finira.

12. Ne te réjouis pas, avec les impies, de leur succès, souviens-toi qu’ils ne mourront pas impunis.

13. Tiens-toi loin de l’homme capable de tuer, et tu n’auras pas à craindre la mort. Mais si tu viens à lui, évite tout faux pas, de peur qu’il ne t’enlève la vie : sache que tu t’avances au milieu de pièges, et que tu t’exposes aux créneaux d’une ville assiégée.

14. Fréquente tes voisins autant que tu le peux, et demande conseil aux sages.

15. Aime à t’entretenir avec les gens intelligents, et consacre tes conversations à la loi du Très-Haut.

16. Recherche des hommes justes pour prendre avec eux ton repas, mets ta fierté dans la crainte du Seigneur.

17. Pour son ouvrage on loue la main de l’artiste, et le chef d’un peuple pour la sagesse de sa parole.

18. Le bavard est redouté dans la ville, l’homme emporté par ses discours se fait détester.

Chapitre 10

1. Le gouvernant sage éduque son peuple, et le pouvoir d’un homme intelligent s’exerce selon les règles.

2. Tel le gouvernant, tels ses ministres ; tel celui qui dirige la cité, tels les habitants.

3. Un roi ignorant conduit son peuple à la ruine, une ville s’édifie sur l’intelligence de ses chefs.

4. Le gouvernement de la terre est dans la main du Seigneur, qui, le moment venu, suscite l’homme providentiel.

5. La réussite de l’homme est dans la main du Seigneur, sur la personne du magistrat il fait reposer sa gloire.

6. Ne garde pas rancune au prochain, quels que soient ses torts, et ne fais rien dans un mouvement de violence.

7. Aux yeux du Seigneur et de l’homme, l’orgueil est odieux ; pour tous deux l’injustice est une faute.

8. La souveraineté passe d’un peuple à un autre, à cause des injustices, des violences et de l’argent. Il n’y a pire criminel que l’avare : il va jusqu’à vendre son âme.

9. De quoi pourrait s’enorgueillir celui qui est terre et poussière, alors que ses entrailles pourrissent déjà de son vivant ?

10. Longue maladie défie le médecin ; tel est roi aujourd’hui qui mourra demain.

11. À sa mort, l’homme reçoit en héritage larves, bêtes et vers.

12. L’orgueil de l’homme commence quand il s’écarte du Seigneur, quand son cœur s’éloigne de celui qui l’a créé,

13. car l’orgueil commence avec le péché, et qui s’y attache provoque un déluge d’abominations. Voilà pourquoi le Seigneur inflige aux orgueilleux d’éclatantes punitions, avant de les détruire complètement.

14. Le Seigneur a renversé les princes de leurs trônes et installé les doux à leur place.

15. Le Seigneur a déraciné les nations païennes, et, à leur place, il a planté les humbles.

16. Le Seigneur a dévasté les territoires des païens, il les a ravagés jusqu’aux fondements de la terre.

17. Il en a asséché pour exterminer leurs habitants, il a effacé de la terre jusqu’à leur souvenir.

18. L’orgueil n’a pas été créé pour les humains, ni les fureurs de la colère pour les enfants de la femme.

19. Quelle race est digne d’honneur ? La race des hommes. Quelle race est digne d’honneur ? Ceux qui craignent le Seigneur. Quelle race est méprisable ? La race des hommes. Quelle race est méprisable ? Ceux qui transgressent les commandements.

20. Comme un chef est à l’honneur au milieu de ses frères, ainsi sont aux yeux du Seigneur ceux qui le craignent.

21. La faveur divine commence avec la crainte du Seigneur, la disgrâce commence avec l’obstination et l’orgueil.

22. Le riche, le noble et le pauvre n’ont de fierté que dans la crainte du Seigneur.

23. Il est injuste de mépriser un homme intelligent qui est pauvre, et il ne convient pas d’honorer un pécheur.

24. Les grands, les juges, les puissants sont couverts de gloire, mais nul ne surpasse celui qui craint le Seigneur.

25. Un serviteur sage commandera des personnes libres, et l’homme de bon sens n’y trouvera pas à redire.

26. Ne joue pas au sage quand tu es au travail, et ne te vante pas quand tu es dans la gêne.

27. Mieux vaut un travailleur dans l’abondance qu’un flâneur qui se vante et manque de pain.

28. Mon fils, reste modeste dans ton opinion sur toi-même, et estime-toi à ta juste valeur.

29. Qui justifierait celui qui se fait tort à lui-même ? Et qui estimera celui qui se méprise ?

30. On honore le pauvre pour son savoir, et le riche pour sa richesse.

31. Si quelqu’un est honoré dans la pauvreté, combien plus le serait-il dans la richesse ! Mais s’il est méprisé dans la richesse, combien plus le serait-il dans la pauvreté !

Chapitre 11

1. La sagesse de l’humble lui tient la tête haute, et le fait asseoir au milieu des grands.

2. Ne fais pas l’éloge d’un homme parce qu’il est beau, et ne repousse personne à cause de son apparence.

3. L’abeille est un des plus petits êtres qui volent, mais ce qu’elle produit est d’une douceur exquise.

4. Ne mets pas ta fierté dans le vêtement que tu portes, et ne t’exalte pas au jour de ta gloire. Car les œuvres du Seigneur sont étonnantes, et son action, cachée aux hommes.

5. Beaucoup de souverains ont été déposés, et un inconnu a porté le diadème,

6. Bien des princes ont subi les derniers outrages, et des gens illustres ont été livrés aux mains d’autrui.

7. Ne blâme pas avant de t’être informé, réfléchis d’abord, et tu pourras critiquer.

8. Ne réponds pas avant d’avoir écouté, et n’interromps pas celui qui parle.

9. Ne t’enflamme pas dans une affaire qui ne te regarde pas, ne prends pas parti dans une querelle de pécheurs.

10. Mon fils, ne te lance pas dans beaucoup d’entreprises : si tu les multiplies, tu ne t’en tireras pas sans dommage. Même en courant, tu n’aboutiras à rien et tu ne pourras pas t’en sortir par la fuite.

11. Un tel se dépense, se donne du mal, s’active, et n’en est que plus dépourvu.

12. Tel autre est faible, il a besoin de soutien, il manque de moyens et ne surabonde que de misère. Mais les yeux du Seigneur l’ont regardé avec bienveillance, pour le relever de son abaissement

13. et redresser sa tête, à l’étonnement de tous.

14. Bonheur et malheur, vie et mort, richesse et pauvreté viennent du Seigneur.

15. Sagesse, science et connaissance de la Loi viennent du Seigneur, amour et pratique des bonnes œuvres viennent de lui.

16. L’égarement et les ténèbres ont été créés pour les pécheurs, ceux qui se targuent de leur malice vieillissent avec elle.

17. Le Seigneur maintient ses dons à ceux qui sont religieux ; sa bienveillance, à jamais, les conduit.

18. Tel s’enrichit à force d’être économe et regardant, mais voici ce qu’il y gagne :

19. quand il dit : « Enfin le repos ! Maintenant je vais jouir de mes biens », il ignore combien de temps cela va durer : il devra laisser ses biens à d’autres et mourra.

20. Reste attaché à ton métier, sois assidu, continue ton ouvrage jusqu’à la vieillesse.

21. Ne sois pas admiratif devant les œuvres du pécheur, fais confiance au Seigneur et persévère dans ta besogne. Car il est facile au Seigneur d’enrichir le pauvre à l’improviste, en un instant.

22. La récompense de qui est religieux, c’est la bénédiction du Seigneur : en peu de temps, il fait fleurir cette bénédiction.

23. Ne dis pas : « De quoi pourrais-je avoir besoin ? Quels biens puis-je avoir encore ? »

24. Ne dis pas non plus : « J’ai tout ce qu’il me faut. Quel mal pourrait encore m’atteindre ? »

25. Au jour du bonheur, on oublie le malheur ; au jour du malheur, on oublie le bonheur.

26. Mais au jour de la mort, il est facile, pour le Seigneur, de rendre à l’homme selon sa conduite.

27. La peine d’un moment fait oublier le bien-être, et les œuvres d’un homme se révèlent à ses derniers instants.

28. Avant sa mort, ne déclare personne heureux, car c’est au terme de sa vie que l’on connaît un homme.

29. N’introduis pas n’importe qui dans ta maison, car un escroc a plus d’un tour dans son sac.

30. Comme la perdrix qui sert d’appât dans une cage, tel est le cœur de l’orgueilleux : comme un espion, il guette et attend ta chute.

31. Pour tendre un piège, il tourne le bien en mal ; il jette le discrédit sur ce qui est estimable.

32. Une étincelle allume un grand brasier : le pécheur à l’affût va jusqu’au meurtre.

33. Prends garde au malveillant, car il prépare un mauvais coup : il peut te discréditer à jamais.

34. Si tu introduis chez toi l’étranger, il y jettera le trouble et te rendra étranger aux gens de ta maison.

Chapitre 12

1. Si tu fais le bien, sache à qui tu le fais, et l’on te saura gré de ton geste.

2. Fais du bien à qui est religieux, et tu seras payé de retour, sinon par lui, du moins par le Très-Haut.

3. Pas de bonheur possible pour qui s’obstine dans le mal et refuse de faire l’aumône.

4. Donne à qui est religieux, mais ne viens pas en aide au pécheur.

5. À celui qui est humble fais du bien, mais ne donne pas à l’impie : refuse-lui son pain, ne lui donne rien ; il pourrait devenir plus fort que toi, et tu recevrais alors double mal pour tout le bien que tu lui aurais fait.

6. Car le Très-Haut lui-même déteste les pécheurs, il rendra aux impies ce qu’ils méritent, il se les réserve pour le jour du châtiment.

7. Donne à l’homme de bien, mais ne viens pas en aide au pécheur.

8. Dans le bonheur on ne peut pas reconnaître l’ami, dans le malheur l’ennemi ne sera plus masqué.

9. Quand un homme est heureux, ses ennemis sont dépités ; quand il est malheureux, même l’ami s’éloigne.

10. Ne fais jamais confiance à ton ennemi, car sa méchanceté se cache comme le bronze sous l’oxyde.

11. Même s’il se fait humble et s’avance avec un air penché, prends garde, méfie-toi de lui. Traite-le comme un miroir qu’il faut polir, sache que la rouille ne le dissimulera pas toujours.

12. Ne le mets pas près de toi : il te renverserait pour prendre ta place. Ne le fais pas asseoir à ta droite, il convoiterait ton siège. Tu comprendrais enfin mes paroles et, plein de regrets, tu te rappellerais mes conseils.

13. Qui aura pitié du charmeur mordu par un serpent et de ceux qui vont au-devant des fauves ?

14. Ainsi pour qui se lie à un pécheur et se rend complice de ses péchés.

15. Il restera un moment à tes côtés, mais dès que tu auras le dos tourné, il ne se contiendra plus.

16. L’ennemi n’a que douceur sur les lèvres, mais dans son cœur il cherche à te précipiter à la fosse. L’ennemi peut avoir les larmes aux yeux, mais s’il en a l’occasion, il sera insatiable de ton sang.

17. S’il t’arrive malheur, il sera le premier auprès de toi, et, sous prétexte de t’aider, il te fera un croc-en-jambe.

18. Il hochera la tête, se frottera les mains et ne fera que ricaner, laissant voir son vrai visage.

Chapitre 13

1. Qui touche à du goudron se salit, qui fréquente un orgueilleux lui devient semblable.

2. Ne te charge pas d’un fardeau trop pesant, ne t’associe pas à plus fort ou plus riche que toi. Comment au pot de terre associer le pot de fer ? Au premier choc, celui-là se brise.

3. Le riche commet une injustice, et c’est lui qui se fâche ! Le pauvre subit l’injustice, et il doit encore demander pardon.

4. Tant que tu lui es utile, le riche se sert de toi ; mais quand tu seras dans le besoin, il te laissera tomber.

5. Si tu as quelque bien, il vivra avec toi, pour te dépouiller sans remords.

6. A-t-il besoin de toi ? Il t’abuse, il te fait bon visage et te laisse espérer. Il t’adresse des compliments et dit : « De quoi as-tu besoin ? »

7. Il te rend confus par ses festins, jusqu’à ce qu’il t’ait mis sur la paille deux ou trois fois, et pour finir il se moquera de toi ; s’il te voit par la suite, il passe son chemin. Après quoi, il te regardera de haut, te laissera tomber et hochera la tête à ton sujet.

8. Fais attention : ne te laisse pas abuser ni humilier par ta naïveté.

9. Si un grand t’invite, dérobe-toi : il t’invitera de plus belle.

10. Ne t’impose pas, de peur d’être repoussé, ne te tiens pas trop loin, de peur d’être oublié.

11. Ne t’avise pas de lui parler d’égal à égal, ne te fie pas à son bavardage, car par ce flot de paroles il te met à l’épreuve : il te scrute, même quand il te sourit.

12. Il divulguera impitoyablement tes propos et ne t’épargnera ni les coups ni les chaînes.

13. Fais attention et prends bien garde, car tu frôles ta propre ruine.

14. Si tu entends cela, reste vigilant dans ton sommeil, aime le Seigneur ta vie durant et invoque-le pour ton salut.

15. Tout animal aime son semblable et tout homme, son pareil.

16. Toute chair s’unit selon son espèce, et l’homme s’attache à son semblable.

17. Quoi de commun entre le loup et l’agneau, entre qui est pécheur et qui est religieux ?

18. Quelle paix possible entre l’hyène et le chien ? Quelle paix entre le riche et le pauvre ?

19. L’âne sauvage du désert est la proie des lions, comme le pauvre est la pâture des riches.

20. L’orgueilleux déteste l’humiliation, comme le riche déteste le pauvre.

21. Que chancelle un riche, il est soutenu par ses amis ; que tombe un pauvre, il est repoussé par les siens.

22. Quand le riche fait un faux pas, il trouve beaucoup d’appuis ; s’il dit des sottises, on lui donne raison. Mais quand un petit trébuche, on lui fait des reproches ; même s’il a des choses sensées à dire, on ne lui en donne pas l’occasion.

23. Quand le riche prend la parole, tous font silence et portent son discours aux nues. Si le pauvre veut s’exprimer, on demande : « Qui est-ce ? » et s’il bute sur un mot, on l’enfonce.

24. La richesse est bonne tant qu’elle est sans péché ; la pauvreté est un mal, au dire de l’impie.

25. Le cœur de l’homme modèle son visage soit en bien, soit en mal.

26. À cœur content, joyeux visage ; mais pour forger des proverbes, on s’épuise à réfléchir !

Chapitre 14

1. Heureux l’homme qui n’a pas failli en paroles et n’est pas tourmenté du regret de ses fautes.

2. Heureux celui que sa conscience ne condamne pas et qui n’a pas perdu l’espoir.

3. La richesse ne sied pas à l’homme mesquin, et, pour l’homme envieux, quelle fortune suffirait ?

4. Qui amasse en se privant amasse pour autrui : avec ses biens, d’autres vivront dans le plaisir.

5. Celui qui est dur pour lui-même, pour qui sera-t-il bon ? Il ne jouira même pas de sa fortune.

6. Nul n’est pire que celui qui se ronge d’envie : il reçoit le salaire de sa perversion.

7. S’il fait le bien, c’est par mégarde ; il finit toujours par laisser voir sa méchanceté.

8. Il est vil, celui qui a l’œil envieux, qui détourne son regard et méprise les gens.

9. L’œil de l’avare n’est pas satisfait de ce qui lui revient ; une avidité malsaine dessèche l’âme.

10. L’avare est chiche de pain, il en manque, lui-même, à sa table.

11. Mon fils, fais-toi plaisir avec ce que tu as et présente au Seigneur des offrandes dignes de lui.

12. Souviens-toi que la mort ne tardera pas, et que l’heure fixée ne t’a pas été révélée.

13. Avant de mourir, fais plaisir à tes amis ; sois généreux, donne à la mesure de tes moyens.

14. Ne te prive pas d’un jour de bonheur, ne refuse pas ta part de satisfactions.

15. Ne devras-tu pas laisser à d’autres le fruit de tes peines ? Le produit de ton labeur ne sera-t-il pas tiré au sort ?

16. Donne, reçois, distrais-toi, car au séjour des morts ne se trouve aucun plaisir.

17. Toute chair se fripe comme un vêtement ; c’est la loi depuis toujours : Tu dois mourir.

18. Comme parmi les feuilles d’un arbre touffu les unes tombent et les autres poussent, ainsi font les générations de chair et de sang : l’une meurt, et l’autre naît.

19. Toute œuvre corruptible disparaît, et son auteur s’en va avec elle.

20. Heureux qui s’exerce à la sagesse et réfléchit avec intelligence,

21. qui médite en son cœur ses chemins et pénètre dans ses secrets.

22. Il suit sa piste, comme un chasseur, il guette son passage,

23. Il regarde par sa fenêtre, il écoute à sa porte.

24. Il se tient près de sa maison et fixe dans ses murs le piquet de la tente

25. qu’il dresse tout près de chez elle ; il campe ainsi au séjour du bonheur.

26. Sous la protection de la Sagesse, il place ses enfants ; sous ses branches, il demeure ;

27. à son ombre, il est protégé de la chaleur ; il s’établit dans sa gloire.

Chapitre 15

1. Ainsi agit celui qui craint le Seigneur. Celui qui est maître de la Loi atteindra la Sagesse.

2. Elle vient à sa rencontre comme une mère ; comme une épouse vierge, elle l’accueillera.

3. Elle-même le nourrit du pain de l’intelligence et lui donne à boire l’eau de la sagesse.

4. Il s’appuie sur elle et ne chancelle pas ; il s’attache à elle et n’en rougit pas.

5. C’est elle qui l’élève au-dessus de ses proches ; au milieu de l’assemblée, il ouvrira la bouche.

6. Il trouvera la joie et recevra une couronne d’allégresse, il aura pour héritage une renommée éternelle.

7. Jamais les insensés n’atteindront la Sagesse, les pécheurs ne la verront pas.

8. Elle se tient loin de l’orgueil, et les menteurs ne songent pas à elle.

9. La louange sonne faux dans la bouche du pécheur, parce que le Seigneur ne l’y a pas placée.

10. C’est la Sagesse qui fait jaillir la louange, et le Seigneur la mène à bien.

11. Ne dis pas : « C’est le Seigneur qui m’a dévoyé », car il ne fait pas ce qu’il a en horreur.

12. Ne dis pas : « C’est lui qui m’a égaré », car il n’a que faire du pécheur.

13. Tout ce qui est abominable est détesté du Seigneur et ne peut être aimé de ceux qui le craignent.

14. C’est lui qui, au commencement, a créé l’homme et l’a laissé à son libre arbitre.

15. Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle.

16. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères.

17. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix.

18. Car la sagesse du Seigneur est grande, fort est son pouvoir, et il voit tout.

19. Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît toutes les actions des hommes.

20. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher.

Chapitre 16

1. Ne souhaite pas beaucoup d’enfants qui ne seraient bons à rien, et ne mets pas ta joie dans tes fils, s’ils sont impies.

2. Aussi nombreux qu’ils soient, ne t’en réjouis pas s’ils n’ont pas la crainte du Seigneur.

3. Ne t’attends pas à ce qu’ils aient longue vie et ne te fie pas à leur nombre, car tu te lamenteras pour un deuil prématuré et tu seras surpris par leur fin. Un seul vaut mieux que mille ; il est préférable de mourir sans enfants que d’avoir des enfants impies.

4. Il suffit d’une personne intelligente pour que la ville prospère, mais la race des sans-loi sera anéantie.

5. J’ai vu de mes yeux bien des exemples, et entendu de mes oreilles des cas plus graves encore :

6. un feu embraser une assemblée de pécheurs, et la colère de Dieu s’enflammer contre un peuple rebelle.

7. Il n’a pas pardonné aux géants d’autrefois, qui, sûrs de leur puissance, s’étaient révoltés.

8. Il n’a pas épargné les habitants de Sodome : leur orgueil lui faisait horreur.

9. Il n’a pas eu pitié d’un peuple allant à sa perte qui se glorifiait dans ses péchés. Voilà comment il a traité des peuples au cœur endurci ; même de ses nombreux fidèles il n’a pas eu pitié.

10. C’est ainsi qu’il fit avec les six cent mille Israélites qui s’étaient ligués contre lui par dureté de cœur. Il châtie et prend pitié, il frappe et il guérit : le Seigneur veille avec compassion et rigueur.

11. Un seul aurait eu la nuque raide, que son impunité aurait été surprenante, car dans le Seigneur, il y a miséricorde mais aussi colère : il pardonne avec magnificence, mais répand aussi sa fureur.

12. Telle sa miséricorde, telle sa sévérité : il jugera les hommes sur leurs actes.

13. Le pécheur ne s’échappera pas avec son butin, la patience de qui est religieux ne sera pas déçue.

14. Il sera tenu compte de toute action charitable, et chacun sera traité selon ses œuvres.

15. Le Seigneur a endurci Pharaon si bien qu’il ne le reconnut pas, afin que les actes divins soient manifestés sous le ciel.

16. À toute créature sa miséricorde se révèle, il a donné en partage aux fils d’Adam et sa lumière et les ténèbres.

17. Ne dis pas : « Je me cacherai du Seigneur : là-haut, qui se souviendra de moi ? Au milieu de la foule je ne serai pas reconnu : que suis-je dans l’immense création ? »

18. Car voici : le ciel et les cieux par-dessus le ciel, l’abîme et la terre seront ébranlés lors de sa visite. C’est par sa volonté que l’univers fut et qu’il se maintient.

19. Les montagnes aussi bien que les fondements de la terre seront saisis d’un même effroi sous son regard.

20. Mais le cœur ne réfléchit pas à tout cela. Qui prête attention à la manière dont Dieu agit ?

21. Comme la tempête que l’homme ne peut prévoir, la plupart des œuvres de Dieu sont tenues cachées.

22. Ne dis pas : « Les œuvres de sa justice, qui les annonce ? Et qui les attend ? Car elle est loin, l’Alliance, et l’examen de toute chose n’aura lieu qu’à la fin. »

23. C’est manquer de bon sens que penser ainsi ; l’homme égaré et stupide ne conçoit que des folies.

24. Écoute-moi, mon fils, et acquiers le savoir, applique ton cœur à ce que je dis.

25. Je te révélerai peu à peu ce que j’ai à t’apprendre, je te transmettrai le savoir avec exactitude.

26. Par un décret du Seigneur, ses œuvres existent dès l’origine ; dès leur création, il les a séparées pour les répartir.

27. Il a mis en ordre sa création pour toujours et réglé pour la suite des temps l’activité des astres : ils ne connaissent ni peine ni fatigue et n’interrompent jamais leur tâche.

28. Aucun ne heurte son voisin, et, jamais, ils n’enfreindront la parole divine.

29. Après cela, le Seigneur a regardé la terre et l’a comblée de ses bienfaits.

30. De toute espèce d’êtres vivants il en a couvert la surface, et c’est à la terre qu’ils retourneront.

Chapitre 17

1. Le Seigneur a créé l’homme en le tirant de la terre, et il l’a fait retourner à la terre.

2. Il a donné aux humains des jours comptés, un temps déterminé, il a remis en leur pouvoir ce qui est sur la terre.

3. Il les a revêtus d’une force pareille à la sienne, il les a faits à son image.

4. Il a mis en tout vivant la crainte de l’être humain, pour que celui-ci commande en maître aux bêtes sauvages et aux oiseaux.

5. Les humains ont reçu du Seigneur l’usage des cinq sens ; il leur a donné en partage un sixième sens, l’intelligence, et un septième, la parole, qui permet d’interpréter ses œuvres.

6. Aux humains il a donné du jugement, une langue, des yeux, des oreilles, et un cœur pour réfléchir.

7. Il les a remplis de savoir et d’intelligence, il leur a fait connaître le bien et le mal.

8. Il a posé son regard sur leur cœur, leur montrant la grandeur de ses œuvres ; il leur a donné de se glorifier à jamais de ses merveilles.

9. Ils raconteront la grandeur de ses œuvres,

10. ils célébreront le Nom très saint.

11. Il leur a aussi accordé le savoir, il leur a donné en héritage la loi de vie, afin qu’ils comprennent, dès maintenant, qu’ils sont mortels.

12. Il a établi avec eux une Alliance éternelle, et il leur a fait connaître ses jugements.

13. Leurs yeux ont vu la grandeur de sa gloire, leurs oreilles ont entendu la majesté de sa voix.

14. Il leur a dit : « Gardez-vous de toute injustice », et à chacun il a donné des commandements au sujet du prochain.

15. Leurs chemins sont toujours à découvert devant lui, ils n’échappent jamais à ses regards.

16. Leurs chemins les mènent au mal dès l’enfance, et, de leurs cœurs de pierre, ils ne peuvent faire des cœurs de chair.

17. Quand le Seigneur a réparti les peuples sur toute la terre, il a mis un chef à la tête de chaque nation, mais la part du Seigneur, c’est Israël ;

18. c’est son premier-né, qu’il nourrit et qu’il forme ; il lui donne en partage la lumière de l’amour et ne l’abandonne jamais.

19. Toutes les actions des hommes sont, devant Dieu, en plein soleil : il a constamment les yeux sur leur conduite.

20. Leurs injustices ne lui échappent pas, tous leurs péchés sont à découvert devant le Seigneur.

21. Mais le Seigneur est bon et connaît ses créatures, loin de les abandonner ou de les perdre, il les épargne.

22. L’aumône d’un homme est marquée d’un sceau devant Dieu qui veille sur une bonne action comme sur la prunelle de l’œil et accorde le repentir à ses fils et à ses filles.

23. À la fin il se lèvera et fera les comptes, il rendra à chacun ce qui lui revient.

24. À ceux qui se repentent, Dieu ouvre le chemin du retour ; il réconforte ceux qui manquent de persévérance.

25. Convertis-toi au Seigneur, et renonce à tes péchés ; mets-toi devant lui pour prier, et diminue tes occasions de chute.

26. Reviens vers le Très-Haut et détourne-toi de l’injustice, – c’est lui qui conduit des ténèbres à la lumière de la vie – ; les actions abominables, déteste-les.

27. Qui pourra célébrer le Très-Haut dans le séjour des morts, remplacer les vivants qui lui rendent gloire ?

28. La louange est enlevée au mort puisqu’il n’est plus ; c’est le vivant, le bien-portant, qui célébrera le Seigneur.

29. Qu’elle est grande, la miséricorde du Seigneur, qu’il est grand, son pardon pour ceux qui se convertissent à lui !

30. Les humains n’ont pas la toute-puissance car un fils d’homme n’est pas immortel.

31. Quoi de plus lumineux que le soleil ? Et pourtant il disparaît. À plus forte raison, celui qui médite le mal, l’être de chair et de sang.

32. Dieu passe en revue les astres dans les hauteurs du ciel, et, à plus forte raison, les humains qui sont tous terre et cendre.

Chapitre 18

1. Celui qui vit à jamais a créé l’univers entier.

2. Seul le Seigneur sera reconnu juste, il n’y en a pas d’autre que lui. Il tient le gouvernail du monde avec la paume de sa main, tout obéit à sa volonté, car, par sa puissance, il est roi de l’univers ; les choses saintes, il les sépare des profanes.

4. À personne, il n’a donné d’énumérer ses œuvres. Qui fera le tour de ses grandeurs ?

5. Qui mesurera la puissance de sa majesté ? Et qui pourrait raconter ses miséricordes ?

6. Rien à en retrancher, rien à y ajouter. On ne peut faire le tour des merveilles du Seigneur.

7. Quand l’homme a fini, c’est à peine s’il commence ; s’arrête-t-il, il mesure son indigence.

8. Qu’est-ce que l’homme, et à quoi est-il bon ? Quel sens a le bien qu’il fait, quel sens a le mal ?

9. La durée de sa vie est de cent ans tout au plus. Le moment du repos éternel est imprévisible pour chacun.

10. Une goutte d’eau dans la mer, un grain de sable : voilà ses courtes années face à l’éternité.

11. C’est pourquoi le Seigneur est patient avec les humains et répand sur eux sa miséricorde.

12. Il voit et sait combien leur fin est misérable ; c’est pourquoi il pardonne sans compter.

13. L’homme a pitié de son prochain ; le Seigneur, lui, a pitié de toute créature. Il corrige, il instruit, il enseigne ; comme un berger, il fait revenir son troupeau.

14. Il a pitié de ceux qui accueillent son enseignement et qui observent avec empressement ses décrets.

15. Mon fils, quand tu fais le bien, n’y joins pas le reproche, et quand tu donnes, n’ajoute pas des paroles amères.

16. La rosée ne rafraîchit-elle pas dans la chaleur brûlante ? De même, une parole peut faire plus de bien qu’un cadeau.

17. Ne vois-tu pas qu’une parole vaut mieux qu’un cadeau somptueux ? L’homme généreux unit l’une à l’autre.

18. Le sot montre sa mesquinerie par ses reproches, et le cadeau de l’envieux fait monter les larmes aux yeux.

19. Avant de parler, informe-toi ; avant d’être malade, soigne-toi.

20. Avant le jugement, fais ton examen de conscience : lors de la visite du Seigneur, tu trouveras le pardon.

21. Avant même de tomber malade, humilie-toi et, quand tu as péché, montre du repentir.

22. Ne manque pas d’accomplir tes vœux au moment fixé et n’attends pas la mort pour t’en acquitter.

23. Prends tes dispositions avant de faire un vœu, ne sois pas de ceux qui tentent le Seigneur ;

24. n’oublie pas la colère qui sévira au dernier jour, quand il châtiera en détournant sa face.

25. Au temps de l’abondance, souviens-toi du temps de famine ; aux jours de richesse, rappelle-toi la pauvreté et le dénuement.

26. Du matin au soir les situations changent, tout passe si vite devant le Seigneur.

27. Un homme sage est toujours sur ses gardes ; aux jours où le péché menace, il évite toute faute.

28. Quiconque est intelligent reconnaît la sagesse et rend hommage à celui qui l’a trouvée.

29. Ceux qui parlent avec intelligence sont eux-mêmes des sages ; ils répandent, comme une ondée, de justes proverbes. Mieux vaut faire confiance au Maître unique que s’attacher d’un cœur mort à ce qui est mort.

30. Ne te laisse pas entraîner par tes passions, et réfrène tes appétits.

31. Si tu donnes pleine satisfaction à tes désirs, tu feras de toi la risée de tes ennemis.

32. Ne mets pas ta joie dans une vie de plaisir, ne t’endette pas par de telles dépenses.

33. Ne tombe pas dans la misère à force d’emprunter pour courir les festins, quand tu n’as plus un sou en poche. Ce serait en vouloir à ta propre vie.

Chapitre 19

1. Un travailleur qui boit ne deviendra jamais riche ; celui qui néglige les petites choses peu à peu tombera.

2. Le vin et les femmes égarent même les hommes intelligents. Celui qui fréquente les prostituées perdra toute retenue ;

3. la pourriture et les vers s’empareront de lui, et sa témérité lui coûtera la vie.

4. Qui fait trop vite confiance est une tête légère ; qui commet un péché se fait tort à lui-même.

5. Celui qui trouve sa joie dans le mal sera condamné, mais celui qui domine ses plaisirs couronne sa propre vie.

6. Celui qui maîtrise sa langue vivra sans conflit ; qui déteste le bavardage se soustrait au mal.

7. Ne répète jamais les on-dit : tu n’y perdras rien.

8. Ne colporte de racontars ni devant ton ami ni devant ton ennemi, et ne révèle rien, sauf si ton silence te rendait complice.

9. Certes, on t’écouterait, mais on se méfierait de toi, et on en viendrait à te haïr.

10. As-tu entendu quelque chose ? Sois un tombeau ! Courage ! Tu ne vas pas éclater.

11. Pour une parole qu’il retient, voilà le sot dans les douleurs, comme une femme prête à accoucher !

12. Telle une flèche enfoncée dans la chair de la cuisse, la parole est insupportable aux entrailles d’un sot.

13. Questionne ton ami : peut-être n’a-t-il rien fait, et, s’il a fait quelque chose, il ne recommencera pas.

14. Questionne ton prochain : peut-être n’a-t-il rien dit, et, s’il a parlé, il ne le fera plus.

15. Questionne ton ami, car la calomnie est monnaie courante, et ne va pas croire tout ce que l’on dit.

16. On peut déraper bien malgré soi : qui n’a jamais péché par sa langue ?

17. Questionne ton prochain avant d’en venir aux menaces et tiens compte de la loi du Très-Haut, sans garder de ressentiment.

18. La faveur divine commence avec la crainte du Seigneur, et la sagesse gagne son affection.

19. Connaître les commandements du Seigneur est une leçon de vie ; ceux qui agissent pour lui plaire cueilleront les fruits de l’arbre d’immortalité.

20. Toute sagesse est crainte du Seigneur, toute sagesse comporte la pratique de sa Loi et la connaissance de son pouvoir souverain.

21. Le serviteur qui dit à son maître : « Je ne ferai pas ce qui te plaît », même s’il le fait ensuite, exaspère celui qui le nourrit.

22. La science du mal n’est pas sagesse, et le discernement n’est pas dans le conseil des pécheurs :

23. c’est du vice, et le vice est abominable ; qui manque de sagesse est toujours insensé ;

24. mieux vaut peu d’intelligence avec la crainte de Dieu qu’un esprit très subtil qui transgresse la Loi.

25. Il y a une habileté consommée qui est injustice ; certains recourent à l’intrigue pour faire valoir leur droit. Sage est celui qui rend de justes sentences.

26. Un tel marche, courbé dans le noir ; au fond de lui, il est plein de fausseté.

27. Il cache son visage et fait la sourde oreille ; s’il n’est pas démasqué, il prendra le pas sur toi.

28. S’il s’abstient de pécher, c’est par manque de force ; à la première occasion, il commettra le mal.

29. On reconnaît un homme à son aspect ; à l’expression du visage, on reconnaît quelqu’un d’avisé.

30. La manière dont quelqu’un s’habille, sa façon de rire et sa démarche révèlent ce qu’il est.

Chapitre 20

1. Certains reproches sont intempestifs ; certains silences dénotent quelqu’un d’intelligent.

2. Mieux vaut s’expliquer que rester en colère.

3. Qui avoue ses faiblesses évite d’être humilié.

4. Qui veut établir la justice par la violence est comme l’eunuque qui voudrait déflorer une jeune fille.

5. Tel se montre sage en gardant le silence, tel autre se rend odieux par son bavardage.

6. Tel garde le silence, car il n’a rien à répondre, tel autre, par sens de l’opportunité.

7. L’homme sage se tait jusqu’au moment opportun, que le sot, imbu de lui-même, laissera passer.

8. Qui parle trop se rend insupportable, qui se croit tout permis devient odieux. C’est bien de montrer du repentir après un blâme, tu éviteras ainsi de t’obstiner dans le mal.

9. D’un malheur on peut tirer profit, et une aubaine peut tourner au désastre.

10. Certains cadeaux sont offerts en pure perte, et d’autres te rapportent le double.

11. Parfois la gloire conduit à l’humiliation, et parfois d’humbles gens ont pu relever la tête.

12. Voici quelqu’un qui achète beaucoup pour pas cher, mais paie encore sept fois le prix.

13. Le sage se fait aimer pour ses seules paroles, mais les largesses des sots sont prodiguées en vain.

14. Le cadeau de l’insensé ne te profitera pas – pas plus que celui de l’envieux qui donne à contrecœur – car ses yeux attendent bien plus en retour.

15. Il donne peu et reproche beaucoup, il ouvre grand la bouche comme un crieur public, il prête aujourd’hui et demain redemande : quel homme détestable !

16. Le sot déclare : « Je n’ai pas d’ami, nul n’a de gratitude pour mes bienfaits ; ceux qui mangent mon pain sont mauvaises langues. »

17. Que de gens, si souvent, le tournent en ridicule ! Ce qu’il possède, il ne l’apprécie pas à sa juste valeur, comme de ne pas posséder le laisse indifférent.

18. Mieux vaut choir sur le pavé que déchoir par la langue ; ainsi la chute des méchants est-elle soudaine.

19. Un homme mal élevé est comme l’histoire malvenue que l’imbécile a toujours à la bouche.

20. Venant d’un sot le proverbe reste sans effet, car il n’est jamais dit à propos.

21. Tel est préservé du péché par son indigence, son repos n’est pas troublé par le remords.

22. Tel perd son âme par respect humain, et c’est par égard pour un insensé qu’il la perd.

23. Tel autre, par timidité, promet l’impossible à son ami et tout ce qu’il y gagne est de s’en faire un ennemi.

24. Le mensonge est une faute grave, l’imbécile l’a toujours à la bouche.

25. Mieux vaut être voleur que menteur invétéré, mais tous deux courent à leur perte.

26. Mentir par habitude est déshonorant, la honte du menteur lui colle à la peau.

27. Le sage, par ses discours, se fait apprécier, l’homme de bon sens est estimé des grands.

28. Celui qui travaille la terre voit son blé s’entasser, celui qui gagne l’estime des grands voit ses torts pardonnés.

29. Présents et cadeaux aveuglent les sages ; comme un bâillon ils étouffent les reproches.

30. Une sagesse cachée, un trésor enfoui : à quoi peuvent-ils servir l’un et l’autre ?

31. Mieux vaut cacher sa sottise que dissimuler sa sagesse.

32. Mieux vaut rechercher le Seigneur avec une persévérance obstinée que diriger sa vie en refusant tout maître.

Chapitre 21

1. Mon fils, tu as péché ? Ne recommence plus, mais demande pardon pour le passé.

2. Comme devant le serpent, fuis devant le péché, car si tu approches, il te mordra. Ses dents sont les dents d’un lion : elles arrachent la vie des hommes.

3. Toute transgression de la loi est une épée à deux tranchants, dont la blessure est inguérissable.

4. La folie des grandeurs et l’insolence dilapident une fortune ; c’est pourquoi la maison du prétentieux s’écroulera.

5. La prière du pauvre va droit de ses lèvres aux oreilles de Dieu : il ne tardera pas à faire justice.

6. Qui refuse les remarques suit les traces des pécheurs ; qui craint le Seigneur se convertit dans son cœur.

7. Le beau parleur se fait connaître partout, mais ses points faibles sont perçus par quelqu’un d’avisé.

8. Construire sa maison avec l’argent d’autrui, c’est amasser des pierres pour sa tombe.

9. Un groupe de gens sans loi est un paquet de filasse qui finira dans la flamme et le feu.

10. La route des pécheurs est plane, sans aucune pierre, mais l’abîme de la Mort est au bout.

11. Celui qui observe la Loi reste maître de ses pensées ; la crainte du Seigneur trouve sa perfection dans la sagesse.

12. Qui n’est pas habile n’apprend rien, mais il est une habileté qui déborde d’amertume.

13. La connaissance du sage est débordante : elle coule à flots, et ses conseils sont source de vie.

14. Le cerveau du sot est une cruche fêlée : il ne retient rien de ce qu’il apprend.

15. Une parole sage vient-elle aux oreilles de qui est instruit, il l’approuve et renchérit. Un débauché l’entend, elle lui déplaît et il la rejette loin derrière lui.

16. Les commentaires du sot sont un bagage pesant ; mais à la conversation de qui est sensé on trouve plaisir.

17. On cherche à entendre quelqu’un d’intelligent dans l’assemblée, et chacun médite en son cœur sur ce qu’il dit.

18. La sagesse que possède le sot est une maison en ruines, et le savoir d’un idiot n’est que propos incohérents.

19. L’instruction est une entrave aux pieds de l’imbécile ; elle est une chaîne à sa main droite.

20. Le sot ne peut rire sans élever la voix, l’homme avisé sourit discrètement.

21. L’instruction est une parure d’or sur qui a du bon sens ; elle est un bracelet à son bras droit.

22. Le sot entre dans les maisons d’un pas rapide, l’homme d’expérience se présente à l’entrée avec modestie.

23. Dès la porte, le rustre plonge le regard à l’intérieur, tandis que l’homme bien élevé reste dehors.

24. Écouter aux portes dénote un manque d’éducation, quelqu’un de sensé aurait honte à le faire.

25. Les lèvres des gens irréfléchis débitent des sottises, mais les paroles des personnes sensées sont pesées à la balance.

26. Les sots n’ont de cœur que leur bouche, mais les sages n’ont de bouche que leur cœur.

27. Quand un impie maudit son adversaire, il se maudit lui-même.

28. Le médisant se salit lui-même, et, de son entourage, il se fait détester.

Chapitre 22

1. Le paresseux ressemble à une pierre crottée, tous le persiflent à cause de son déshonneur.

2. Le paresseux ressemble à un tas de fumier : tous ceux qui en ramassent secouent la main.

3. Un fils mal élevé est la honte de son père ; la naissance d’une fille lui est un préjudice.

4. Une fille intelligente trouvera un mari, mais la dévergondée fait le désespoir de son père.

5. Une femme effrontée est une honte pour son père et son mari, ils la mépriseront, l’un et l’autre.

6. Une remontrance mal à propos est comme de la musique un jour de deuil, mais le fouet et la correction sont sagesse en tout temps.

7. Des enfants qui ne manquent de rien et se conduisent honnêtement font oublier la modeste origine de leurs parents.

8. Des enfants qui se targuent d’être méprisants et mal élevés ternissent la noble origine de leur famille.

9. Instruire un sot, c’est recoller des débris, c’est vouloir réveiller quelqu’un abruti de sommeil.

10. S’entretenir avec un sot, c’est parler à quelqu’un d’assoupi ; à la fin il demandera : « De quoi s’agit-il ? »

11. Pleure sur un mort : il est privé de lumière ; pleure sur un sot : il est privé d’intelligence. Mais pleure un peu moins sur le mort : il a trouvé le repos, alors que la vie du sot est pire que la mort.

12. Pour un mort, le deuil dure sept jours ; pour le sot et l’impie, tous les jours de leur vie.

13. Ne multiplie pas les entretiens avec un insensé, et ne va pas chez un idiot, car il est grossier et ne respectera rien de ce qui est à toi. Garde-toi de lui si tu ne veux pas avoir d’ennuis ni être éclaboussé par la fange où il se vautre. Détourne-toi de lui, tu auras la paix au lieu d’être exaspéré par sa bêtise.

14. Qu’y a-t-il de plus lourd que le plomb ? Et quel est son nom : n’est-ce pas « le fou » ?

15. Sac de sable, bloc de sel ou masse de fer sont un fardeau moins lourd qu’un insensé.

16. Une charpente de bois bien ajustée à une construction ne se laisse pas disloquer par un tremblement de terre ; de même, un cœur fixé dans le dessein qu’il a mûri ne se laisse pas ébranler au moment critique.

17. Un cœur qui s’appuie sur une réflexion intelligente tient bon, comme le crépi de mortier d’un mur sans défaut.

18. Une palissade posée sur une hauteur ne résiste pas au vent ; de même, un cœur lâche, nourri de sottes pensées, ne résiste pas à la peur.

19. Qui blesse l’œil fait couler des larmes ; qui blesse le cœur révèle les sentiments.

20. Qui jette une pierre à des oiseaux les fait fuir ; qui offense un ami brise l’amitié.

21. Si tu as brandi l’épée contre un ami, ne désespère pas : un retour est possible.

22. Si tu as eu des mots avec un ami, ne t’inquiète pas : la réconciliation est possible. Mais s’il s’agit d’injures, de mépris, d’un secret trahi ou d’un coup perfide, cela fera fuir n’importe quel ami.

23. Gagne la confiance de ton prochain tandis qu’il est pauvre pour qu’aux jours de son bonheur, avec lui, tu sois comblé ; au moment de la détresse, reste-lui fidèle : tu auras une part quand il héritera. Car il ne faut pas toujours mépriser l’apparence ni admirer un riche qui manque d’esprit.

24. Vapeurs et fumées précèdent l’incendie ; de même, les injures annoncent l’effusion de sang.

25. Je n’aurai pas honte de prendre la défense d’un ami ; je ne me détournerai pas de lui.

26. Mais s’il m’arrive du mal par sa faute, quiconque l’apprendra se gardera de lui.

27. Qui placera une garde à ma bouche et, sur mes lèvres, le sceau du discernement, pour que je ne tombe pas, que ma langue ne cause pas ma perte ?

Chapitre 23

1. Seigneur, Père et Maître de ma vie, ne permets pas qu’elles me fassent tomber.

2. Qui dressera mes pensées par le fouet et mon cœur par une discipline de sagesse, sans laisser passer mes erreurs ni fermer les yeux sur mes péchés ?

3. Sans quoi mes erreurs vont se multiplier, mes péchés abonder, je tomberai devant mes adversaires et mes ennemis s’en réjouiront, eux qui sont loin d’espérer en ta miséricorde.

4. Seigneur, Père et Dieu de ma vie, ne m’abandonne pas à leur caprice, ne laisse pas mes yeux être effrontés

5. et détourne de moi la convoitise.

6. Les désirs charnels et la dépravation, qu’ils n’aient pas prise sur moi ; ne me laisse pas céder à la débauche.

7. Mes enfants, apprenez comment on discipline sa langue : qui la surveille ne se laisse pas prendre en défaut.

8. Le pécheur sera pris au piège de ses propres lèvres, l’insolent et l’orgueilleux s’y empêtrent.

9. Ne prends pas l’habitude de faire des serments, ni de prononcer le nom du Dieu Saint.

10. De même que l’esclave harcelé et puni sans cesse garde la trace des coups, ainsi celui qui jure et invoque à tout propos le nom divin ne sera certainement pas purifié de son péché.

11. Qui multiplie les serments accumule les transgressions, et le fouet ne sortira pas de sa maison. S’il ne tient pas son serment, son péché sera sur lui ; s’il s’en moque, il pèche doublement ; s’il fait un faux serment, il n’aura pas de pardon, et sa maison sera accablée de malheurs.

12. Il y a un langage qui conduit à la mort : qu’il soit banni de l’héritage de Jacob ! Car ceux qui sont religieux doivent s’en abstenir et ne pas se vautrer dans le péché.

13. Ne prends pas l’habitude de dire des grossièretés, car elles font pécher en paroles.

14. Souviens-toi de ton père et de ta mère quand tu sièges parmi des grands, de peur de te laisser aller devant eux et de dire une insanité, par habitude. Tu en viendrais à regretter d’être né et à maudire le jour de ta naissance.

15. Un homme habitué à parler grossièrement ne se corrigera jamais.

16. Deux sortes d’individus multiplient les péchés, et une troisième attire la colère : celui dont la passion brûle comme un brasier – elle ne s’éteindra pas avant d’être assouvie ; puis, l’homme qui livre son corps à la débauche – il n’aura pas de repos avant d’être consumé par le feu :

17. pour ce débauché, toute pâture est délectable, il ne se calmera qu’une fois mort ;

18. et enfin, l’homme infidèle au lit conjugal ; il se dit en lui-même : « Qui me voit ? L’obscurité m’entoure, les murs me cachent. Personne ne m’observe : qu’ai-je à craindre ? De mes péchés, le Très-Haut ne gardera pas mémoire. »

19. Le regard des hommes, voilà sa terreur. Il ignore que les yeux du Seigneur sont mille fois plus lumineux que le soleil : ils observent tous les chemins des hommes et pénètrent les plus secrets recoins.

20. Toutes choses lui étaient connues, avant d’être créées ; elles le sont encore après leur achèvement.

21. L’adultère recevra son châtiment sur la place publique, pris sur le fait quand il ne s’y attendait pas.

22. Il en va de même pour la femme qui trompe son mari et lui donne un héritier conçu d’un autre homme.

23. Premièrement, elle a désobéi à la Loi du Très-Haut ; deuxièmement, elle a commis une faute contre son mari ; troisièmement, elle s’est débauchée dans l’adultère et elle a des enfants conçus d’un autre homme.

24. Elle sera traînée devant l’assemblée et l’on fera une enquête sur ses enfants.

25. Ils ne pourront prendre racine : ses branches ne porteront pas de fruit ;

26. son souvenir restera maudit et sa honte ne s’effacera pas.

27. Ceux qui restent le sauront : rien ne vaut la crainte du Seigneur et rien n’est plus doux que d’observer ses commandements.

28. Suivre le Seigneur, quelle gloire immense ! Être accueilli par lui, c’est pour toi longue vie.

Chapitre 24

1. La Sagesse divine proclame son propre éloge, au milieu de son peuple elle célèbre sa gloire.

2. Dans l’assemblée du Très-Haut elle prend la parole, devant le Dieu puissant elle se glorifie :

3. « Je suis sortie de la bouche du Très-Haut et, comme la brume, j’ai couvert la terre.

4. J’ai dressé ma tente dans les hauteurs du ciel, et la colonne de nuée était mon trône.

5. J’ai parcouru seule la voûte des cieux et me suis promenée dans le fond des abîmes.

6. Des flots de la mer, de la terre entière, de tout peuple et de toute nation j’ai fait mon domaine.

7. Parmi eux tous, j’ai cherché le lieu de mon repos, une part d’héritage où m’établir.

8. Le Créateur de toutes choses m’a donné un ordre, celui qui m’a créée a fixé ma demeure. Il m’a dit : “Viens demeurer parmi les fils de Jacob, reçois ta part d’héritage en Israël, enracine-toi dans le peuple élu.”

9. Dès le commencement, avant les siècles, il m’a créée, et pour les siècles je subsisterai ;

10. dans la demeure sainte, j’ai assuré mon service en sa présence. Ainsi, je me suis fixée dans Sion,

11. il m’a fait demeurer dans la cité bien-aimée, et dans Jérusalem j’exerce ma puissance.

12. Je me suis enracinée dans un peuple glorieux, dans le domaine du Seigneur, dans son héritage : j’habite au milieu de l’assemblée des saints.

13. Je me suis dressée comme un cèdre sur le Liban, un cyprès dans la montagne de l’Hermon.

14. Je me suis dressée comme un palmier à Enn-Guèdi, comme les plants de laurier-rose à Jéricho, comme un bel olivier dans la plaine ; comme un platane je me suis dressée.

15. Comme le cinnamome et l’acanthe aromatique j’ai donné mon parfum, comme une myrrhe précieuse j’ai exhalé mes senteurs, comme le galbanum, l’ambre et le storax, comme un nuage d’encens dans la tente de la Rencontre.

16. Comme un térébinthe j’ai déployé mes rameaux, rameaux de grâce et de gloire.

17. Comme une vigne, j’ai donné des sarments pleins de grâce et mes fleurs sont des fruits de gloire et de richesse.

18. Je suis la mère du bel amour, de la crainte de Dieu et de la connaissance et aussi de la sainte espérance. J’ai reçu toute grâce pour montrer le chemin et la vérité. En moi est toute espérance de vie et de force.

19. Venez à moi, vous qui me désirez, rassasiez-vous de mes fruits.

20. Mon souvenir est plus doux que le miel, mon héritage, plus doux qu’un rayon de miel. Mon souvenir demeure dans la suite des âges.

21. Ceux qui me mangent auront encore faim, ceux qui me boivent auront encore soif.

22. Celui qui m’obéit ne sera pas déçu. Ceux qui travaillent avec moi ne seront pas pécheurs. Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle. »

23. Tout cela, c’est le livre de l’alliance du Dieu Très-Haut, la Loi que Moïse nous a prescrite, héritage laissé aux assemblées de Jacob.

24. Continuez à vous affermir dans le Seigneur ; attachez-vous à lui afin qu’il vous fortifie. Le Seigneur souverain de l’univers est le Dieu unique ; il n’y a pas d’autre Sauveur que lui.

25. La Loi fait abonder la sagesse comme les eaux du Pishone, comme le fleuve Tigre au temps des fruits nouveaux ;

26. elle fait déborder l’intelligence comme l’Euphrate, comme le Jourdain au temps de la moisson.

27. Elle fait couler l’instruction comme le Nil, comme le Guihone au temps de la vendange.

28. De même que le premier n’a jamais fini de connaître la sagesse, de même le dernier n’a pas encore repéré sa trace.

29. Car sa pensée est vaste, plus que la mer, et son projet, plus profond que l’océan.

30. Quant à moi, j’étais comme un canal venu du fleuve, comme un aqueduc menant vers un paradis.

31. Je me suis dit : « J’arroserai mon jardin, je vais irriguer mon parterre. » Et voici que mon canal est devenu un fleuve, et mon fleuve, une mer !

32. Je vais encore faire luire l’instruction comme l’aurore et porter au loin sa lumière.

33. Je vais encore répandre la doctrine comme une prophétie et je la léguerai aux générations à venir.

34. Voyez : ce n’est pas pour moi seul que j’ai peiné, mais pour tous ceux qui cherchent la sagesse.

Chapitre 25

1. Il est trois choses dont mon âme est éprise et qui sont belles devant le Seigneur et devant les hommes : la concorde entre frères, l’amitié entre proches, une femme et un homme en parfaite harmonie.

2. Mais il est trois sortes de personnes que mon âme déteste et dont la manière de vivre m’irrite terriblement : le pauvre plein d’orgueil, le riche qui ment et le vieillard vicieux, dépourvu de bon sens.

3. Ce que tu n’as pas amassé dans ta jeunesse, comment le trouverais-tu dans ta vieillesse ?

4. Qu’il est beau, à l’âge des cheveux blancs, d’avoir du jugement et, dans la vieillesse, de savoir conseiller !

5. Qu’elle est belle, la sagesse des anciens, de même que la réflexion et le conseil, chez les gens vénérables !

6. La couronne des vieillards, c’est leur grande expérience ; leur fierté, c’est la crainte du Seigneur.

7. Il y a neuf choses qui me viennent à l’esprit, et qu’au fond de moi j’estime heureuses, et ma langue peut encore en nommer une dixième : un homme qui trouve sa joie dans ses enfants, celui qui voit, de son vivant, la ruine de ses ennemis ;

8. heureux aussi celui qui vit avec une femme intelligente, celui qui ne laboure pas avec un bœuf et un âne, celui qui n’a pas failli par sa langue, celui qui n’a pas servi un maître indigne de lui ;

9. heureux encore celui qui parvient au discernement, et celui qui sait intéresser son auditoire.

10. Qu’il est grand, enfin, celui qui a trouvé la sagesse ! Mais nul ne surpasse celui qui craint le Seigneur.

11. Car la crainte du Seigneur est au-dessus de tout ; celui qui la possède, à qui peut-on le comparer ?

12. L’amour du Seigneur commence avec la crainte ; l’attachement, avec la confiance.

13. Toutes les blessures, mais pas la blessure du cœur ! Toutes les méchancetés, mais pas la méchanceté d’une femme.

14. Tous les mauvais coups, mais pas les coups de ceux qui me haïssent ! Toutes les revanches, mais pas la revanche des ennemis.

15. Il n’est pire venin que le venin du serpent, il n’est pire fureur que la fureur d’une femme.

16. J’habiterais plus volontiers avec un lion ou un dragon qu’avec une femme mauvaise.

17. La méchanceté d’une femme altère ses traits, sa mine sombre lui donne l’air d’un ours.

18. Son mari va chez les voisins prendre ses repas et ne peut réprimer de profonds soupirs.

19. Toute malice est peu de chose à côté de la malice d’une femme : que tombe sur elle le sort des pécheurs !

20. Une montée sablonneuse sous les pas d’un vieillard : telle est la femme bavarde pour l’homme qui cherche le calme.

21. Par la beauté d’une femme, ne te laisse pas subjuguer ; ne convoite pas une femme.

22. Colère, impudence et grande honte quand la femme entretient son mari !

23. Cœur abattu, visage sombre, blessure du cœur, voilà la femme mauvaise ; les mains négligentes, le pas traînant, voilà celle qui ne rend pas heureux son mari.

24. C’est par une femme qu’a commencé le péché, et c’est à cause d’elle que nous mourons tous.

25. Ne laisse pas l’eau se répandre, ni une femme méchante parler sans frein.

26. Si elle ne marche pas au doigt et à l’œil, sépare-toi d’elle.

Chapitre 26

1. Heureux l’homme qui a une bonne épouse : le nombre de ses jours sera doublé.

2. La femme courageuse fait la joie de son mari : il possédera le bonheur tout au long de sa vie.

3. Une femme de valeur, voilà le bon parti, la part que le Seigneur donne à ceux qui le craignent ;

4. riches ou pauvres, ils ont le cœur joyeux, en toute circonstance leur visage est souriant.

5. Il y a trois choses que redoute mon cœur, et une quatrième m’épouvante : une calomnie qui court la ville, un attroupement de foule, une fausse accusation – tout cela est pire que la mort.

6. Mais c’est crève-cœur et affliction qu’une femme jalouse d’une rivale, sa langue est un fouet qui n’épargne personne.

7. Une femme mauvaise est comme un joug qui blesse les bœufs ; vouloir s’en rendre maître, c’est saisir un scorpion !

8. Une femme qui boit, c’est révoltant : elle ne pourra cacher son déshonneur.

9. L’impudeur d’une femme se lit dans ses yeux effrontés et se reconnaît au jeu de ses paupières.

10. Si ta fille est aventureuse, monte bonne garde, de peur qu’elle ne profite de la moindre occasion.

11. Sur ses regards aguicheurs exerce une surveillance, et ne t’étonne pas si elle te déshonore.

12. Comme le voyageur assoiffé ouvre la bouche et boit la première eau qui est à sa portée, elle s’assied devant chaque seuil, et à toute flèche elle ouvre son carquois.

13. La grâce de la femme enchante son mari, et ses talents lui donnent le bien-être.

14. Une femme qui sait se taire est un don du Seigneur. Rien ne vaut une femme préparée à sa tâche.

15. C’est la grâce des grâces qu’une femme discrète. Une âme qui se maîtrise est un trésor sans prix.

16. Un lever de soleil sur les montagnes du Seigneur : ainsi, la beauté d’une épouse parfaite est la lumière de sa maison.

17. Une lampe qui brille sur le chandelier saint, tel est un beau visage sur un corps bien formé.

18. Des colonnes d’or sur un socle d’argent, ainsi de belles jambes sur des talons solides.

19. Mon fils, préserve la fleur de ta jeunesse et ne gaspille pas ta force au-dehors.

20. Cherche dans toute la plaine un lot de bonne terre, sèmes-y ton grain, fais confiance à tes origines.

21. Ainsi, tes enfants après toi pourront avec fierté vanter leurs origines.

22. Une femme qui se laisse acheter ne vaut pas un crachat, alors que la femme fidèle à son mari est comme une tour : ceux qui s’y attaquent y trouvent la mort.

23. Une femme impie sera le partage du pécheur, la femme pieuse est donnée à celui qui craint le Seigneur.

24. Une femme impudique consume sa vie dans le déshonneur, la jeune femme pudique est réservée, même avec son mari.

25. Une femme provocante ne sera pas plus respectée qu’un chien, celle qui a de la modestie craindra le Seigneur.

26. Une femme qui honore son mari paraîtra sage aux yeux de tous, celle qui le méprise sera jugée impie pour son orgueil. Heureux l’homme qui a une bonne épouse : le nombre de ses années sera doublé.

27. Une femme criarde et bavarde est comme la trompette au milieu des batailles. Quiconque vit dans ces conditions passera sa vie dans les fracas de la guerre.

28. Il y a deux choses qui affligent mon cœur, et une troisième qui me met en colère : un soldat réduit à la misère, des hommes intelligents rejetés avec mépris, un homme qui délaisse la justice pour le péché ; celui-là, le Seigneur le destine à périr par l’épée.

29. Un négociant évitera difficilement les fautes, un commerçant ne saurait être sans péché.

Chapitre 27

1. Beaucoup pèchent par amour du profit ; qui cherche à s’enrichir ferme les yeux sur le mal.

2. Un clou s’enfonce dans la jointure des pierres, entre la vente et l’achat s’insinue le péché.

3. Qui ne s’attache vivement à la crainte du Seigneur, sa maison ne tardera pas à tomber en ruine.

4. Quand on secoue le tamis, il reste les déchets ; de même, les petits côtés d’un homme apparaissent dans ses propos.

5. Le four éprouve les vases du potier ; on juge l’homme en le faisant parler.

6. C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ; ainsi la parole fait connaître les sentiments.

7. Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé, c’est alors qu’on pourra le juger.

8. Si tu poursuis la justice, tu l’atteindras et t’en revêtiras comme d’un manteau de gloire.

9. Les oiseaux vont nicher auprès de leurs semblables, la vérité revient toujours vers ceux qui la pratiquent.

10. Le lion traque sa proie ; ainsi le péché traque ceux qui pratiquent l’injustice.

11. La conversation de qui est religieux, toujours, est sagesse, mais l’insensé change comme la lune.

12. Sois sur tes gardes avec des gens stupides, mais attarde-toi en compagnie de gens réfléchis.

13. La conversation des sots est agaçante : seuls débauche et péché les font rire.

14. Celui qui multiplie les jurons fait dresser les cheveux sur la tête ; quand il cherche querelle, on se bouche les oreilles.

15. La querelle des orgueilleux fera couler le sang : leurs invectives sont pénibles à entendre.

16. Qui trahit les secrets détruit la confiance, il ne trouvera plus d’ami selon son cœur.

17. Montre de l’affection à ton ami et sois-lui fidèle, mais, si tu trahis ses secrets, ne cours pas après lui :

18. aussi vrai que l’on perd un des siens quand il meurt, tu as perdu l’amitié de ton prochain.

19. Comme on laisse échapper un oiseau de sa main, tu as laissé partir ton prochain : tu ne le rattraperas jamais.

20. Ne le poursuis pas : il est déjà loin, il s’est enfui comme une gazelle s’échappe du filet.

21. Car une blessure se soigne, on se réconcilie après l’injure, mais pour qui trahit un secret, plus d’espoir !

22. Qui fait des clins d’œil prépare un mauvais coup, nul ne pourra l’en détourner.

23. En ta présence, il est tout miel, il s’extasie devant tes propos, mais par-derrière il change de langage et utilise tes paroles pour te faire chuter.

24. Je déteste bien des choses, mais rien autant que lui, et le Seigneur aussi le déteste.

25. Qui jette une pierre en l’air la jette sur sa tête, qui frappe en traître recevra le contrecoup.

26. Qui creuse une fosse y tombera, qui tend un piège y sera pris.

27. Qui fait le mal le verra se retourner contre lui, sans savoir d’où cela lui vient.

28. L’orgueilleux insulte et se moque, mais la vengeance, comme un lion, le traque.

29. Ils seront pris au piège, ceux que réjouit la chute des gens religieux, et la douleur les consumera dès avant leur mort.

30. Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître.

Chapitre 28

1. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés.

2. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis.

3. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ?

4. S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ?

5. Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ?

6. Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements.

7. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas.

8. Reste à l’écart des querelles, et tu pécheras moins, car un homme emporté attise les querelles.

9. Le pécheur sème le trouble entre les amis et jette la division parmi ceux qui vivent en paix.

10. Le feu brûle pour autant qu’on l’alimente, une querelle s’échauffe pour autant qu’on s’entête. La fureur d’un homme est à la mesure de sa force, et il gonfle sa colère en proportion de sa richesse.

11. Une dispute soudaine allume un feu, une querelle subite fait couler le sang.

12. Souffle sur une braise, elle s’enflamme, crache dessus, elle s’éteint ; l’un comme l’autre vient de ta bouche.

13. Maudits soient le diffamateur et la langue fourbe : ils ont perdu bien des gens qui vivaient en paix.

14. La langue calomniatrice en a fait tomber beaucoup et les a chassés de nation en nation ; elle a détruit des villes fortes et renversé la maison de gens puissants.

15. La langue calomniatrice a fait répudier des femmes courageuses, les privant du fruit de leurs travaux.

16. Celui qui l’écoute ne trouvera jamais de repos et ne pourra pas habiter en paix.

17. Un coup de fouet laisse une meurtrissure, un coup donné par la langue brise les os.

18. Beaucoup sont tombés sous le tranchant de l’épée, combien plus sont tombés victimes de la langue !

19. Heureux qui est à l’abri de ses atteintes, qui n’a pas été exposé à sa fureur, ni soumis à son joug, ni lié par ses chaînes.

20. Car son joug est un joug de fer et ses chaînes sont des chaînes de bronze.

21. La mort qu’elle inflige est une mort terrible, mieux vaut encore le séjour d’en-bas.

22. Mais elle n’a pas d’emprise sur les gens religieux, et sa flamme ne les brûlera pas.

23. Ceux qui abandonnent le Seigneur tomberont en son pouvoir : elle les consumera sans s’éteindre ; elle s’élancera sur eux comme un lion, comme une panthère, elle les déchirera.

24. Vois : tu entoures ton domaine d’une haie d’épines, tu mets sous clé ton argent et ton or,

25. eh bien, pèse aussi tes mots sur une balance et mets à ta bouche porte et verrou.

26. Prends garde que la langue ne te fasse trébucher, tu tomberais devant celui qui te guette.

Chapitre 29

1. C’est faire œuvre de miséricorde que prêter à son prochain ; lui venir en aide, c’est observer les commandements.

2. Prête à ton prochain quand il est dans le besoin, et restitue en temps voulu ce que tu as emprunté.

3. Tiens ta parole, sois loyal envers ton prochain, et tu trouveras toujours le nécessaire.

4. Beaucoup considèrent ce qu’on leur prête comme s’ils l’avaient trouvé et mettent en difficulté ceux qui les secourent.

5. Tant qu’on n’a pas reçu, on couvre de baisers les mains du prochain, et, pour ses richesses, on lui parle humblement. Mais, au moment de l’échéance, on traîne en longueur, on rembourse par des mots embarrassés, et l’on incrimine les circonstances.

6. Si l’on est solvable, on rend tout au plus la moitié, et le prêteur peut considérer cela comme une aubaine. Sinon, le voilà frustré de son bien ; il s’offre même le luxe d’un ennemi qui le rembourse en insultes et malédictions, le payant de mépris au lieu d’estime.

7. Beaucoup se refusent à prêter, non par méchanceté, mais par crainte d’être dépouillés pour rien.

8. Pourtant, laisse-toi toucher par le malheureux, ne lui fais pas attendre ton aumône.

9. Viens en aide au pauvre, comme il est prescrit : il est dans la misère, ne le renvoie pas les mains vides.

10. Pour un frère et un ami, sacrifie ton argent, plutôt que de le laisser rouiller dans ton coffre.

11. Investis ta fortune selon les commandements du Très-Haut : cela te rapportera plus que l’or.

12. Fais l’aumône, elle s’entassera dans tes greniers, elle te préservera de tout malheur.

13. Mieux qu’un solide bouclier, mieux qu’une lourde lance, elle te défendra contre l’ennemi.

14. L’homme de bien se porte caution pour son prochain, mais celui qui est sans scrupule l’abandonnera.

15. N’oublie pas les bienfaits de qui s’est porté garant : il s’est engagé en personne pour toi.

16. Le pécheur dilapide les biens de son garant ;

17. dans son ingratitude, il abandonne celui qui l’a sauvé.

18. Une caution a ruiné bien des gens prospères et les a secoués comme une mer démontée ; elle a contraint à l’exil des hommes puissants, qui ont erré parmi des nations étrangères.

19. Un pécheur qui, pour le profit, s’expose comme garant s’expose en fait aux poursuites judiciaires.

20. Viens en aide à ton prochain selon tes moyens, mais prends garde à ne pas t’exposer à la ruine.

21. L’essentiel dans la vie, c’est l’eau, le pain, le vêtement et une maison pour protéger son intimité.

22. Mieux vaut une existence de pauvre dans sa cabane que faire bonne chère chez les autres.

23. Que tu aies peu ou beaucoup, montre-toi content, et tu n’entendras pas le reproche d’être un étranger.

24. C’est une triste vie que d’aller de maison en maison, où tu restes un étranger et n’oses pas ouvrir la bouche.

25. Tu fais le service et présentes à boire sans qu’on te dise merci, et, en plus, tu entends des paroles dures :

26. « Viens ici, l’étranger, prépare la table ; et aussitôt prêt, donne-moi à manger !

27. Va-t’en, l’étranger, laisse ta place à quelqu’un d’honorable ! Mon frère vient me rendre visite, j’ai besoin de la maison. »

28. Il est pénible pour un homme qui se respecte de s’entendre rabrouer par son hôte et insulter par un créancier.

Chapitre 30

1. Qui aime son fils lui donne souvent le fouet, pour qu’il fasse, plus tard, sa joie.

2. Qui élève bien son fils en retirera des satisfactions ; devant ses relations, il en sera fier.

3. Qui instruit son fils rendra son ennemi jaloux et, devant ses amis, il aura de quoi se réjouir.

4. Qu’un tel père vienne à disparaître, c’est comme s’il n’était pas mort, car il laisse après lui quelqu’un qui lui ressemble.

5. Pendant sa vie, voir son fils était sa joie ; au moment de mourir, il n’aura pas de regret.

6. Il laisse quelqu’un pour le venger de ses ennemis, et rendre à ses amis leurs bienfaits.

7. Qui gâte son fils devra soigner ses blessures ; il sera bouleversé à chacun de ses cris.

8. Un cheval mal dressé devient rétif, et un fils à qui tout est permis n’en fait qu’à sa tête.

9. Cajole un enfant : il te consternera ! Plaisante avec lui : il te fera pleurer !

10. Ne ris pas avec lui si tu ne veux pas souffrir avec lui : tu finirais par grincer des dents.

11. Ne lui laisse pas d’indépendance durant sa jeunesse, et ne ferme pas les yeux sur ses sottises.

12. Fais-lui courber l’échine pendant sa jeunesse, donne-lui une correction tant qu’il est enfant ; sinon, il deviendra obstiné et ne t’obéira plus, il sera le chagrin de ta vie.

13. Éduque ton fils, forme-le, pour ne pas te heurter un jour à son insolence.

14. Mieux vaut un pauvre en bonne santé et de constitution robuste qu’un riche torturé par la maladie.

15. Santé et bonne constitution valent mieux que tout l’or du monde ; un corps vigoureux vaut mieux qu’une immense fortune.

16. Il n’est pas de richesse préférable à la santé du corps, ni de bien-être supérieur à la joie de vivre.

17. Mieux vaut la mort qu’une vie d’amertume, et le repos éternel qu’une maladie sans fin.

18. Des plats succulents devant une bouche sans appétit sont comme les aliments déposés sur une tombe.

19. Et qu’importe à l’idole une offrande, elle qui ne mange ni ne sent rien ? Tel est celui qui a de la fortune et ne peut en profiter :

20. il l’a sous les yeux et soupire, comme un eunuque étreint une jeune fille et soupire. Tel est celui qui veut établir la justice par la violence.

21. Ne te laisse pas aller à la tristesse, ne te tourmente pas pour tes projets.

22. La joie du cœur fait vivre l’homme, et la gaieté prolonge la durée de ses jours.

23. Divertis-toi, réconforte ton cœur, et chasse loin de toi la tristesse ; car la tristesse en a perdu beaucoup, elle ne sert à rien.

24. Jalousie et colère abrègent la vie, les soucis font vieillir avant l’heure.

25. Qui a le cœur joyeux a bon appétit, et ce qu’il mange lui profite.

Chapitre 31

1. La richesse provoque l’insomnie qui épuise le corps ; elle cause des soucis qui font perdre le sommeil.

2. Les soucis de l’existence empêchent de fermer l’œil, comme une maladie grave éloigne le sommeil.

3. Le riche s’est donné de la peine pour faire fortune, et, quand il s’arrête, il prend du bon temps.

4. Le pauvre s’est donné de la peine pour vivre de peu et, quand il s’arrête, il tombe dans la misère.

5. Qui aime l’or ne pourra rester juste, qui court après le gain se laisse fourvoyer.

6. Beaucoup sont tombés pour avoir aimé l’or ; leur perte était inévitable.

7. L’or est un piège pour ceux qui en font une idole ; l’insensé s’y fera prendre.

8. Heureux le riche qui fut trouvé sans reproche et n’a pas couru après l’or.

9. Qui est-il ? Nous le dirons bienheureux : parmi son peuple, il a fait des merveilles !

10. Qui donc fut jugé parfait dans l’épreuve ? À lui, la gloire pour toujours ! Qui donc pouvait pécher et n’a point péché, faire le mal, et ne l’a pas fait ?

11. Ses biens s’affermiront dans le Seigneur, et l’assemblée dira ses largesses.

12. Es-tu assis à une table somptueuse ? N’en reste pas la bouche ouverte et ne dis pas : « Eh bien, que de choses ! »

13. Souviens-toi que c’est mal d’avoir l’œil avide : y a-t-il créature plus avide que l’œil ? Voilà pourquoi il pleure à tout propos.

14. N’étends pas la main vers tout ce qu’il convoite, ne te jette pas aussi vite que lui sur le plat.

15. Pense à ton voisin autant qu’à toi ; agis en tout avec réflexion.

16. Mange ce qui t’est offert, en homme bien élevé ; ne mâche pas bruyamment : tu serais insupportable.

17. Par bonne éducation, arrête-toi avant les autres ; ne te montre pas vorace, de peur de choquer.

18. Et s’il y a beaucoup de monde à table, n’étends pas la main le premier.

19. Qu’il suffit de peu à l’homme bien éduqué ! Une fois couché, il n’a pas la respiration difficile.

20. Un estomac léger procure un sommeil réparateur ; on se lève le matin et on a l’esprit dispos. Mais les tourments de l’insomnie, les nausées et la colique attendent l’homme glouton.

21. Si tu as été forcé de trop manger, lève-toi, quitte la table et fais une pause.

22. Mon fils, écoute-moi sans ricaner : plus tard, tu comprendras mes paroles. Sois modéré en tout ce que tu fais, et tu ne tomberas jamais malade.

23. On bénit celui qui reçoit fastueusement, il justifie sa réputation de largesse.

24. Toute la ville dénigre celui qui reçoit chichement, il mérite sa réputation de pingre.

25. Avec le vin ne fais pas le brave, car le vin en a perdu beaucoup.

26. Comme à la forge on éprouve une lame quand on la trempe, le vin éprouve les cœurs quand des orgueilleux se querellent.

27. Pour les hommes, le vin, c’est la vie, tant qu’on le boit avec modération. Qu’est-ce qu’une vie où manque le vin ? Il a été créé pour la joie de l’homme.

28. Le vin est allégresse du cœur et joie de vivre pour qui le boit à son heure et avec mesure.

29. Le vin est amertume de l’âme pour qui le boit avec excès au point de s’exalter et de perdre l’équilibre.

30. L’ivresse décuple la fureur de l’insensé jusqu’au scandale, elle diminue sa force et lui attire des coups.

31. Ne provoque pas ton voisin au cours d’un banquet bien arrosé, ne te moque pas de lui quand il est joyeux, ne lui adresse pas des propos blessants et ne le harcèle pas de tes réclamations.

Chapitre 32

1. On t’a choisi pour présider un banquet ? Ne prends pas de grands airs. Sois un simple convive parmi les autres, occupe-toi d’eux, et alors seulement tu iras t’asseoir.

2. Quand tu auras rempli tout ton office, va prendre place afin de te réjouir avec eux et recevoir la couronne pour ta parfaite organisation.

3. Si tu es âgé, prends la parole, car cela te revient, mais mesure bien ce que tu dis, ne retarde pas la musique

4. et, pendant qu’on l’écoute, ne te répands pas en bavardages : n’étale pas ta sagesse à contretemps.

5. Une pierre de grenat enchâssée dans un bijou en or, tel est un concert dans un banquet bien arrosé.

6. Une émeraude enchâssée dans une monture d’or, tel est un air de musique sur un bon vin.

7. Si tu es jeune, ne prends la parole que si tu dois le faire, mais pas plus de deux fois, et seulement si on t’interroge.

8. Résume ton propos : en quelques mots on peut dire beaucoup ; montre-toi instruit et discret à la fois.

9. Avec de grands personnages, ne fais pas l’important ; quand un autre a la parole, ne bavarde pas.

10. Aussi sûr qu’un éclair devance le tonnerre, la faveur est d’avance acquise à une personne réservée.

11. Quand c’est l’heure, lève-toi, ne t’attarde pas, rentre chez toi sans flâner.

12. Là, tu pourras te divertir et faire ce qui te plaît, sans risque de pécher par vantardise.

13. Et, pour tout cela, bénis ton Créateur, lui qui t’enivre de ses biens.

14. Qui craint le Seigneur recevra son enseignement, ceux qui le cherchent dès l’aurore obtiendront sa faveur.

15. Qui scrute la Loi en sera comblé, mais l’hypocrite y trouvera une occasion de chute.

16. Ceux qui craignent le Seigneur découvriront ce qui est juste et feront briller leurs jugements comme la lumière.

17. Le pécheur n’accepte pas les remarques et trouve toujours à justifier ce qui lui plaît.

18. Un homme réfléchi ne néglige aucun avis, l’insolent et l’orgueilleux n’ont peur de rien.

19. Ne fais rien sans avoir réfléchi, et tu n’auras pas à regretter tes actes.

20. Le chemin accidenté, ne le prends pas, de peur de buter sur les pierres.

21. Ne te fie pas à un chemin uni,

22. et même avec tes enfants sois sur tes gardes.

23. En tous tes actes, fie-toi à ta conscience, car cela aussi est observance des commandements.

24. Qui se fie à la Loi est attentif aux commandements, qui met sa confiance dans le Seigneur ne connaîtra pas le déclin.

Chapitre 33

1. À celui qui craint le Seigneur il n’arrive aucun mal : de chaque épreuve il est délivré.

2. Un homme sage n’aura pas d’aversion pour la Loi, mais qui triche avec elle est comme une barque dans la tempête.

3. Celui qui est intelligent se fie à la Loi, la Loi est pour lui aussi digne de foi qu’un oracle divin.

4. Prépare ton discours, et tu te feras écouter, rassemble tes idées avant d’intervenir.

5. Le cœur du fou est une roue de chariot, et son raisonnement, un essieu qui tourne sur lui-même.

6. Un ami moqueur est comme un étalon : il se met à hennir quel que soit son cavalier.

7. Comment se fait-il qu’un jour soit plus important qu’un autre, alors que, toute l’année, la lumière des jours vient du soleil ?

8. C’est le Seigneur qui, dans sa science, les a faits différents ; il a diversifié les temps et les fêtes.

9. Il en a élevé et sanctifié certains ; les autres, il les a pris pour faire nombre.

10. De même, les hommes sont tous tirés du sol, et c’est de la terre qu’Adam a été créé ;

11. mais, dans son vaste savoir, le Seigneur les a distingués : à chacun il offre un chemin différent.

12. Il en est parmi eux qu’il a bénis et élevés, il en est qu’il a consacrés, et dont il a fait ses proches. Il en a maudit et abaissé d’autres, il les a rejetés de leur place.

13. Comme l’argile est dans la main du potier, qui la modèle à son gré, ainsi les hommes sont dans la main de leur Créateur qui les rétribue selon son jugement.

14. Face au mal, le bien ; face à la mort, la vie ; de même, face à l’homme religieux, le pécheur.

15. Considère ainsi toutes les œuvres du Très-Haut : elles vont deux par deux, l’une en face de l’autre.

16. Et moi, dernier venu, j’ai été vigilant comme le grappilleur qui passe après les vendangeurs ;

17. grâce à la bénédiction du Seigneur j’ai rattrapé le retard et, autant qu’un vendangeur, j’ai rempli le pressoir.

18. Comprenez-le bien : ce n’est pas pour moi seul que j’ai peiné, mais pour tous ceux qui recherchent la sagesse.

19. Écoutez-moi, grands de ce peuple, et vous qui présidez l’assemblée, prêtez l’oreille !

20. Ni à ton fils ni à ta femme, ni à ton frère ni à ton ami, ne donne pouvoir sur toi durant ta vie. Ne fais don de tes biens à personne : tu pourrais t’en repentir et devoir les redemander.

21. Aussi longtemps que tu vis et qu’il te reste un souffle, ne te livre pas au pouvoir d’un mortel.

22. Car il vaut mieux que tes enfants te sollicitent que de dépendre de tes fils.

23. De toutes tes affaires, garde le contrôle, ne laisse pas ternir ta réputation.

24. Et quand arrivera le dernier des jours de ta vie, quand viendra l’heure de ta mort, tu répartiras ton héritage.

25. Fourrage, bâton et fardeau, voilà pour l’âne ; pour le domestique : pain, discipline et travail.

26. Fais travailler ton serviteur, tu trouveras le repos ; laisse ses mains inoccupées, il cherchera la liberté.

27. La bride et le joug font plier la nuque ; pour le mauvais domestique : sévices et châtiments.

28. Mets-le au travail de peur qu’il ne devienne paresseux,

29. car la paresse enseigne bien des vices.

30. Tiens-le à l’ouvrage, selon ce qui lui convient, et s’il n’obéit pas, mets-lui des fers aux pieds ; mais ne dépasse la mesure avec personne, et ne fais rien sans discernement.

31. As-tu un domestique ? Qu’il soit comme un autre toi-même, puisque tu l’as acquis dans le sang. As-tu un domestique ? Traite-le comme un frère, puisque tu as besoin de lui comme de toi-même.

32. Si tu le maltraites et qu’il s’enfuie,

33. sur quel chemin iras-tu le chercher ?

Chapitre 34

1. Les espoirs vains et trompeurs sont le lot des hommes stupides, et les songes donnent des ailes aux insensés.

2. S’arrêter à des songes, autant saisir une ombre ou poursuivre le vent.

3. Ce que l’on voit en songe n’est qu’un simple reflet : au lieu d’un visage réel, le semblant d’un visage.

4. De l’impur, que peut-il sortir de pur ? Du mensonge, que peut-il sortir de vrai ?

5. Divinations, présages, songes, autant de balivernes : délires d’une femme qui accouche !

6. À moins qu’ils ne soient envoyés comme une visite du Très-Haut, n’y attache pas ton esprit.

7. Les songes ont égaré bien des gens et fait tomber ceux qui avaient mis en eux leur espoir.

8. Mais la Loi ne trompe pas, elle accomplit ce qu’elle promet, la sagesse d’une bouche sincère trouve son accomplissement.

9. Un homme qui a voyagé a beaucoup appris, celui qui a de l’expérience parle en connaissance de cause.

10. Qui n’a pas été mis à l’épreuve connaît peu,

11. mais qui a voyagé est plein de ressources.

12. J’ai vu beaucoup de choses durant mes voyages, j’en sais plus que je ne pourrais dire.

13. J’ai été maintes fois en danger de mort, j’en suis sorti sain et sauf, grâce à mon expérience.

14. Ceux qui craignent le Seigneur auront la vie,

15. car ils ont mis leur espérance en celui qui les sauve.

16. Qui craint le Seigneur n’a rien à redouter, il ne s’effraie de rien, car c’est lui son espérance.

17. Qu’elle est heureuse, l’âme qui craint le Seigneur !

18. Sur qui prend-elle appui ? Qui est son soutien ?

19. Ceux qui aiment le Seigneur, le Seigneur les regarde : il est bouclier puissant, appui solide, abri contre le vent brûlant et le soleil de midi, protection contre l’obstacle, secours qui préserve de la chute ;

20. il relève l’âme, illumine le regard, donne guérison, vie et bénédiction.

21. Offrir en sacrifice un bien mal acquis, c’est se moquer ;

22. les dons des gens sans loi ne sont pas agréés.

23. Le Très-Haut n’agrée pas les offrandes des impies ; ce n’est pas le nombre des sacrifices qui lui fait pardonner les péchés.

24. Offrir un sacrifice avec les biens du pauvre, c’est sacrifier le fils sous les yeux de son père.

25. La vie des indigents tient à un peu de pain : qui le leur enlève est un assassin.

26. C’est tuer son prochain que lui retirer la subsistance,

27. c’est verser le sang que priver l’ouvrier de son salaire.

28. L’un construit, l’autre démolit ; qu’ont-ils gagné, sinon des peines ?

29. L’un prie, l’autre maudit ; de qui le Maître écoutera-t-il la voix ?

30. Si quelqu’un se purifie après avoir touché un cadavre et le touche à nouveau, à quoi lui aura servi son ablution ?

31. Ainsi l’homme qui jeûne à cause de ses péchés, puis y retourne et recommence : qui écoutera sa prière ? À quoi lui aura servi sa pénitence ?

Chapitre 35

1. C’est présenter de multiples offrandes que d’observer la Loi ;

2. c’est offrir un sacrifice de paix que s’attacher aux commandements.

3. C’est apporter une offrande de fleur de farine que se montrer reconnaissant ;

4. c’est présenter un sacrifice de louange que faire l’aumône.

5. On obtient la bienveillance du Seigneur en se détournant du mal ; on offre un sacrifice d’expiation en se détournant de l’injustice.

6. Ne te présente pas devant le Seigneur les mains vides.

7. Accomplis tout cela car tel est son commandement.

8. L’offrande de l’homme juste est comme la graisse des sacrifices sur l’autel, son agréable odeur s’élève devant le Très-Haut.

9. Le sacrifice de l’homme juste est agréé par Dieu qui en gardera mémoire.

10. Rends gloire au Seigneur sans être regardant : ne retranche rien des prémices de ta récolte.

11. Chaque fois que tu fais un don, montre un visage joyeux ; consacre de bon cœur à Dieu le dixième de ce que tu gagnes.

12. Donne au Très-Haut selon ce qu’il te donne, et, sans être regardant, selon tes ressources.

13. Car le Seigneur est celui qui paye de retour ; il te rendra sept fois plus que tu n’as donné.

14. N’essaye pas de l’influencer par des présents, il ne les acceptera pas ;

15. ne mets pas ta confiance dans un sacrifice injuste. Car le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes.

16. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé.

17. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve.

18. Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues,

19. et son cri n’accuse-t-il pas celui qui la fait pleurer ?

20. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel.

21. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui,

22. ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice. Le Seigneur ne tardera pas, il restera impatient, jusqu’à ce qu’il ait brisé les reins des hommes sans pitié,

23. tiré vengeance des nations, supprimé la multitude des insolents et brisé le sceptre des injustes,

24. jusqu’à ce qu’il ait rendu à chacun selon ses œuvres et rétribué les actions des hommes selon leurs intentions,

25. jusqu’à ce qu’il ait jugé la cause de son peuple et qu’il l’ait comblé de joie par sa miséricorde.

26. Qu’elle sera bienvenue, sa miséricorde, au temps du malheur, comme les nuages de pluie au temps de la sécheresse !

Chapitre 36

1. Prends pitié de nous, Maître et Dieu de tout ;

2. répands la crainte sur toutes les nations.

3. Lève la main sur les pays étrangers, et qu’ils voient ta puissance !

4. À nos dépens, tu leur montras ta sainteté ; à leurs dépens, montre-nous ta grandeur.

5. Qu’ils l’apprennent, comme nous l’avons appris : il n’est pas de dieu hors de toi, Seigneur.

6. Renouvelle les prodiges, recommence les merveilles,

7. glorifie ta main et ton bras droit.

8. [Réveille ta colère, déverse ta fureur,

9. détruis l’adversaire, arrache l’ennemi.

10. Hâte le temps, rappelle-toi le terme, et que soient racontées tes merveilles !

11. Qu’un feu vengeur dévore le survivant, et que périssent les bourreaux de ton peuple !

12. Brise les têtes des princes ennemis qui disent : « Il n’est rien hors de nous ! »]

13. Rassemble les tribus de Jacob ;

16. comme aux premiers jours, donne-leur ton héritage.

17. Prends pitié du peuple porteur de ton nom, Israël qui est pour toi un premier-né.

18. Prends compassion de ta ville sainte, Jérusalem, le lieu de ton repos.

19. Remplis Sion de ta louange, et ton sanctuaire, de ta gloire.

20. Rends témoignage à tes créatures des premiers jours ; réveille les prophéties faites en ton nom.

21. Donne la récompense à ceux qui t’attendent ; que tes prophètes soient reconnus dignes de foi.

22. Écoute la prière de tes serviteurs, selon ta bienveillance à l’égard de ton peuple. Et tous, sur la terre, le sauront : tu es « Le Seigneur », le Dieu des siècles !

23. L’estomac absorbe toute sorte d’aliments, mais tel aliment est meilleur que l’autre.

24. Comme le palais reconnaît une viande faisandée, le cœur avisé reconnaît les paroles mensongères.

25. Un cœur pervers cause du chagrin, mais l’homme d’expérience saura lui rendre la pareille.

26. Une femme doit accepter n’importe quel mari, mais telle fille est préférable à telle autre.

27. La beauté d’une femme est joie pour les yeux ; il n’y a rien de plus désirable pour un homme.

28. Si elle a sur les lèvres douceur et bonté, son mari n’appartient plus au commun des mortels !

29. Pour qui prend femme, c’est déjà la fortune : elle est une aide semblable à lui, une colonne où s’appuyer.

30. Faute de clôture, un domaine est livré aux pillards ; faute d’avoir une femme, on erre à l’aventure en gémissant.

31. Qui ferait confiance à un agile escroc passant de ville en ville ? Il en va de même pour l’homme qui n’a pas de nid et qui s’arrête là où le soir le surprend.

Chapitre 37

1. Tous tes amis diront : « Moi aussi, je suis ton ami ! », mais tel n’est ami que de nom.

2. N’est-ce pas triste à mourir de voir un compagnon ou un ami se changer en ennemi ?

3. Ô mauvais penchant, d’où as-tu été tiré pour couvrir ainsi la terre de fourberie ?

4. Si l’ami n’est qu’un compagnon de plaisir, au temps de la fête, que vienne la détresse, il changera de camp.

5. Si l’ami a souffert de la faim avec son compagnon, au moment du combat, il prendra les armes avec lui.

6. Que ton cœur n’oublie jamais un ami, ne perds pas son souvenir si tu deviens riche.

7. Tout conseiller fait valoir son avis, mais il en est qui conseillent dans leur propre intérêt.

8. Méfie-toi d’un donneur de conseils, sache d’abord de quoi il a besoin, car il donne des conseils intéressés. Il pourrait jeter sur toi son dévolu

9. et te dire : « Tu es sur le bon chemin », puis il prendra ses distances pour voir ce qui t’arrive.

10. Ne consulte pas quelqu’un de sournois ; à ceux qui te jalousent cache ton projet.

11. Ne consulte pas non plus une femme sur sa rivale, un lâche sur la guerre, un négociant sur le taux de change, un acheteur sur une vente, un envieux sur la générosité, un homme sans cœur sur la bienfaisance, un paresseux sur quelque ouvrage que ce soit, un travailleur saisonnier sur l’achèvement de la moisson, un serviteur paresseux sur une grosse besogne. Pour un conseil, ne te fie à aucun de ces gens-là.

12. Mais adresse-toi toujours à un homme religieux, dont tu sais qu’il observe les commandements, qui a un cœur selon ton cœur et qui, si tu échoues, partagera ta souffrance.

13. Puis tiens-t’en au conseil de ton cœur, car personne ne t’est plus fidèle que lui.

14. Bien souvent, l’âme d’un homme l’avertit mieux que sept veilleurs en faction sur la hauteur.

15. Mais, par-dessus tout, supplie le Très-Haut de diriger tes pas dans la vérité.

16. Le point de départ de toute œuvre, c’est la réflexion ; toute entreprise est précédée d’un projet.

17. La racine des pensées, c’est le cœur ;

18. il en sort quatre rameaux : le bien et le mal, la vie et la mort ; et celle qui décide de tout, c’est la langue.

19. Tel homme est habile pour en instruire beaucoup, mais pour lui-même il n’est bon à rien.

20. Tel autre veut faire étalage de sagesse et se rend détestable, il finira par mourir de faim :

21. le Seigneur ne lui donne pas de plaire car il est dépourvu de toute sagesse.

22. Tel, enfin, est sage dans son cœur, et les fruits de son intelligence, dans sa bouche, sont dignes de foi.

23. C’est l’homme sage qui enseigne son peuple : les fruits de son intelligence sont dignes de foi !

24. L’homme sage est comblé de bénédictions ; tous ceux qui le voient le proclament heureux.

25. Les jours d’une vie humaine sont comptés, mais les jours d’Israël sont sans nombre.

26. Le sage, au milieu de son peuple, gagne la confiance, et son nom vivra à jamais.

27. Mon fils, sur ton mode de vie éprouve-toi toi-même, vois ce qui te fait du mal et ne te l’accorde pas.

28. Car tout ne convient pas à tous, et tous ne trouvent pas agrément à tout.

29. Ne sois pas insatiable des plaisirs de la table, et ne te précipite pas sur les plats,

30. car, à trop manger, on se rend malade et la gloutonnerie provoque des coliques.

31. Beaucoup même en sont morts, mais qui se modère prolonge sa vie.

Chapitre 38

1. Honore à sa juste valeur le médecin pour ses services : le Seigneur l’a créé, lui aussi.

2. C’est du Très-Haut, en effet, qu’il tient son art de guérir, et le roi lui-même lui fait des présents.

3. La science du médecin lui fait porter la tête haute, auprès des grands il est admiré.

4. Le Seigneur a créé les plantes médicinales, l’homme avisé ne les méprise pas.

5. Le bois n’a-t-il pas jadis adouci l’amertume des eaux, pour faire connaître par là sa vertu ?

6. Le Seigneur lui-même a donné la science à des hommes, pour qu’ils le glorifient dans ses merveilles.

7. Le médecin utilise les plantes pour soigner et ôter la douleur,

8. le pharmacien en fait des préparations. Ainsi l’œuvre de Dieu ne se termine pas : le bien-être qui vient de lui s’étend sur la face de la terre.

9. Mon fils, quand tu es malade, ne te décourage pas, mais prie le Seigneur, et lui te guérira.

10. Renonce à ta conduite mauvaise, agis avec droiture, et, de tout péché, purifie ton cœur.

11. Offre un encens d’agréable odeur et un mémorial de fleur de farine, présente une offrande généreuse, comme si c’était la dernière.

12. Puis fais venir le médecin : le Seigneur l’a créé, lui aussi ; qu’il ne s’écarte pas de toi, car tu as besoin de lui.

13. Il est des cas où le rétablissement passe par leurs mains :

14. eux aussi prieront le Seigneur pour qu’il leur donne le moyen de te soulager et la guérison qui te sauvera la vie.

15. Celui qui pèche à la face de son Créateur, qu’il tombe aux mains du médecin !

16. Mon fils, répands tes larmes sur un mort ; comme un malheureux déchiré de douleur, entonne sur lui un chant de deuil ; donne à son corps la sépulture qui lui est due et ne néglige pas sa tombe.

17. Pleure amèrement, frappe fort ta poitrine ; observe ce deuil comme il convient, un ou deux jours, pour éviter les calomnies ; et puis, console-toi de ta peine.

18. Car la tristesse hâte la mort, la tristesse du cœur abat les forces.

19. Tant que dure le deuil, la tristesse persiste : le cœur maudit une vie de misère.

20. Ne livre pas ton cœur à la tristesse, repousse-la : pense que la vie a une fin.

21. N’oublie pas qu’il n’y a pas de retour ; tu te ferais du tort à toi-même sans être utile au défunt.

22. « Rappelle-toi, dit-il, mon sort sera aussi le tien ; moi hier, toi aujourd’hui. »

23. Quand un mort repose, laisse aussi reposer sa mémoire ; console-toi de lui lorsqu’il a rendu l’âme.

24. La sagesse du scribe s’acquiert à la faveur du loisir ; pour devenir sage, il faut avoir peu d’affaires à mener.

25. Comment deviendrait-il sage, celui qui tient la charrue, qui met sa fierté à manier l’aiguillon comme une lance, qui mène ses bœufs, s’absorbe dans leurs travaux et ne parle que de son bétail ?

26. Il met son cœur à tracer des sillons et passe ses nuits à donner du fourrage aux génisses.

27. Il en va de même de l’artisan et du maître d’œuvre, qui sont occupés de jour comme de nuit ; de ceux qui gravent la pierre d’un anneau à cacheter et qui s’appliquent à en varier les motifs ; ils ont à cœur de reproduire le modèle et passent des nuits pour achever leur ouvrage.

28. Il en va de même du forgeron, toujours à son enclume ; il fixe son attention sur le fer qu’il travaille ; le souffle du feu fait fondre ses chairs, il se démène dans la chaleur du fourneau, le bruit du marteau lui casse les oreilles, ses yeux sont rivés sur le modèle de l’objet ; il met son cœur à parfaire son œuvre et passe des nuits à la rendre belle jusqu’à la perfection.

29. Il en va de même du potier, toujours à son ouvrage ; il actionne le tour avec ses pieds, il est en perpétuel souci de son travail et tous ses gestes sont comptés :

30. de ses mains il façonne l’argile, il la malaxe avec ses pieds, il met son cœur à parfaire le vernis, il passe des nuits à nettoyer le four.

31. Tous ces gens-là ont mis leur confiance dans leurs mains, et chacun possède la sagesse de son métier.

32. Sans eux on ne bâtirait pas de ville, on n’y habiterait pas, on n’y circulerait pas. Mais lors des délibérations publiques on ne va pas les chercher,

33. dans l’assemblée ils n’accèdent pas aux places d’honneur, ils ne siègent pas comme juges, ils ne comprennent pas les dispositions du droit. Ils n’exposent brillamment ni l’enseignement ni le droit, on ne les trouve pas méditant des paraboles.

34. Mais ils consolident la création originelle, et leur prière se rapporte aux travaux de leur métier.

Chapitre 39

1. il cherchera à connaître la sagesse de tous les anciens et se consacrera à la lecture des prophètes.

2. Il retiendra l’histoire des hommes célèbres, il pénètrera dans les détours des paraboles,

3. il cherchera le sens caché des proverbes, il retournera dans sa tête les énigmes des paraboles.

4. Il aura une place au service des grands, il se fera remarquer par les chefs, il voyagera dans les pays étrangers, car il a l’expérience du bien et du mal que font les hommes.

5. Il s’appliquera de tout son cœur à servir dès le matin le Seigneur qui l’a créé. Il présentera sa supplication devant le Très-Haut, il ouvrira la bouche pour la prière et il suppliera pour ses péchés.

6. Si le Seigneur souverain le veut, il sera rempli de l’esprit d’intelligence, il répandra comme une ondée ses paroles de sagesse, et dans la prière il rendra grâce au Seigneur.

7. Il suivra le droit chemin dans ses décisions comme dans son savoir, et il méditera sur les secrets de Dieu.

8. Il fera connaître l’enseignement qu’il a reçu et mettra sa fierté dans la loi de l’Alliance prescrite par le Seigneur.

9. Beaucoup feront l’éloge de son intelligence ; et jamais on ne l’oubliera. Son souvenir ne disparaîtra pas, son nom vivra de génération en génération.

10. Les nations raconteront sa sagesse, l’assemblée proclamera ses louanges.

11. S’il prolonge sa vie, son nom passe avant mille autres, et s’il meurt, son œuvre est accomplie.

12. Je veux encore faire part de mes réflexions, car j’en suis plein comme est pleine la lune.

13. Écoutez-moi, génération de saints : croissez comme la rose plantée au bord des eaux.

14. Comme le Liban, exhalez votre parfum, et fleurissez comme le lis. Élevez la voix, chantez ensemble, et bénissez le Seigneur en toutes ses œuvres.

15. Rapportez à son nom la grandeur ; rendez-lui grâce par la louange, par le chant de vos lèvres et vos cithares. Et vous direz pour rendre grâce :

16. « Les œuvres du Seigneur sont toutes très bonnes, [et chacun de ses ordres s’accomplira en son temps. »]

17. Il n’y a pas à demander : « Qu’est-ce que ceci ? Pourquoi cela ? », car toute chose vient à point en son temps. À sa parole, les eaux se sont figées ; par un mot de sa bouche, il a mis les eaux en réserve.

18. À son ordre, tout s’accomplit selon son bon plaisir, et nul ne peut freiner sa force de salut.

19. Les œuvres de tous les mortels sont devant lui, rien ne peut rester caché à ses yeux.

20. Son regard porte du début à la fin des temps ; il n’est rien qui puisse l’étonner.

21. Il n’y a pas à demander : « Qu’est-ce que ceci ? Pourquoi cela ? », car toute chose créée a son utilité.

22. La bénédiction du Seigneur est comme un fleuve qui déborde, comme un torrent qui abreuve la terre.

23. Mais les nations auront sa colère en partage, comme au jour où il transforma une terre arrosée en désert de sel.

24. Ses voies sont droites pour les fidèles, et pleines d’obstacles pour les gens sans loi.

25. Dès l’origine les choses bonnes ont été créées pour les bons, et les mauvaises pour les pécheurs.

26. Ce qui est de première nécessité pour la vie de l’homme, c’est l’eau, le feu, le fer, le sel, la fleur de farine de froment, le lait et le miel, le sang de la grappe, l’huile et le vêtement.

27. Toutes ces choses sont pour le bien de qui est religieux, mais se changent en mal pour les pécheurs.

28. Certains vents ont été créés pour punir et, dans leur fureur, ils multiplient leurs ravages. Au temps de la destruction, ils déversent leur violence et assouvissent la fureur de Celui qui les a faits.

29. Feu et grêle, famine et peste, tout cela a été créé pour punir.

30. Les dents des fauves, les scorpions, les vipères, l’épée vengeresse qui extermine les impies,

31. se réjouissent tous d’exécuter ses commandements ; ils sont sur la terre, prêts en cas de besoin, et le moment venu, ne désobéiront pas aux ordres.

32. Voilà pourquoi j’avais ma conviction depuis le début, j’ai réfléchi et j’ai écrit :

33. « Toutes les œuvres du Seigneur sont bonnes, il pourvoit à tout besoin quand il le faut. »

34. Il n’y a pas lieu de dire : « Ceci est pire que cela », car toute chose sera appréciée en son temps.

35. Et maintenant, chantez de tout votre cœur, à pleine voix, et bénissez le nom du Seigneur.

Chapitre 40

1. Une grande inquiétude est la part de tout homme, un joug pesant accable les fils d’Adam, depuis le jour où ils sortent du ventre de leur mère jusqu’au jour où ils retournent à la mère universelle.

2. L’objet de leurs réflexions, la crainte de leur cœur, c’est la pensée de ce qui les attend, c’est le jour de leur mort.

3. Depuis celui qui siège sur un trône de gloire jusqu’à celui qui est humilié sur la terre et la cendre,

4. depuis celui qui porte la pourpre et la couronne jusqu’à celui qui est vêtu d’étoffe grossière,

5. ce n’est que colère, jalousie, trouble, agitation, crainte de la mort, rancune et discorde. Et quand on prend du repos sur son lit, le sommeil de la nuit perturbe les idées :

6. à peine est-on assoupi, voilà qu’en rêve, comme de jour, on s’épuise et, troublé par des visions imaginaires, on se prend pour un fuyard échappé du combat.

7. Au moment de la délivrance on se réveille, tout étonné de sa vaine frayeur.

8. Ainsi en va-t-il pour toute chair, depuis l’homme jusqu’à la bête, et pour le pécheur sept fois plus encore :

9. peste, sang, querelle, épée, malheurs, famine, destruction et fléaux !

10. C’est contre les gens sans loi que tout cela a été créé, et c’est à cause d’eux que survint le déluge.

11. Tout ce qui vient de la terre retourne à la terre et ce qui vient des eaux fait retour à la mer.

12. Tout cadeau corrupteur part en fumée, mais la fidélité se maintient à jamais.

13. La fortune des escrocs s’épuisera comme un cours d’eau en été, elle n’est qu’un grand coup de tonnerre dans l’orage.

14. Aussi vrai qu’ils se sont réjouis de prendre à pleines mains, les corrompus iront à la ruine.

15. Les rejetons des impies ne donnent pas de rameaux, leurs racines impures ne trouveront que rochers arides.

16. Ou bien, comme le roseau qui prolifère au bord de l’eau, on les arrachera avant toute autre plante.

17. Mais la générosité est un jardin de bénédictions, et l’aumône demeure à jamais.

18. Celui qui se suffit à lui-même ou celui qui travaille a une vie agréable, mais plus encore celui qui trouve un trésor.

19. Avoir des enfants et fonder une ville, c’est perpétuer son nom, mais on estime plus encore la femme irréprochable.

20. Le vin et la musique réjouissent le cœur, mais plus encore l’amour de la sagesse.

21. La flûte et la harpe donnent du charme à la mélodie, mais plus encore une jolie voix.

22. Grâce et beauté sont le plaisir des yeux, mais plus encore la verdure des champs.

23. Amis et compagnons, c’est à propos qu’ils se retrouvent, mais plus encore la femme avec son mari.

24. Frères et protecteurs sont utiles aux mauvais jours, mais plus encore l’aumône qui délivre.

25. L’or et l’argent affermissent la démarche, mais on apprécie plus encore un bon conseil.

26. La richesse et la force donnent un cœur confiant, mais plus encore, la crainte du Seigneur. Avec la crainte du Seigneur, rien ne manque ; avec elle, nul besoin de chercher secours.

27. La crainte du Seigneur est un jardin de bénédiction, plus que toute gloire elle protège.

28. Ne vis pas de mendicité, mon fils, mieux vaut mourir que mendier !

29. L’homme qui regarde vers la table d’un autre, son existence n’est pas une vie. Il se souille avec la nourriture d’autrui, alors qu’un homme avisé, bien éduqué, s’en gardera.

30. À la bouche de celui qui n’a honte de rien, la nourriture mendiée est douce, mais elle brûlera ses entrailles.

Chapitre 41

1. Ô mort, quelle amertume, ta pensée pour l’homme qui vit paisible au milieu de ses biens, pour l’homme qui n’a pas de soucis, à qui tout réussit, qui est encore capable de faire bonne chère.

2. Ô mort, ta sentence est bonne pour l’homme dans le besoin, dont la force décline, pour un grand vieillard qui s’inquiète de tout, qui se révolte et perd patience.

3. Ne redoute pas la sentence de la mort : pense à ceux qui t’ont précédé, à ceux qui te suivront.

4. C’est la sentence du Seigneur pour tout être de chair : pourquoi refuser la volonté du Très-Haut ? Dix ans, cent ans ou mille ans : au séjour des morts, nul ne met en question la durée d’une vie.

5. Les enfants des pécheurs deviennent des enfants abominables, qui fréquentent la société des impies.

6. L’héritage des pécheurs se perdra, la honte s’attache à leurs descendants.

7. Un père impie sera blâmé par ses enfants : à cause de lui ils sont couverts de honte.

8. Malheur à vous, hommes impies, qui avez abandonné la loi du Dieu Très-Haut !

9. Quand vous vous multipliez, c’est pour la perdition, quand vous naissez, vous naissez pour la malédiction ; quand vous mourez, la malédiction est votre part.

10. Tout ce qui vient de la terre, à la terre s’en va ; ainsi s’en vont les impies, de la malédiction à la perdition.

11. Le deuil des hommes n’est que deuil du corps, mais pour les pécheurs, leur nom même, qui ne vaut rien, disparaîtra.

12. Prends soin de ton nom, car il te survivra plus que mille monceaux d’or.

13. Une belle vie, on peut en compter les jours, mais une bonne renommée demeure à jamais.

14. Mes enfants, gardez en paix mes instructions. Une sagesse cachée, un trésor enfoui : à quoi peuvent-ils servir l’un et l’autre ?

15. Mieux vaut cacher sa sottise que dissimuler sa sagesse.

16. Aussi, apprenez de ma bouche de quoi il faut avoir honte, car toute honte n’est pas bonne à entretenir et tous ne savent pas juger correctement de tout.

17. Ayez honte, devant père et mère, de la débauche, du mensonge, devant le chef et le puissant,

18. du délit, devant le juge et le magistrat, de la transgression de la loi, devant l’assemblée et le peuple, de la fourberie, devant l’associé et l’ami,

19. d’un vol, devant tout le voisinage. Face à la vérité de Dieu et à l’Alliance, tu dois avoir honte de garder tout le pain pour toi, de donner ou de recevoir avec mépris,

20. de ne pas répondre à ceux qui te saluent, d’arrêter ton regard sur une prostituée,

21. de te détourner d’un parent, d’enlever à autrui ce qui lui revient ou lui est offert, de dévisager une femme mariée,

22. d’être entreprenant avec sa servante – et surtout, n’approche pas de son lit ! Tu dois avoir honte d’insulter tes amis – n’insulte pas après avoir donné !

Chapitre 42

1. Tu dois avoir honte de répéter une confidence, ou de révéler des secrets. Alors, tu sauras vraiment ce qui doit te faire honte, et tu trouveras grâce devant tout le monde. Mais voici ce qui ne doit pas te faire honte ni pécher par respect humain :

2. observer la loi du Très-Haut et l’Alliance, juger l’impie selon le droit,

3. tenir des comptes avec un associé ou des gens de passage, faire profiter tes amis de ton héritage,

4. avoir balance et poids exacts, acquérir des biens grands ou petits,

5. faire du profit dans le commerce, corriger souvent tes enfants, et meurtrir les côtes d’un mauvais serviteur.

6. Si ta femme est malhonnête, il est bon d’avoir un cadenas ; et là où beaucoup de mains ont accès, mets les choses sous clef.

7. Compte et pèse ce que tu fournis, mets par écrit tout ce que tu donnes et reçois.

8. N’aie pas honte de corriger l’imbécile et le sot, ou le grand vieillard qui fait la morale aux jeunes. Alors, tu seras vraiment instruit et approuvé de tous.

9. Une fille est pour son père cause secrète d’insomnie, elle donne des soucis qui ôtent le sommeil : quand elle est jeune, elle risque de laisser passer son heure ; unie à un mari, elle risque de lui devenir odieuse ;

10. encore vierge, elle risque d’être déflorée et de devenir enceinte dans la maison paternelle ; une fois mariée, elle pourrait être infidèle, ou rester stérile après son union.

11. Si ta fille est aventureuse, monte bonne garde, de peur qu’elle ne fasse de toi la risée de tes ennemis, la fable de la ville, l’objet des commérages, et qu’elle ne te déshonore devant tout le monde.

12. Ne regarde personne pour sa beauté, et ne t’assieds pas au milieu des femmes.

13. Car les vêtements laissent échapper les mites, et la femme, une méchanceté de femme.

14. Mieux vaut la méchanceté d’un homme que les faveurs d’une femme ; une femme qui apporte le déshonneur expose à l’insulte.

15. Je vais rappeler les œuvres du Seigneur. Ce que j’ai vu, je vais le raconter : c’est par sa parole que le Seigneur a réalisé ses œuvres, tel fut son décret par sa bénédiction.

16. Comme le soleil, dans son éclat, regarde chaque chose, ainsi la gloire du Seigneur rayonne dans toute son œuvre.

17. Il est impossible aux anges, les saints du Seigneur, de décrire toutes les merveilles que le Seigneur souverain de l’univers fit inébranlables pour que l’univers soit affermi dans sa gloire.

18. Le Seigneur a scruté les abîmes et les cœurs, il a discerné leurs subtilités. Car le Très-Haut possède toute connaissance, il a observé les signes des temps,

19. faisant connaître le passé et l’avenir, et dévoilant les traces des choses cachées.

20. Aucune pensée ne lui a échappé, pas une parole ne lui a été cachée.

21. Il a organisé les chefs-d’œuvre de sa sagesse, lui qui existe depuis toujours et pour toujours ; rien n’y fut ajouté ni retranché : il n’a eu besoin d’aucun conseiller.

22. Comme toutes ses œuvres sont attirantes, jusqu’à la plus petite étincelle qu’on peut apercevoir !

23. Tout cela vit et demeure à jamais, remplit son office et lui obéit.

24. Tout va par deux, l’un correspond à l’autre, il n’a rien fait de défectueux,

25. il a confirmé l’excellence d’une chose par l’autre ; qui se rassasierait de contempler sa gloire ?

Chapitre 43

1. L’orgueil des hauteurs, c’est le firmament pur, le ciel qui se dévoile dans une vision de gloire.

2. Le soleil qui paraît proclame à son lever : « C’est chose admirable que l’œuvre du Très-Haut ! »

3. À son midi, il dessèche la terre. Devant son ardeur, qui pourrait tenir ?

4. On a beau activer la fournaise à la fonderie, le soleil embrase trois fois plus les montagnes. Il projette des vapeurs brûlantes et, quand il fait briller ses rayons, il éblouit les yeux.

5. Grand est le Seigneur qui l’a créé : sur son ordre, aussitôt il prend sa course.

6. La lune aussi, toujours fidèle à son rendez-vous, indique les époques et marque les temps.

7. C’est elle qui marque les fêtes, quand cet astre décroît après son plein.

8. Le mois lunaire lui doit son nom ; sa croissance, durant son cycle, est merveilleuse ; lampe au campement des armées célestes, elle resplendit au firmament du ciel.

9. L’éclat des astres fait la beauté du ciel, parure de lumière dans les hauteurs du Seigneur.

10. Ils se tiennent, selon son décret, aux ordres du Dieu Saint, ils ne se relâchent pas dans leurs veilles.

11. Regarde l’arc-en-ciel et bénis son créateur, tant il est beau dans son resplendissement :

12. il trace dans le ciel une courbe de gloire, les mains du Très-Haut l’ont tendu.

13. Le Très-Haut n’a qu’un ordre à donner pour que tombe la neige, il précipite les éclairs qui exécutent son décret.

14. Alors s’ouvrent les réservoirs célestes, et les nuages prennent leur envol comme des oiseaux.

15. Dans sa puissance, il durcit les nuages qui se pulvérisent en grêlons.

16. À sa vue, les montagnes chancellent ; quand il le veut, souffle le vent du sud,

17. la voix de son tonnerre invective la terre avec l’ouragan du nord et les cyclones. Il répand la neige comme un vol d’oiseaux qui se pose, elle descend comme les sauterelles s’abattent.

18. L’œil s’émerveille de l’éclat de sa blancheur, et l’esprit reste ébahi de la voir tomber.

19. Comme de sel il couvre la terre de givre, et le gel le transforme en pointes d’épines.

20. Le vent froid souffle du nord, et la glace se forme sur l’eau ; elle recouvre toute l’étendue des eaux, qu’elle revêt comme une cuirasse ;

21. et le vent dévore les montagnes, brûle le désert, il consume la verdure comme un feu.

22. À tout cela une brume soudaine porte remède ; la rosée se dépose après le vent brûlant et ramène la joie.

23. Selon son dessein, le Très-Haut a dompté l’abîme, il y a planté des îles.

24. Ceux qui naviguent sur la mer en décrivent les périls, nous n’en croyons pas nos oreilles.

25. Et là, ce sont choses étranges, merveilleuses, animaux de toute sorte et monstres marins de la création.

26. Celui que Dieu envoie y trouve son chemin : tout s’ordonne selon sa parole.

27. Nous parlerions longtemps sans en dire assez, un mot suffit : Il est le Tout.

28. Où trouver la force pour le glorifier ? Car il est le Grand, qui dépasse toutes ses œuvres.

29. Le Seigneur est redoutable et souverainement grand, sa puissance est merveilleuse.

30. Quand vous le glorifiez, exaltez le Seigneur autant que vous pouvez : il sera encore au-delà. Exaltez-le de toute votre force et ne vous découragez pas : vous ne sauriez en dire assez.

31. Qui l’a vu et pourrait le décrire ? Qui le magnifiera à la mesure de ce qu’il est ?

32. Il reste beaucoup de mystères plus grands que ceux-là, car nous ne voyons qu’une faible partie de ses œuvres.

33. Le Seigneur a créé toutes choses ; il donne la sagesse à qui est religieux.

Chapitre 44

1. Faisons l’éloge de ces hommes glorieux qui sont nos ancêtres.

2. Le Seigneur a créé la gloire à profusion ; il manifeste sa grandeur depuis toujours.

3. C’étaient des souverains de royaumes, des hommes renommés pour leur puissance, des conseillers clairvoyants, des messagers de prophéties,

4. des guides du peuple par leurs conseils, leur compétence à l’instruire et les sages paroles de leur enseignement.

5. Ils inventaient des chants mélodieux et mettaient par écrit des récits poétiques.

6. C’étaient des hommes riches et influents, qui vivaient, paisibles, dans leurs domaines.

7. Tous ceux-là ont connu la gloire en leur temps et, de leur vivant, ils ont été à l’honneur.

8. Il y en a, parmi eux, qui ont laissé un nom ; ainsi peut-on faire leur éloge.

9. Il y en a d’autres dont le souvenir s’est perdu ; ils sont morts, et c’est comme s’ils n’avaient jamais existé, c’est comme s’ils n’étaient jamais nés, et de même leurs enfants après eux.

10. Il n’en est pas ainsi des hommes de miséricorde, leurs œuvres de justice n’ont pas été oubliées.

11. Avec leur postérité se maintiendra le bel héritage que sont leurs descendants.

12. Leur postérité a persévéré dans les lois de l’Alliance, leurs enfants y sont restés fidèles grâce à eux.

13. Leur descendance subsistera toujours, jamais leur gloire ne sera effacée.

14. Leurs corps ont été ensevelis dans la paix, et leur nom reste vivant pour toutes les générations.

15. Les peuples raconteront leur sagesse, l’assemblée proclamera leurs louanges.

16. Hénok fut agréable au Seigneur qui l’a retiré de ce monde ; c’est un exemple pour que se convertissent toutes les générations.

17. Noé fut trouvé juste, parfait ; au temps de la colère, il a été l’instrument de la réconciliation. Grâce à lui, un reste fut épargné sur la terre, lorsque le déluge arriva.

18. Le Seigneur fit une alliance avec lui pour toujours : les vivants ne seraient plus anéantis par un déluge.

19. Abraham fut grand, d’une multitude de peuples il est le père, personne n’a jamais égalé sa gloire.

20. Il observa la loi du Très-Haut et entra dans son alliance. Il inscrivit cette alliance dans sa chair et, jusque dans l’épreuve, il a été trouvé fidèle.

21. Aussi Dieu lui a-t-il assuré par serment que les nations seraient bénies en sa descendance, qu’il le multiplierait autant que la poussière sur la terre, qu’il exalterait ses descendants comme les étoiles ; il leur donnerait un héritage allant de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’à l’extrémité de la terre.

22. À Isaac il donna la même assurance à cause de son père Abraham. La bénédiction pour tous les hommes et l’Alliance,

23. Dieu les a fait reposer sur la tête de Jacob ; il l’a confirmé dans ses bénédictions et lui a donné un héritage, qu’il a divisé en lots et partagé entre les douze tribus. De Jacob, Dieu fit sortir un homme de miséricorde, qui trouva grâce aux yeux de tous

Chapitre 45

1. et fut aimé de Dieu et des hommes : Moïse, dont la mémoire est en bénédiction.

2. Dieu lui a donné une gloire pareille à celle des anges, il l’a rendu grand, redouté de ses ennemis.

3. Par la parole de Moïse, il fit s’abattre des fléaux ; Dieu l’a glorifié à la face des rois, il lui a donné des commandements pour son peuple et lui a montré quelque chose de sa gloire.

4. Il l’a consacré pour sa fidélité et sa douceur et l’a choisi entre tous les vivants.

5. Il lui a fait entendre sa voix et l’a introduit dans la nuée obscure ; face à face, il lui a donné ses commandements, loi de vie et de savoir, pour enseigner l’Alliance à Jacob et ses décrets à Israël.

6. Aaron, Dieu l’a exalté, il en fit un saint comme Moïse, son frère, de la tribu de Lévi.

7. Il l’établit dans une alliance perpétuelle, faisant de lui le prêtre de son peuple ; il l’honora de splendides ornements et l’enveloppa d’une robe de gloire.

8. Il le revêtit d’une parure superbe et lui remit les insignes du pouvoir : longue tunique, éphod et caleçon de lin.

9. Il fixa au bord de son manteau grenades et clochettes d’or en grand nombre, qui devaient tinter quand il marchait et résonner dans le Temple, servant de mémorial pour les fils de son peuple.

10. Il l’entoura d’un vêtement sacré d’or, de pourpre violette et de pourpre rouge, œuvre d’un artisan brocheur ; il le revêtit du pectoral du jugement, oracle de vérité,

11. tissé de fils cramoisis, ouvrage d’un artiste, avec des pierres précieuses ciselées à la manière d’un sceau, serties dans une monture d’or, œuvre de lapidaire, et une inscription gravée pour servir de mémorial, selon le nombre des tribus d’Israël.

12. Il lui mit, par-dessus le turban, une couronne d’or gravée d’un sceau, marque de sa consécration ; insigne d’honneur, vrai chef-d’œuvre, cette parure attirait tous les regards.

13. Avant lui on n’avait rien vu d’aussi beau, et jamais un étranger ne pourrait revêtir ces ornements : ils sont réservés à ses fils et à ses descendants pour toujours.

14. Ses sacrifices se consumeront entièrement, deux fois par jour, à perpétuité.

15. Moïse lui a conféré l’investiture et donné l’onction avec l’huile sainte : c’est une alliance éternelle pour Aaron et pour sa descendance, tous les jours que durera le ciel, de servir Dieu, d’exercer le sacerdoce et de bénir le peuple par son nom.

16. Il a été choisi parmi tous les vivants pour présenter l’offrande au Seigneur, l’encens et le parfum en mémorial, et pour obtenir le pardon en faveur du peuple.

17. Le Seigneur lui a donné, dans ses commandements, autorité sur ses prescriptions et ses préceptes, pour enseigner à Jacob ses exigences et, par sa Loi, éclairer Israël.

18. Des étrangers à sa famille se soulevèrent contre Aaron et furent jaloux de lui au désert : les hommes de Datane et d’Abiram, et la bande de Coré, dans une colère furieuse.

19. Le Seigneur vit, et cela lui déplut ; il les extermina dans la fureur de sa colère ; il fit contre eux des prodiges, les dévorant par les flammes de son feu.

20. Il ajouta encore à la gloire d’Aaron et lui donna un héritage : il lui attribua comme part les prémices des récoltes et lui assura, en premier, le pain à satiété.

21. Les fils d’Aaron, en effet, ont pour nourriture les sacrifices offerts : le Seigneur les lui a donnés, ainsi qu’à sa descendance.

22. Par contre, il n’a pas d’héritage sur la terre de son peuple : dans son peuple, il n’y a aucune part pour lui, car le Seigneur lui a dit : « C’est moi, ta part et ton héritage »

23. Pinhas, fils d’Éléazar, est le troisième en gloire pour son zèle dans la crainte du Seigneur et parce qu’il a tenu bon, lors de la révolte du peuple, avec un noble courage ; c’est ainsi qu’il obtint le pardon pour Israël.

24. C’est pourquoi le Seigneur conclut avec lui une alliance de paix : il l’établit chef du sanctuaire et du peuple pour qu’à lui et à sa descendance appartienne à jamais la dignité de grand prêtre.

25. Certes, il y eut aussi une alliance avec David, fils de Jessé, de la tribu de Juda. Mais l’héritage d’un roi passe à un seul de ses fils, tandis que l’héritage d’Aaron est pour toute sa descendance.

26. Que le Seigneur mette la sagesse en votre cœur, fils d’Aaron, pour juger son peuple avec justice, afin que les vertus de vos ancêtres ne disparaissent pas et que leur gloire se maintienne d’âge en âge.

Chapitre 46

1. Josué, fils de Noun, fut un vaillant guerrier et succéda, comme prophète, à Moïse. Justifiant le nom qu’il portait, il se montra grand sauveur des élus du Seigneur : châtiant les ennemis dressés contre lui, il fit entrer Israël dans son héritage.

2. Qu’il était glorieux quand il levait les bras pour brandir l’épée contre les villes !

3. Qui donc, avant lui, avait eu cette fermeté ? Il mena lui-même les combats du Seigneur.

4. N’est-ce pas sa main qui arrêta le soleil et fit qu’un seul jour en devint deux ?

5. Il invoqua le Très-Haut, le Puissant, quand les ennemis le pressaient de toute part, et le souverain Seigneur l’exauça en lançant des grêlons d’une force terrible.

6. Il se précipita sur la nation ennemie et fit périr les adversaires dans la descente de Beth-Horone, pour faire connaître aux nations la force de ses armes et qu’il se battait au nom du Seigneur, car il marchait à la suite du Puissant.

7. Aux jours de Moïse déjà, il avait montré sa fidélité, – avec Caleb, fils de Yefounnè –, en tenant tête à l’assemblée, en détournant le peuple du péché et en apaisant les récriminations malveillantes.

8. Aussi, furent-ils épargnés tous les deux, seuls sur six cent mille hommes, pour faire entrer Israël dans son héritage, dans un pays ruisselant de lait et de miel.

9. Et le Seigneur donna à Caleb une vigueur qui lui resta jusque dans sa vieillesse, pour lui faire gravir les hauteurs d’un pays dont sa descendance conserva l’héritage.

10. C’est ainsi que tous les fils d’Israël virent combien il est bon de marcher à la suite du Seigneur.

11. Les Juges aussi ont laissé chacun leur nom : aucun n’a eu le cœur idolâtre, aucun ne s’est détourné du Seigneur. Que leur souvenir soit en bénédiction !

12. Du lieu où ils reposent, que leurs ossements refleurissent et que leur nom se renouvelle dans les fils de ces gens illustres !

13. Samuel fut aimé de son Seigneur. Comme prophète du Seigneur, il établit la royauté et donna l’onction aux chefs de son peuple.

14. Il fut juge dans l’assemblée selon la loi du Très-Haut, et le Seigneur a visité Jacob.

15. Par sa fidélité il s’est montré vrai prophète et, par ses oracles, il fut reconnu digne de foi dans ses visions.

16. Il invoqua le Seigneur, le Puissant, quand les ennemis le pressaient de toute part et il offrit un agneau de lait.

17. Le Seigneur tonna du haut du ciel et, dans un grand fracas, fit entendre sa voix ;

18. il extermina les chefs ennemis et tous les princes des Philistins.

19. Avant le moment du repos éternel, Samuel prit à témoin le Seigneur et celui à qui il avait donné l’onction ; il déclara : « Je n’ai jamais pris le bien de qui que ce soit, pas même une paire de sandales », et personne ne l’accusa.

20. Même après s’être endormi, il prophétisa encore pour annoncer au roi sa fin prochaine ; du sein de la terre, il éleva une voix prophétique afin que soit effacée la faute du peuple.

Chapitre 47

1. Après lui se leva Nathan, pour prophétiser aux jours de David.

2. Dans le sacrifice de communion, on met à part la graisse des animaux offerts à Dieu ; ainsi David a été mis à part entre les fils d’Israël.

3. Il a joué avec les lions comme si c’étaient des chevreaux, et avec les ours comme avec des agneaux.

4. N’était-il pas tout jeune quand il a tué le géant et supprimé la honte de son peuple, lorsqu’il lança la pierre de sa fronde et abattit l’arrogance de Goliath ?

5. Il invoqua le Seigneur Très-Haut qui a mis dans sa main la vigueur pour supprimer le puissant guerrier et pour exalter la force de son peuple.

6. C’est pourquoi on lui a fait gloire des dizaines de milliers qu’il a tués : on l’a célébré en bénissant le Seigneur quand on lui a donné la glorieuse couronne royale.

7. En effet, il a détruit les ennemis alentour, il a anéanti ses adversaires philistins, il a détruit leur force comme on le voit encore aujourd’hui.

8. Dans tout ce qu’il a fait, il a célébré la louange du Saint, du Très-Haut, en proclamant sa gloire. De tout son cœur, il a chanté les psaumes, il a aimé son Créateur.

9. Devant l’autel, il a placé des chantres, et leur voix rendit les mélodies plus douces ; chaque jour ils loueront Dieu par leurs chants.

10. Il a donné de l’éclat aux fêtes, il a donné une parfaite splendeur aux solennités, pour que le saint nom du Seigneur soit célébré, et que les chants retentissent dans le sanctuaire dès le matin.

11. Le Seigneur a enlevé les péchés de David, il a pour toujours exalté sa force, il a fondé sur lui l’Alliance avec sa dynastie, le trône de gloire d’Israël.

12. Après David se leva un fils plein de savoir ; grâce à son père, il vécut en toute tranquillité.

13. Salomon connut un règne paisible, et Dieu lui accorda la sécurité alentour, pour qu’il élève une maison consacrée à son nom et qu’il établisse un sanctuaire à jamais.

14. Comme tu étais sage dans ta jeunesse ! Tel un fleuve, tu débordais d’intelligence ;

15. ta pensée s’est répandue par toute la terre, que tu as remplie d’énigmes et de paraboles.

16. Ta renommée est parvenue jusqu’aux îles lointaines. Tu as été aimé parce que tu étais pacifique.

17. Tes chants, tes proverbes, tes paraboles et tes interprétations ont fait l’admiration du monde entier.

18. Au nom du Seigneur Dieu, celui qui est appelé le Dieu d’Israël, tu as amassé l’or, comme de l’étain et, comme du plomb, tu as accumulé l’argent.

19. Mais tu t’es vautré dans le plaisir avec les femmes et tu as été asservi dans ton corps.

20. Tu as terni ta gloire, tu as profané ta race, au point d’amener la colère sur tes enfants et provoquer des regrets par ta folie.

21. Ainsi la souveraineté fut partagée en deux et d’Éphraïm sortit un royaume rebelle.

22. Mais le Seigneur ne renonce pas à sa miséricorde, il ne détruit aucune de ses œuvres, il ne fait pas disparaître les descendants de son élu, il ne supprime pas la postérité de qui l’a aimé. À Jacob il a donné un reste, à David, un rejeton issu de lui.

23. Salomon reposa avec ses pères, laissant après lui, parmi sa descendance, le plus fou du peuple, un homme dénué d’intelligence, Roboam, qui, par sa décision, poussa le peuple à la révolte. Quant à Jéroboam, fils de Nebath, il fit pécher Israël ; c’est lui qui fit prendre à Éphraïm le chemin du péché.

24. Et tant se multiplièrent leurs péchés qu’ils furent déportés de leur pays.

25. Ils s’adonnèrent à tout ce qui est mal jusqu’à ce que vienne sur eux le châtiment.

Chapitre 48

1. Le prophète Élie surgit comme un feu, sa parole brûlait comme une torche.

2. Il fit venir la famine sur Israël, et, dans son ardeur, les réduisit à un petit nombre.

3. Par la parole du Seigneur, il retint les eaux du ciel, et à trois reprises il en fit descendre le feu.

4. Comme tu étais redoutable, Élie, dans tes prodiges ! Qui pourrait se glorifier d’être ton égal ?

5. Toi qui as réveillé un mort et, par la parole du Très-Haut, l’as fait revenir du séjour des morts ;

6. toi qui as précipité des rois vers leur perte, et jeté à bas de leur lit de glorieux personnages ;

7. toi qui as entendu au Sinaï des reproches, au mont Horeb des décrets de châtiment ;

8. toi qui as donné l’onction à des rois pour exercer la vengeance, et à des prophètes pour prendre ta succession ;

9. toi qui fus enlevé dans un tourbillon de feu par un char aux coursiers de feu ;

10. toi qui fus préparé pour la fin des temps, ainsi qu’il est écrit, afin d’apaiser la colère avant qu’elle n’éclate, afin de ramener le cœur des pères vers les fils et de rétablir les tribus de Jacob…

11. heureux ceux qui te verront, heureux ceux qui, dans l’amour, se seront endormis ; nous aussi, nous posséderons la vraie vie.

12. Quand Élie fut enveloppé dans le tourbillon, Élisée fut rempli de son esprit, et pendant toute sa vie aucun prince ne l’a intimidé, personne n’a pu le faire fléchir.

13. Rien ne lui résista, et, jusque dans la tombe, son corps manifesta son pouvoir de prophète.

14. Pendant sa vie, il a fait des prodiges ; après sa mort, des œuvres merveilleuses.

15. Malgré tout cela, le peuple ne se repentit pas et ne renonça pas à ses péchés, jusqu’à ce qu’il soit emmené captif hors de son pays et dispersé par toute la terre. Il ne resta qu’un peuple très peu nombreux, avec un prince de la maison de David.

16. Quelques-uns d’entre eux firent ce qui plaît au Seigneur, d’autres multiplièrent les péchés.

17. Ézékias fortifia sa capitale, il amena l’eau à l’intérieur de la ville ; il fit creuser à coups de pic un tunnel dans le roc et construire des réservoirs pour les eaux.

18. De son temps, Sennakérib monta l’attaquer et envoya contre lui Rabsakès, qui leva la main contre Sion et se montra d’une grande arrogance.

19. Alors le cœur et les mains des assiégés tremblèrent, ils souffraient les douleurs d’une femme en travail.

20. Ils invoquèrent le Seigneur, le Miséricordieux, et tendirent les mains vers lui ; et le Saint, du haut des cieux, les exauça aussitôt, il les délivra selon la parole d’Isaïe.

21. Il frappa le camp des Assyriens, son ange les extermina.

22. Car Ézékias avait fait ce qui plaît au Seigneur, il était resté ferme dans les voies de son père David, comme l’avait ordonné le grand prophète Isaïe, digne de foi dans ses visions.

23. En ses jours, le soleil recula pour prolonger la vie du roi.

24. Par la puissance de l’esprit, Isaïe vit les derniers temps et consola les affligés de Sion.

25. Il révéla ce qui arriverait jusqu’à la fin des temps et les choses cachées avant qu’elles n’adviennent.

Chapitre 49

1. Le souvenir de Josias est comme un mélange aromatique, préparé par les soins du parfumeur. Il est doux comme le miel dans la bouche, il est une musique dans un banquet bien arrosé.

2. C’est lui qui réussit à convertir le peuple, il supprima le culte abominable des idoles.

3. Il tourna son cœur vers le Seigneur et, dans ces temps d’abandon de la Loi, il raffermit la religion.

4. Hormis David, Ézékias et Josias, tous ne firent que faute sur faute. Ayant abandonné la loi du Très-Haut, les rois de Juda furent eux-mêmes abandonnés.

5. Ils durent céder leur pouvoir à d’autres, et leur gloire à une nation étrangère.

6. La ville élue, la ville du sanctuaire, fut incendiée, ses rues furent désertées,

7. selon la parole de Jérémie, qu’ils avaient maltraité, lui, le prophète consacré dès le sein de sa mère pour arracher, démolir et détruire, comme aussi pour bâtir et planter.

8. Ézékiel eut une vision de la Gloire : elle lui fut montrée sur le char des Kéroubim.

9. Il a prophétisé l’anéantissement des ennemis par des pluies torrentielles ; il a encouragé ceux qui suivent le droit chemin.

10. Quant aux douze prophètes, que refleurissent leurs ossements, depuis le lieu où ils reposent ! Ils ont consolé Jacob et l’ont racheté par leur fidélité à l’espérance.

11. Comment dire la grandeur de Zorobabel, lui qui fut comme l’anneau à cacheter, le sceau que l’on porte à la main droite ?

12. Ou encore Josué, fils de Josédeq ? En leur temps, ils rebâtirent la Maison de Dieu, ils relevèrent le Temple consacré au Seigneur et destiné à une gloire éternelle.

13. De même, Néhémie a laissé un souvenir éclatant, lui qui redressa nos murailles en ruines, rétablit portes et verrous et reconstruisit nos habitations.

14. Nul sur terre n’a été créé l’égal d’Hénok, lui qui fut enlevé de ce monde.

15. Et l’on n’a pas vu naître d’homme semblable à Joseph, chef de ses frères, soutien de son peuple ; ses ossements furent entourés d’honneurs.

16. Sem et Seth furent glorieux parmi les hommes, mais, dans la création, Adam surpasse tout être vivant.

Chapitre 50

1. C’est le grand prêtre Simon, fils d’Onias, qui, pendant sa vie, répara la Maison de Dieu et, de son temps, consolida le sanctuaire.

2. C’est lui qui posa les fondations du double mur pour servir de soubassement à l’enceinte du Temple.

3. De son temps fut creusé le réservoir des eaux, un bassin large comme une mer.

4. Soucieux de préserver son peuple de la destruction, il fortifia la ville en prévision d’un siège.

5. Qu’il était glorieux, entouré de son peuple, quand il sortait de derrière le voile du Sanctuaire !

6. Il était comme l’étoile du matin au milieu des nuages, comme la lune au moment de son plein,

7. comme le soleil resplendissant sur le temple du Très-Haut, comme l’arc-en-ciel qui illumine de gloire les nuages,

8. comme la rose en fleur aux jours du printemps, comme le lis près des sources d’eaux, comme les jeunes pousses du Liban aux jours de l’été,

9. comme l’encens qui brûle sur l’encensoir, comme un vase d’or massif tout orné de pierres précieuses,

10. comme l’olivier qui se couvre de fruits, comme le cyprès qui s’élève jusqu’aux nuages.

11. Quand il prenait sa robe de gloire et revêtait sa superbe parure, quand il montait au saint autel, il remplissait de gloire l’enceinte du sanctuaire.

12. Et quand, debout près du foyer de l’autel, il recevait, de la main des prêtres, les viandes immolées, ses frères autour de lui formaient une couronne, pareils à la ramure des cèdres du Liban ; ils l’entouraient comme des tiges de palmiers.

13. Tous les fils d’Aaron, dans leur gloire, tenaient en mains l’offrande du Seigneur devant toute l’assemblée d’Israël.

14. Le grand prêtre accomplissait à l’autel les fonctions liturgiques et disposait l’offrande du Très-Haut, souverain de l’univers.

15. Il étendait la main sur la coupe et versait la libation du sang de la grappe, il la répandait à la base de l’autel, comme un parfum d’agréable odeur pour le Très-Haut, le Roi suprême.

16. Alors les fils d’Aaron poussaient des acclamations, ils sonnaient de leurs trompettes d’argent, ils faisaient entendre un son puissant en mémorial devant le Très-Haut.

17. Alors tout le peuple, d’un même élan, se jetait aussitôt face contre terre pour se prosterner devant son Seigneur, devant le Souverain de l’univers, le Dieu Très-Haut.

18. Et les chantres le louaient de toute leur voix, harmonieuse mélodie dans la clameur immense.

19. Le peuple suppliait le Seigneur Très-Haut, il se tenait en prière devant le Miséricordieux, jusqu’à ce que soit terminé le service du Seigneur et que s’achève la liturgie.

20. Alors le grand prêtre redescendait, il levait les mains sur toute l’assemblée des fils d’Israël pour donner lui-même la bénédiction du Seigneur et avoir l’honneur de prononcer son nom.

21. Une seconde fois, le peuple se prosternait pour recevoir la bénédiction du Très-Haut.

22. Et maintenant, bénissez le Dieu de l’univers : partout il fait de grandes choses, il nous fait croître dès le sein maternel, il agit envers nous selon sa miséricorde.

23. Qu’il nous accorde la joie du cœur, que la paix règne en Israël, aujourd’hui et pour toujours.

24. Que sa miséricorde nous soit fidèle et qu’il nous délivre tout au long de notre vie.

25. Il y a deux nations que mon âme déteste, et la troisième n’est pas une nation :

26. les habitants de la montagne de Séïr, les Philistins, et le peuple fou qui habite à Sichem.

27. Cet enseignement, plein d’intelligence et de savoir, a été gravé dans ce livre par Jésus, fils de Sira, fils d’Éléazar, de Jérusalem, qui a répandu comme une ondée la sagesse de son cœur.

28. Heureux qui reviendra toujours à ces paroles ! Celui qui les place en son cœur deviendra sage.

29. S’il les met en pratique, il sera fort en toute circonstance, car la lumière du Seigneur sera son sentier : Dieu donne la sagesse à qui est religieux. Béni soit le Seigneur pour toujours ! Amen ! Amen !

Chapitre 51

1. Je veux te rendre grâce, Seigneur mon roi, je te louerai, Dieu mon sauveur. Je rends grâce à ton nom :

2. tu as été pour moi un défenseur et un soutien. Tu as délivré mon corps de la perdition, du piège de la calomnie et des lèvres menteuses. Face à mes adversaires, tu as été mon soutien.

3. Par la grandeur de ta miséricorde et de ton nom, tu m’as délivré des mâchoires qui allaient me dévorer, des mains qui menaçaient ma vie, de tourments innombrables,

4. du bûcher qui me suffoquait de toutes parts ; tu m’as délivré d’un feu que je n’avais pas allumé,

5. du gouffre profond de la Mort, de la langue impure et de la parole mensongère,

6. lorsqu’une langue injuste me calomniait auprès du roi. J’étais arrivé tout près de la mort, ma vie était descendue au seuil du séjour des morts.

7. On m’assiégeait de tous côtés : aucun homme pour me secourir. Je regardais si quelqu’un me viendrait en aide, mais il n’y avait personne.

8. Alors je me suis rappelé ta miséricorde, Seigneur, et ta bienfaisance éternelle : tu retires de la peine ceux qui t’attendent, tu les sauves de la main des ennemis.

9. De la terre j’ai fait monter ma supplication, j’ai prié pour être arraché à la mort.

10. J’ai invoqué le Seigneur, Père de mon Seigneur, pour qu’au jour de détresse il ne m’abandonne pas, livré sans défense au pouvoir des orgueilleux.

11. Sans me lasser, je louerai ton nom, je te chanterai dans l’action de grâce. Ma prière a été exaucée :

12. tu m’as sauvé de la perdition, tu m’as tiré du malheur. C’est pourquoi je veux te rendre grâce et te louer, je bénirai le nom du Seigneur.

13. Quand j’étais encore jeune et que je n’avais pas erré çà et là, aux yeux de tous j’ai cherché la Sagesse dans ma prière.

14. Devant le Temple, je priais pour la recevoir, et jusqu’au bout je la rechercherai.

15. Depuis la fleur jusqu’à la maturité de la grappe, elle a été la joie de mon cœur. Mon pied s’est avancé sur le droit chemin ; depuis ma jeunesse, je marchais sur ses traces.

16. Il m’a suffi de tendre un peu l’oreille pour la recevoir, et j’y ai trouvé de grandes leçons.

17. Grâce à elle, j’ai progressé ; je rendrai gloire à celui qui me donne la Sagesse.

18. J’ai résolu de la mettre en pratique, ardemment j’ai désiré le bien, et jamais je n’aurai à le regretter.

19. Pour elle, j’ai vaillamment combattu, j’ai mis, à pratiquer la Loi, beaucoup d’exactitude. J’ai levé mes mains vers le ciel, j’ai déploré de la connaître si mal.

20. J’ai dirigé mon âme vers elle, c’est dans la pureté que je l’ai trouvée. Avec elle, dès le commencement, j’ai trouvé l’intelligence, c’est pourquoi je ne serai jamais abandonné.

21. Bouleversé jusqu’au fond de moi-même, je l’ai recherchée ; c’est pourquoi j’ai obtenu un bien excellent.

22. En récompense, le Seigneur m’a donné une langue avec laquelle je le louerai.

23. Approchez-vous de moi, vous qui n’avez pas d’instruction, prenez place dans mon école.

24. Pourquoi dire que vous manquez de sagesse, pourquoi vos âmes ont-elles si grande soif ?

25. J’ouvre la bouche et déclare : « Faites-en l’acquisition sans rien payer ;

26. placez votre cou sous le joug, et recevez l’instruction. » On la trouve tout près de soi.

27. Constatez-le de vos yeux : en prenant peu de peine, j’ai trouvé beaucoup de repos.

28. Accédez à l’instruction à grand prix d’argent : vous en retirerez beaucoup d’or.

29. Que votre âme trouve sa joie dans la miséricorde du Seigneur, n’ayez pas de honte à le louer.

30. Accomplissez votre œuvre avant le temps fixé, et il vous donnera la récompense en son temps.